Un bateau mythique
Lors de son lancement en 1999, ce plan Finot était un condensé d'innovations. Mât aile pivotant, quille pendulaire de 3,2 t, barre d'écoute de GV circulaire jusqu'aux cadènes de mât, safrans relevables et interchangeables. Avec ce 60 pieds novateur, Michel Desjoyeaux s'impose sur le Vendée Globe 2000 en 93 jours. Il remportera de nouveau la course autour du monde entre les mains de Vincent Riou, avec un temps de 87 jours. Il passe ensuite aux couleurs de Roxy, sera skippé par Anne Liardet puis Samantha Davis.
En 2011, il est devenu la propriété d'un citoyen polonais, qui l'amarre dans la marina du Château à Brest. Il ne va plus quitter son ponton pendant 13 ans.
Un bateau abandonné, mais une place de port payée
Cette légende de la course au large débute alors son chemin de croix. Délaissé, le bateau reste au port et n'est plus entretenu. Mais les redevances portuaires continuent d'être réglées.
Plusieurs marins tentent alors d'entamer une négociation pour le racheter, sans succès.
C'est alors que Kieran, skipper de Class40, trouve un compromis sur ce bateau qui le fait rêver :
"Je suis brestois, et ça fait déjà quelques années que je vois ce bateau abandonné. C'est un projet et un bateau qui me faisait rêver depuis que j'étais enfant. Ça me faisait mal au cœur de le voir comme ça. Le projet a muri tout doucement, plusieurs personnes ont tenté de le racheter, mais sans succès.
Il fait partie du patrimoine de la course au large. Nous devions le sauver.
J'ai rencontré plusieurs personnes qui ont bien voulu se greffer au projet. Il a fallu user de détermination avec le propriétaire pour trouver un deal équitable."
Un gros projet de remise en état
Après 13 années sans carénage, cette gloire déchue a besoin d'attention :
"L'objectif principal était de le sortir de l'eau rapidement. On va le faire cette mi-juin 2024, puis on va le mettre en exposition aux fêtes maritimes de Brest qui se déroulent autour du 14 juillet 2024, afin d'informer les visiteurs que le bateau va renaître. On va ensuite se mettre en tête de chercher du financement et du matériel."
Et le chantier s'annonce long et complexe. Car après toutes ces années d'abandon, le bateau a été dépouillé de son accastillage.
"On n'était pas à l'abri que le mât tombe. Le gréement dormant est mort, tout comme les voiles, le courant, et il manque beaucoup d'éléments à bord. La quille pivotante va surement nous réserver quelques surprises au moment de la sortie d'eau. Mais nous allons faire en sorte de conserver tout ce qui peut être réutilisé.
L'objectif est de créer une vraie dynamique autour du bateau, autour de la course au large et des Brestois. Je voudrais prendre le départ de la prochaine Route du Rhum en classe Mono, ce serait une belle symbolique."
