Un petit timonier conçu pour la pêche
L'Esteou 630 est un timonier conçu et fabriqué par le chantier Jeanneau. Lancé en 1980, sa production a été stoppée en 1993, après 1400 unités vendues. Très prisé par les pêcheurs, simple et maniable, il a été décliné en 5 tailles, comprises entre 4,8 m et 8,3 m.
Basé dans les Bouches du Rhône, notre Esteou 630 a perdu sa splendeur d'antan. Délaissé, manquant d'entretien, il ne navigue plus depuis plusieurs années. La coque est osmosée, l'équipement du bord est hors service, et sa carène est colonisée par les algues. Plutôt que d'occuper inutilement une place de port, la décision de le faire déconstruire est prise.
Une fin de vie dans le respect des règles et de l'environnement
Par le passé, il n'était pas rare que de tels bateaux soient coulés volontairement au large ou au fond d'un port. Ou grutés et balancés sans ménagement dans des terrains vagues. La procédure de récupération initiée par l'APER a le mérite d'éviter ce genre de comportement.
Une fois le dossier de déconstruction validé par l'APER, notre Esteou, privé de propulsion, est gruté sur une remorque. Avant le transport, il est vidé de tous les fluides qui doivent rejoindre des bacs de stockage prévus à cet effet. Gasoil, liquide de refroidissement et autres bidons à l'origine incertaine doivent être débarqués. Les équipements qui peuvent être réutilisés sur d'autres bateaux sont démontés. Par exemple, le démarreur, qui est une des pièces les plus récentes du bord, est démonté, testé et remis à la vente.
Le bateau est ensuite transporté jusqu'à un centre de déconstruction agréé. Il en existe une vingtaine sur tout le territoire.
Une procédure qui est amenée à se développer
Sur place, l'Esteou est gruté sur une zone prévue à cet effet, dans laquelle les différents matériaux recyclables vont être prélevés. La coque en polyester sera ensuite intégrée dans un processus classique de retraitement, avec d'autres matériaux.
Et ce type de procédure, qui présente de nombreux avantages, doit être généralisée, comme nous l'explique Florent Cassegrain, le gérant de Casse Marine Enlèvement :
"Chaque destruction de bateau est mal perçue par les plaisanciers. Nous recevons de nombreux messages de plaisanciers incrédules qui ne comprennent pas pourquoi on détruit un bateau. Mais il faut comprendre et accepter qu'une remise en état couterait beaucoup plus chère qu'une unité d'occasion bien entretenue. Ce sont aussi parfois des bateaux abandonnés, ou en conflit de succession, et il n'est légalement pas possible de les récupérer. Et d'autres sont techniquement irréparables, même avec un budget important.
En revanche, notre démarche permet de récupérer du matériel d'occasion qui peut être revendu pour des petits budgets. Nous avons également un stock important de pièces ou d'accessoires de bateaux de série qui ne sont plus fabriqués, et qui repartent pour un nouveau cycle de vie. Enfin, ce procédé libère de nombreuses places de port, ce qui est une denrée rare dans notre région ".