Une référence dans la course croisière
Dessiné par l'architecte Philippe Briand au début des années 80, le Sun Fizz a été produit à près de 650 unités pendant une quinzaine d'années. Il a été proposé en plusieurs versions de quille (dériveur ou quillard) et de gréement (sloop ou ketch). Le mât d'artimon était alors fixé au milieu du cockpit.
La version sloop quillard était conçue pour un programme de course-croisière, et était capable d'accueillir 11 équipiers en mode régate. La carène est assez typique des années 80, avec un petit tableau arrière, de très bonnes performances au près mais un comportement un peu volage au portant.
Pierre a acquis son Sun Fizz au début des années 2000. C'est un des premiers modèles de la série, et il n'avait pas beaucoup évolué depuis son lancement. Winches classiques, sans self tailing, aménagements en formica orange et tableau arrière droit : ce bateau a essentiellement navigué en Méditerranée. Dans un premier temps, l'objectif de Pierre est de faire de la croisière dans le bassin méditerranéen, en solitaire et en famille.
Une unité optimisée pour la croisière hauturière
En deux décennies de navigations, Pierre a su faire évoluer son Sun Fizz afin d'optimiser le temps passé à bord. Il serait impossible de lister tous les travaux qui ont effectués, mais en voici les principaux.
Une jupe de 80 cm a été greffée sur le tableau arrière. Celle-ci permet à la fois d'améliorer le comportement du Sun Fizz quand il est moteur, mais également de faciliter l'accès à la baignade.
Afin d'améliorer la circulation à bord, toutes les portes ont été débarquées. La salle d'eau arrière a été démontée afin d'apporter plus de volume à la cabine arrière.
Cet agrandissement a permis de créer des équipets de rangement, indispensables quand on passe plusieurs mois sur son bateau.
La baille à mouillage a été modifiée afin de recevoir un guindeau horizontal, et faciliter la remontée de la chaîne, qui avait tendance à se bloquer. Un bout-dehors Selden en aluminium a été installé pour faciliter l'envoi des voiles de portant. Un étai largable a été installé, avec deux points d'ancrages.
D'origine, l'évent du réservoir de gasoil était curieusement situé à l'opposé du nable de remplissage. Pierre l'a déplacé sur le même bord, et y a ajouté une vanne pour stopper les entrées d'eau dans le gros temps.
Côté motorisation, des trappes d'accès ont été percées afin d'avoir un visuel sur tous les périphériques du moteur. Dans sa version d'origine, le moteur manquait d'accès pour intervenir. Ces trappes ont également permis de libérer de la place et d'installer un chauffe-eau. Une double filtration a été installée afin d'utiliser sans crainte le gasoil de mauvaise qualité qu'on peut trouver dans certaines zones de navigation.
La production électrique du bord est assurée par un hydrogénérateur Watt and Sea et 300 watts de panneaux solaires. L'hydrogénérateur est très efficace, mais ne cohabite pas bien avec les sargasses, nombreuses dans les Antilles.
Le réservoir d'eau douce a été supprimé et remplacé par des bidons qui cumulent une capacité de 110 litres. Pour les préserver des bactéries, ils sont uniquement alimentés par le dessalinisateur du bord, qui produit 50 litres par heure.
L'Atlantique comme terrain de jeu
Après une quinzaine d'années de croisières en Méditerranée, Pierre a étendu sa zone de navigation. En 2019, il a effectué un tour de l'Atlantique en passant par les Canaries, puis l'arc antillais, avant un retour sur Marseille.
En 2020, il remet le cap sur L'Atlantique, mais en passant plus au Sud, via les Açores. Après avoir atteint le Cap-Vert, il rejoint le Brésil. La remontée et la découverte de l'Amazonie sont annulées pour des raisons de sécurité. Après la Guyane, il remonte sur Trinidad puis sur l'arc antillais, avant de prévoir un retour en métropole au prochain été.
Après plusieurs milliers de milles parcourus, Pierre s'est toujours senti en confiance à bord de son Sun Fizz, qui possède un comportement exemplaire. Les défauts de conception listés plus haut ont été gommés par les différentes phases de travaux. Principal défaut non corrigeable : la circulation au niveau de la petite jupe arrière manque de fluidité par rapport à des plans plus modernes.
Ce qui n'a pas empêché Pierre d'embarquer un nouvel équipier à 4 pattes pour terminer son 2e tour de l'Atlantique à bord d'Areiti.