Un voilier pour naviguer enfin sur son propre bateau
C'est toujours l'occasion qui fait le larron. Lorsque Frédéric apprend de son ami de longue date Serge qu'il vient d'obtenir, après neuf ans d'attente, un mouillage sur bouée dans le Golfe du Morbihan à Arradon, c'est le moment où jamais d'acheter un bateau en copropriété. Ils s'entendent très bien, se connaissent depuis trente ans, ont tous les deux des attaches familiales dans le Golfe et surtout, en ont marre de naviguer sur les bateaux des autres. Quelques années en arrière, ils avaient déjà failli acheter un Arpège de 9 m, avec un troisième homme propriétaire d'un mouillage. Ils s'étaient donc préparés à un achat en commun, mais l'opération n'avait pas abouti. "Lorsque nous obtenons le mouillage début 2020, nous découvrons par hasard et du premier coup le bateau idéal : un Kelt 8, mouillé à Larmor-Baden, ce qui évitait les tracas du transport". Une première visite est convaincante, mise à prix 5.500 €, mais les deux compères s'accordent un délai de réflexion, pour en parler à leur famille profitant du fait que le vendeur n'est pas pressé. Lorsqu'arrive le Covid en mars 2020.
Un programme de cabotage en famille et entre potes
Pour garder le moral pendant le confinement, Frédéric et Serge peaufinent leur projet et programme de navigation en visio-conférence Zoom. "Nous voulions naviguer dans et autour du Golfe du Morbihan, Houat, Belle-Île, Groix, Glénans, soit entre adultes, soit en famille avec de jeunes enfants et des préados", explique Frédéric. Le Kelt 8, peut embarquer 8 personnes à la journée et offre 5 couchages, une cabine double dans la pointe avant, les 3 autres sur les banquettes du carré. Sur le plan pratique le bateau était équipé de WC marins avec une porte fermée, d'une kitchenette 2 feux, d'un évier, d'une glacière, le tout admirablement entretenu par le dernier propriétaire, artisan carreleur de son état. À la fin du confinement la décision est prise, il faut acheter ce bateau. Le vendeur accepte de descendre le prix à 5.000 €, l'expert mandaté pour valider l'achat donne son feu vert. Banco.
Pourquoi un Kelt 8 ?
Le Kelt a l'immense mérite d'avoir été construit à Vannes dans le Golfe du Morbihan, ce qui donne un cachet supplémentaire au bateau. À l'époque de sa sortie d'usine en 1979, il faisait partie des grands croiseurs du marché, et coiffait la gamme Kelt, jusqu'à l'arrivée du 8,50 m en 1983 puis du 9 m. "Nous avons acheté le numéro 331 de ce Kelt 8 qui a été produit à 400 exemplaires. Il était baptisé An Dro, c'est le nom d'une danse bretonne, et nous ne l'avons surtout pas débaptisé, car ça porte malheur" explique le co-proprio. Certes, ce Kelt 8 est un quillard à grand tirant d'eau (1,64 m) ce qui peut être gênant à marée basse, mais cela limite les risques de casse et d'entretien d'une dérive ou d'une quille relevable. Surtout cela permet de mieux remonter au vent, un bon point dans les courants du golfe.
Derniers atouts, ce bateau aux deux lignes bleues qui courent le long de la coque, est équipé d'un enrouleur de génois, un panneau solaire suffisant pour les besoins courants, un pilote automatique et surtout, un moteur hors-bord de 15 ch 2 temps monté sur chaise qui démarre au lanceur. La suppression du moteur in board - à l'origine était installé un Yanmar 10 ch en ligne d'arbre - offre un rangement supplémentaire et surtout évite le risque de fuite par le presse-étoupe. "C'était vraiment un aspect important, car nous souhaitons laisser le bateau à l'eau quasiment toute l'année sauf en janvier et février le temps de le caréner, de réaliser l'entretien courant et l'antifouling avant de la remise à l'eau".
Les avantages du Kelt : simplicité et convivialité pour de belles virées en famille.
À l'usage, le Kelt 8 répond parfaitement aux attentes des propriétaires. Il est à vingt minutes à pied du bus n°4 qui part de la gare de Vannes, ce qui autorise les escapades d'un week-end depuis Rennes, les co-proprio s'entendent bien pour le partage du temps de navigation, ou naviguent ensemble. "Nous avons pu faire de belles virées à Houat et Belle Ile, en dormant à bord à 5, 2 adultes, et 3 ados, ou bien simplement à la journée dans le Golfe du Morbihan qui reste un des plus beaux plans d'eau du monde. Les enfants peuvent se baigner et remonter facilement par l'échelle, les ados peuvent bronzer ou bouquiner l'avant, et en cas de pétole, le petit moteur de 15 ch n'est pas si gourmand en essence et permet de rentrer sans les trépidations du diesel. Lorsqu'il y a plus de vent, le bateau est sain, au pire il part au lof dans les rafales, rien de plus. Il tient 5-6 nœuds en navigation tranquille avec 15 nœuds de vent et il supporte très bien le près serré".
Bref, tout se passait à merveille trois étés durant, jusqu'à ce qu'un coup de vent et sans doute un mauvais amarrage en novembre 2022, détache le bateau de son mouillage et l'emmène s'échouer sur un rocher.
Un voilier solide, testé et approuvé
Rapidement prévenue par le service des mouillages d'Arradon, la SNSM a réussi à remettre le bateau à flot sans qu'il n'y ait de voie d'eau. La solidité des bateaux des années 1970 avec leur épaisse couche de polyester a donc encore une fois de plus fait ses preuves. Sortie de l'eau par le chantier naval Tual Marine à Séné, la coque n'a subi que des éraflures, mais un rocher a tordu la tige du safran. "C'était l'occasion pour nous de réaliser les travaux que nous avait recommandés l'expert, changer le gréement dormant et les passe-coques. L'assurance a couvert les frais à hauteur de la valeur estimée par l'expert lors de l'achat, soit 6.500 €, de quoi effectuer tous les travaux sur la coque. Pour le gréement et surtout pour le safran, nous avons dû solliciter un ami commun qui a mis la main à la poche en échange d'un tiers du bateau, devenant le troisième heureux propriétaire de notre Kelt." Remis à l'eau sur un nouveau mouillage, moins exposé, le bateau a vaillamment repris du service en juin 2023 pour un quatrième été et toujours dans la bonne entente des co-proprio.
Bilan : "Un très bon achat, qui donne entière satisfaction"
Le nouveau gréement et les nouveaux passe-coques offrent une garantie supplémentaire dans le temps, mais surtout la copropriété convient à nos trois larrons et permet de faire tourner le bateau au maximum. "Mieux, en divisant chaque réparation ou frais par trois, on n'hésite plus a racheté du bout, une annexe gonflable ou un truc qui manque", conclut Frédéric. C'est la solution idéale.