Audrey Ogereau accompagne Erwan Le Roux sur l'Ocean Fifty Koesio depuis un an. Issue de la voile olympique, elle s'apprête à participer à sa première transatlantique, et donc sa première Transat Jacques Vabre, avec le rôle de co-skippeuse.
Peux-tu nous présenter ton parcours ?
J'ai démarré la voile en Optimist à 10 ans, avant de poursuivre en catamaran de sport sur les séries classiques, Hobie 16, SL16 puis en voile olympique, en Nacra 17. J'ai ensuite participé en tant que skipper avec Oman Sail sur le Tour de France à la voile avec des Omanaises. C'était plutôt un travail de transmission et de coaching des filles. Depuis l'année dernière, je navigue avec Erwan sur l'Ocean Fifty. J'avais plutôt une carrière inshore, jusqu'au mois de mai 2023 où j'ai commencé à faire de l'offshore.
Comment s'est faite la rencontre avec Erwan Le Roux et le team Koesio ?
Erwan voulait de la mixité dans l'équipe. Il y a déjà pas mal de filles dans le team, sur différents postes. Mais il cherchait aussi des navigantes. La team manager me connaissait par Oman Sail. Elle m'a contacté. On a fait un stage de cohésion d'équipe à la montagne, puis un stage en bateau. L'année dernière, c'était plus des entraînements et des relations presse. On emmenait des personnes du groupe Koesio en navigation. C'était cool, sans pression sur les manœuvres... C'est super facilitant pour apprendre. En fin de saison, on a participé à une régate qui s'est super bien passée.
Cette année, je lui ai dit que j'avais quitté mon boulot d'ingénieur et que j'étais donc plus disponible. J'ai rejoint l'équipe à 100 % et il m'a proposé de faire la Transat Jacques Vabre avec lui. J'ai dit oui direct.
Que penses-tu de cette découverte du large et du support qu'est l'Ocean Fifty ?
Quand je suis monté sur l'Ocean Fifty, c'était super impressionnant. C'est un gros bateau, qui va vite rapidement, car il est très léger. L'accélération donne les mêmes sensations que sur un petit bateau. Quand on ne connaît pas le bateau, on se croit à la fois sur un gros et sur un petit. C'est la partie que j'ai adorée.
La partie large concerne l'analyse météo à plus grande échelle, la partie routine quotidienne, dormir, manger, se laver... C'est une grosse partie du boulot de savoir se gérer au large. C'est bien différent de vivre sur un bateau en course en comparaison d'une routine à la maison.
Que t'apporte Erwan dans cet apprentissage ?
Il a envie de transmettre. Il me donne des conseils pour me simplifier la vie, pour passer certaines embûches, que ce soit dans la vie quotidienne ou pour la performance. Être dans la performance, c'est différent de savoir se préserver, de savoir où mettre le curseur risque... On se rend compte que changer les voiles pour une heure ça ne vaut pas forcément le coup, alors qu'en inshore on le ferait. Il me laisse aussi faire mes petites erreurs, dans une démarche d'apprentissage.
L'objectif est de continuer par la suite dans cet univers de la course au large au sein du team Koesio avec Erwan Le Roux ou d'avoir un projet en propre ?
L'objectif c'est peut-être les deux. C'est de poursuivre avec Erwan sur d'autres courses, si ça se passe bien sur cette Transat Jacques Vabre, toujours dans cette démarche de transmission. Après, l'objectif à plus long terme serait de faire du solitaire ou d'avoir mon propre bateau.
Tu t'apprêtes à réaliser ta première transatlantique. Quel est ton état d'esprit ?
Le stress est en train de monter. Les conditions météo ont l'air un peu chaudes pour le départ. On est que mardi et ça peut changer. Je suis excitée, j'ai envie d'y aller, de voir ce que l'on sait faire. J'ai envie d'y aller et qu'on soit enfin que tous les deux sur le bateau. J'ai hâte.
Comment vous êtes-vous préparés pour cette course ?
On s'est pas mal entraîné physiquement. On a un préparateur physique qui nous suit. Il suit Erwan depuis longtemps, et m'accompagne depuis cette année. On a aussi un préparateur mental qui nous prépare depuis un mois, et particulièrement cette dernière semaine.
Sur l'avitaillement, on s'est géré tous seuls, avec l'expérience d'Erwan. On s'est aussi beaucoup entraîné sur l'eau. On est un des bateaux qui s'est beaucoup entraîné. Ne connaissant pas beaucoup le bateau, c'était important pour moi de connaître les manœuvres, de tirer des bords, de suivre la carto pendant un bord entre la Bretagne et La Rochelle. Ça permet d'être plus sereine pour le départ.
Quel est votre objectif sur cette Transat Jacques Vabre ?
L'objectif, comme on le dit souvent, est de finir devant le second. On a envie de gagner. Après, c'est une course que je ne connais pas, donc c'est ambitieux de mettre un objectif de gagne. Je pense qu'on sera content d'arriver déjà. En fonction des conditions météo, il y a toujours un risque de casse, de se retourner. C'est une course longue, donc il y a une probabilité de ne pas finir. L'objectif c'est d'aller de l'autre côté, et en tant que compétiteur, battre nos copains.
Quelle est la suite du programme après la Transat Jacques Vabre ?
On verra comment se passe la Transat, et comment on sera après. J'ai envie de continuer avec Erwan et Koesio. Il y a un beau programme qui se prépare pour la classe Ocean Fifty, et j'espère y être. J'ai aussi un objectif de sélection sur la Coupe de l'America, et j'espère être prise. Donc, il faudra mener de front ces deux projets et accorder les plannings.
