Sebastien Simon a longuement navigué sous les couleurs de Paprec Arkea à bord d'un IMOCA neuf, dont il avait confié les plans à Juan Kouyoumdjian. Bien qu'il ait rencontré de nombreux soucis techniques sur son bateau, il est en bonne position sur le Vendée Globe 2020-2021, quand il doit abandonner après un choc avec un OFNI. À la fin de la Transat Jacques Vabre de la même année, il perd son sponsor, mais n'oublie pas ses rêves de tour du monde en solitaire. Avec l'arrivée du Groupe Dubreuil, il se relance dans la course à bord du bateau vainqueur de The Ocean Race, et s'aligne sur la Transat Jacques Vabre 2023 pour une première course sous ses nouvelles couleurs.
Comment appréhendes-tu ton retour sur le circuit IMOCA après cette pause ?
Je suis très content de retourner sur le circuit IMOCA que j'ai quitté depuis 2021. Depuis, j'étais en recherche de nouveaux projets pour participer au Vendée Globe 2024. J'ai un goût d'inachevé, puisque j'ai dû abandonner alors que j'étais 4e. J'ai réussi à trouver de nouveaux partenaires, le Groupe Dubreuil, pour vivre une seconde fois mon rêve et peut-être aller jusqu'au bout.
En 2022, j'ai vécu l'expérience de The Ocean race. J'ai récupéré des points pour ma qualification au Vendée Globe et pris du plaisir à naviguer avec Benjamin Dutreux.
Quand ce projet s'est lancé avec ce partenaire, qui était déjà mon partenaire depuis 2018 sur mon précédent projet, ça a été un vrai plaisir. C'est un rêve qui devient concret. Et pour la première fois, j'ai un projet basé en Vendée, chez moi, sans avoir besoin de m'exiler en Bretagne comme avant.
Peux-tu nous parler du choix de ton bateau, l'ex 11th Hour Racing ? Qu'est-ce qui a appuyé ton choix ?
Il n'y avait pas 50 bateaux sur le marché, mais on savait que le bateau en passe de gagner The Ocean Race était à vendre. Avec le groupe Dubreuil, on a sauté sur le coup direct. On est bien tombé et on s'estime heureux.
C'est un bateau de dernière génération, qui a fait ses preuves. Il a gommé ses erreurs de jeunesse, et c'est rassurant sur un projet à court terme avec un Vendée Globe dans seulement un an.
As-tu réalisé des travaux à bord depuis sa victoire sur The Ocean Race ? Comment adapte-t-on un bateau optimisé pour l'équipage à ton nouveau projet plus orienté double et solo ?
On n'a pas prévu de gros investissements ou de gros travaux. Il est déjà très optimisé, et notre projet démarre juste. C'est la première expérience en course au large, en tant que partenaire majeur, pour le Groupe Dubreuil et il faut monter toute une nouvelle équipe. En juillet, on n'avait même pas un tournevis. On démarre de la base. On voulait se laisser le temps, et on bénéficie d'un bateau optimisé et qui a déjà fait ses preuves. Notre objectif c'est d'aller sur l'eau et pas de faire des travaux, comme j'ai déjà pu le connaître avant. On fait juste de la maintenance puisqu'on a l'opportunité de naviguer avec un bateau bien optimisé. Évidemment, il a fait un tour du monde, et certains éléments s'usent, mais cela reste de la maintenance.
Aujourd'hui, est-ce que ton projet est financé à la hauteur de tes ambitions ?
Quand le Groupe Dubreuil m'a sollicité pour le Vendée Globe 2024, dont l'objectif est de fêter les 100 ans du groupe, ils m'ont demandé de leur présenter un projet raisonnable. C'est ce que j'ai fait.
Le budget permet de continuer de travailler sur le bateau pour la performance, mais ne permet pas de monter une équipe technique de plus de 15 personnes. Quand on a décidé de monter ce projet, on était déjà dans l'optique de baser un projet aux Sables-d'Olonne, où aujourd'hui il n'y a pas de ressources compétentes pour gérer ce projet.
Je me suis d'abord entouré de gens proches et on monte une équipe technique, avec des gens qui ne sont pas forcément issus de la course au large. Une fois que la confiance sera instaurée, que le projet aura décollé, on verra pour le faire évoluer.
On sait d'où on vient et la chance d'avoir un super bateau entre les mains, donc on a pas mal de cartes à jouer.
Que retires-tu de l'expérience de The Ocean Race sur Guyot, des soucis techniques rencontrés et de cette expérience en équipage en IMOCA ?
Ça me conforte dans le fait que je préfère le solitaire à l'équipage. C'était une expérience incroyable. On a beaucoup de chance d'avoir pu vivre cette aventure. Sportivement, ce n'était pas à la hauteur de nos attentes, mais humainement, on a appris beaucoup de choses. C'était très enrichissant.
La prise en main de ton bateau est récente, comment t'es-tu préparé pour la Jacques Vabre physiquement et techniquement ?
Depuis 2021, je fais beaucoup de triathlon, beaucoup de sports cardio. À l'arrivée de The Ocean Race, j'avais beaucoup perdu musculairement. J'ai donc fait pas mal de renforcement musculaire. Mais je préfère le cardio. C'est un peu le centre de ma préparation, et mon équilibre au quotidien : course à pied, vélo et natation.
On a finalement plus navigué que ce que l'on imaginait. Maintenant, c'est le compétiteur qui parle, j'aurais préféré naviguer plus. On a fait une belle traversée entre l'Italie et Les Sables-d'Olonne de 9 jours. C'est le meilleur moyen pour prendre en main et prendre connaissance de son bateau. C'est pas si mal.
Tu dois aujourd'hui te qualifier pour le Vendée Globe et cumuler le plus de mille possible, quel est le programme ?
On participe à la Transat Jacques Vabre, et on fera aussi la Transat Retour à la base. Notre avantage, c'est que l'on peut jouer sur les deux tableaux, la qualification à points et celle des bateaux neufs, car on fait partie des 13 bateaux neufs construits depuis le dernier Vendée Globe.
L'objectif c'est de viser la qualiication au Vendée Globe, et notamment sur la Transat Retour avec les bateaux neufs. Ce n'est pas d'aller chercher un résultat. Cette année, on vise la qualification et on abordera des expériences sur la performance sur les courses de l'année 2024. On participera à toutes les courses qualificatives : la Transat CIC, la New York Vendée - Les Sables-d'Olonne et le Vendée Globe.
Quel est ton objectif sur cette Transat Jacques Vabre ?
L'objectif a été défini avec le groupe Dubreuil, et il va falloir se raisonner et être raisonnable. On va devoir oublier un peu la partie sportive. Le but est de continuer à prendre connaissance du bateau, développer le projet, et surtout s'assurer une qualification pour le Vendée Globe. L'année prochaine, on pourra aborder les choses différemment.
Peux-tu nous présenter ton co-skipper et expliquer ce choix ?
Iker Martinez, pour ceux qui sont passionnés de voile, est assez connu. C'est l'un des plus grands champions européens. Il est vice champion olympique, champion olympique, il a fait trois Volvo Ocean Race et une Barcelona Race.
Je l'ai rencontré lors d'un surf trip avec des copains aux Canaries. Il m'avait reconnu et on a sympathisé. On a navigué ensemble en 2021, et ramené le bateau ensemble après la Transat Jaques Vabre.
J'aime beaucoup naviguer avec lui, il a une ouverture d'esprit très intéressante. Son parcours est différent puisqu'il vient de la Volvo Ocean Race, mais il connaît nos projets, notre besoin de reconnaissance. Il connaît ces courses très longues, le fait que ce soit un sport mécanique et il m'aide à aborder les choses différemment en vue du Vendée Globe.