Ian Lipinski est l'un des skippers le plus renommé de la Class40. En 2019, il fait innove en confiant la conception de son bateau Crédit Mutuel à David Raison. Il met à l'eau le premier scow de la classe et remporte sa première Jacques Vabre.
Tu as remporté le Défi Atlantique, terminé second de la CIC Normandy Channel Race. Penses-tu que Crédit Mutuel puisse encore rester dans le match bien qu'il ne soit plus tout récent ?
Carrément ! Mes soucis techniques rencontrés sur les grandes courses m'ont donné l'impression que ça nous a déchargés un peu de toute cette pression du bateau "phare" du début. C'est un bateau qui reste performant avec ses avantages. Je suis assez serein. Je n'ai pas de doutes sur le fait qu'on puisse batailler devant. Sur la Transat Jacques Vabre 2021 et sur la Route du Rhum 2022, j'ai quand même réussi à tenir malgré les casses. Sur la Route du Rhum, mon voile de quille a été déformé et j'ai navigué avec un aérofrein, mais ça ne s'est pas trop mal passé pour moi. Les premiers jours, j'étais aux avant-postes.
C'est ta dernière course sur ton bateau actuel. Comment on gère l'optimisation de l'actuel et la construction du nouveau ?
Il n'y a pas eu de gros chantiers de modification du bateau. On continue de travailler sur les voiles, les performances et l'analyse des performances. Avec les problèmes techniques que j'ai rencontrés sur les dernières grandes courses, on a beaucoup renforcé le voile de quille. L'objectif c'est de continuer à avoir un bateau sain et d'anticiper des problèmes qui pourraient nous ralentir comme en 2020.
Le nouveau Crédit Mutuel est en construction. C'est toujours un plan David Raison et une évolution de mon bateau actuel. On va gagner à plein d'endroits. La structure de coque est infusée chez Gepeto et le pont chez Mer Concept. En interne, on fabrique des pièces, comme les ballasts. On est beaucoup plus dans le détail que mon bateau actuel. On espère le mettre à l'eau au printemps prochain.
Quels sont vos objectifs sur cette Jacques Vabre ? Sachant qu'Antoine Carpentier pourrait remporter sa 4e victoire consécutive.
Ian : L'objectif c'est de gagner évidemment, mais ce n'est pas une prétention. C'est sur qu'à 5 jours de la fin on est en 5e position, on n'en restera pas là ! On vient quand même pour ça. Quand on participe à un jeu, l'objectif c'est de gagner. Sur une course c'est pareil.
Antoine : Gagner, évidemment ! Crédit Mutuel serait le premier bateau a remporté deux fois la Jacques Vabre et moi je remporterais ma 4e victoire d'affilée. On dit jamais deux sans trois, mais jamais trois sans quatre !
Quels sont les atouts de Crédit Mutuel pour le format de course de la Jacques Vabre ?
Antoine : C'est un bateau fiabilisé. Ça fait quelques années que Ian court avec. Les plans Raison sont des bateaux assez polyvalents. Il n'est pas le plus rapide, mais fait partie des bateaux les plus rapides de la flotte. La polyvalence de sa carène lui permet de passer le mieux dans la mer formée. C'est le bateau le plus marin des scows s'il y a une dépression à passer au début de la course. Il a la capacité à rester en tête de flotte. Son gros atout c'est la brise au portant, ou au près.
Le risque c'est sur le tronçon Cap Vert - Antilles. S'il y a moins de 15 noeuds, ça risque d'être un peu compliqué. Mais il y a eu un gros travail sur les spis pour pallier à ce vent médium.
Tu as choisi Antoine Carpentier pour t'accompagner sur cette saison et sur la Jacques Vabre. Comment fonctionne votre binôme ?
Ian : Il y avait une concordance du fait que son projet s'arrêtait et que je cherchais quelqu'un qui puisse me suivre sur l'année. Avant je changeais de binôme sur chaque course. Antoine a une grande expérience du Class40, c'est là où je l'ai rencontré. On a tissé un lien ensuite pendant le Trophée Mer et Montagne auquel je participe chaque année. C'est des moments privilégiés pour apprendre à se connaître.
On a commencé à naviguer ensemble sur le Défi Atlantique. Les résultats étaient là puisqu'on a gagné la course. Mais en plus on s'est très bien entendu. Les choses se font naturellement. On a la même vision des choses. On a une connexion qui fait qu'on a envie de faire les choses au même moment. Sur les fondamentaux on est parfaitement en accord. Sur l'organisation, c'est fluide. Et en plus Antoine est très bon !
Antoine : L'équipe est sympa, le bateau reste performant, l'ambiance est super. On a beaucoup pu travailler sur les voiles pour la performance. Bref c'est plutôt agréable.
C'était déjà le cas sur la dernière édition, mais que pensez-vous des parcours dédiés ?
Antoine : C'est bien d'avoir cette arrivée plus groupée surtout pour les Class40, qui sont les moins rapides de la flotte. On arrive en même temps que les autres. Sur les autres éditions, les Ultim arrivaient bien avant nous et on souffrait un peu de ce manque de gros médias qui était déjà reparti. Donc d'un côté médiatique, c'est une bonne chose. Et d'arriver tous sous deux à trois jours, ça permet aussi de faire la fête avec les autres !
Ian : Sportivement, le parcours des Class40, surtout sur ce tronçon jusqu'au Cap-Vert est top ! Puis il y a la traversée des alizés. Ça coupe la course en deux avec un premier parcours rythmé, très technique. Il y a des changements, des coups à faire. C'est très sympa ce passage vers les Canaries, le long de l'Afrique, on peut passer entre les îles du Cap-Vert. C'est un endroit que j'adore. Le seul problème c'est les sargasses.
Que pensez-vous du niveau du plateau de la Class40 ?
Ian : Il était déjà très haut sur la Route du Rhum et reste très haut. C'est maintenant une constante. La classe est très expérimentée. Il y a une dizaine de bateaux qui peuvent gagner.
Antoine : C'est établi que la Class40 a un niveau élevé. Aujourd'hui, il y a une quinzaine de projets pros et une bonne dizaine qui peut jouer la gagne.