Interview / Anthony Marchand : "Sur une Jacques Vabre, s'entourer d'un figariste est un gage de réussite"

Anthony Marchand, skipper du trimaran Actual Ultim 3, va prendre le départ de la Transat Jacques Vabre en compagnie de Thierry Chabagny. Nous nous sommes entretenus avec lui à quelques jours d'une transat dont le niveau n'a jamais été aussi relevé.

Nouvellement arrivée à la barre de l'Ultim de l'écurie Actual, Anthony Marchand va courir sa première grande course sous ces couleurs. Il répond à nos questions.

Tu es devenu skipper du trimaran Actual Ultim 3 en janvier 2023, à la suite d'Yves le Blevec. Comment se sont passés ces premiers mois à la barre ?

Le trimaran a subi un très gros chantier d'hiver. Nous avons remis à l'eau en avril, puis nous avons enchainé les navigations en vue de se préparer à la Transat Jacques Vabre, puis à l'Arkea Ultim Challenge-Brest. Nous avons remporté l'Armen Race Uship en mai, puis j'ai effectué ma qualification en solitaire pour l'Arkea Ultim Challenge-Brest, soit un aller-retour entre la Trinité sur mer et les Açores, ce qui représente une navigation de 2 700 milles.

Yves est toujours à la tête du projet, et nous apporte son immense expérience dans la progression et l'optimisation.

Quelles sont les évolutions que l'équipe a apportées au bateau pendant le chantier d'hiver ?

Ces réflexions ont été lancées quand Yves était encore skipper. Dans ces projets-là, on réfléchit toujours sur des perspectives d'évolution. On a essayé de combler un peu les trous face à la concurrence.

La plus grosse évolution réside dans le changement de plans porteurs. L'idée de développer une paire de foils a été lancée juste avant la route du Rhum. On a passé une année à calculer et à structurer. On a gardé les puits afin de pouvoir éventuellement remettre les anciens foils.

Néanmoins, ça reste une grosse opération, et on ne change pas de foils en fonction des conditions météos comme ça peut être le cas sur la Coupe de l'America.

Actual Ultim 3 est maintenant équipé d'une paire de foils plus grands, avec plus d'envergure, et moins de trainée. L'objectif est de décoller un peu plus tôt et d'avoir plus de polyvalence.

Ces foils ont été fabriqués en interne ?

Ce sont des appendices 100% Morbihan. Le dessin est de VPLP, JC Design a réalisé les calculs, et Avel Robotics a pris en charge la réalisation.

Quelles sont les autres modifications ?

On a changé aussi le jeu de voiles, ce qui est un gage de fiabilité sur les épreuves à venir. On recherche toujours de nouvelles formes et de nouvelles matières

On a également mis en place une bordure hydraulique. On a installé un gros vérin dans la bome, qui a été imaginé et fabriqué au sein de l'écurie. Les efforts sont énormes sur la bordure, donc ça a été un gros boulot.

Tu as une très grosse expérience en multi, que ce soit de l'ORMA ou de l'Ultim. Mais tu as surtout fait beaucoup de Figaro. Comment on passe d'un monotype à un Ultim ?

Un bateau reste un bateau, ça reste de la régate. Je viens de l'école du Figaro, donc on a envie de s'entourer de copains figaristes pour mener nos projets. On a une philosophie commune. C'est pourquoi je pars avec Thierry Chabagny, qui possède une énorme expérience dans la régate au contact, ce qui sera surement le cas sur cette traversée qui devrait durer entre 15 et 16 jours.

La plupart du temps, s'entourer d'un figariste est un gage de réussite.

Après la Jacques Vabre, tu enchaînes sur l'Arkea Ultim Challenge-Brest. Ton bateau est un des rares à avoir bouclé un tour du monde. Tu te considères comme un outsider ?

Effectivement, la plateforme est super fiabilisée. Néanmoins, le niveau au sein de la classe est très élevé. Les autres Ultims ont abandonné sur des tentatives de Jules Verne, donc sur un contexte différent, qui était de se battre contre un chrono. Tu abandonnes beaucoup plus facilement sur un Jules Verne. Sur l'Arkea Ultim Challenge-Brest, les escales techniques seront autorisées. L'exercice est radicalement différent.

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