Alors que le départ de la Transat Jacques Vabre sera donné le 29 octobre 2023, nous avons échangé avec Alberto Riva, le skipper italien, à la barre du dernier bateau mis à l'eau dans la flotte des Class40.
Tu es peu connu du grand public. Peux-tu nous rappeler le parcours qui t'amène à ce départ de la Transat Jacques Vabre en Class40 ?
Le virus est passé par mon père, et comme il le dit lui-même, ensuite, cela lui a échappé? J'ai suivi des études de physique pour devenir ingénieur, mais toujours avec des envies de vie de marin, et j'ai fini par devenir expert en électronique de bord, naviguant avec des marins italiens réputés comme Giovanni Soldini ou Andrea Fantini. Je rêvais de mini depuis quelques années quand j'ai eu la possibilité de la faire, en trouvant quelqu'un qui avait acheté un Mini et voulait apprendre à naviguer dessus. Nous avons fait les courses en double ensemble et j'ai fait les courses en solo. C'était un vrai accord gagnant gagnant. J'ai fait second de la Mini Transat 2021 en Série, sur un Vector, alors qu'il y avait des interrogations sur les performances de ce bateau.
Une fois fini le mini, le projet ayant beaucoup plu au sponsor, nous avons regardé pour plus grand, et les astres se sont alignés à nouveau et nous avons lancé le Class40.
Ce qui est assez dur aujourd'hui, d'est que Riccardo Iovino, le fondateur du sponsor EdiliziAcrobatica, qui était devenu un ami, est décédé il y a quelques jours alors qu'il faisait du kite surf. C'est une motivation de plus pour faire la course au maximum.
Comment prépare-t-on un bateau en vue d'une Transat, lorsqu'on le met à l'eau aussi tard ?
La construction a été actée en février, a débuté en mars, et le bateau a été mis à l'eau en août. Le 10 septembre, nous entamions la qualification et le convoyage vers Lorient. Lancer un tel bateau en 6 mois, c'est intense et compliqué. La priorité est donc d'avoir un bateau solide et que rien ne casse. L'optimisation passe malheureusement en second plan. On voit que nous ne sommes pas au même point que les autres équipes, mais j'ai eu la chance de naviguer avec Ambrogio Beccaria sur Alla Grande Pirelli, qui est un ami. J'ai fait le Défi Atlantique avec lui, et cela m'a permis de bien connaître le bateau et d'ajouter des modifications sur le mien.Nous n'avons pas exactement un sistership.
Pourquoi choisir ce plan de Gianluca Guelfi ? Quels sont les avantages et les différences entre Alla Grande Pirelli et Acrobatica ?
Gianluca est un ami, et je pense que le dialogue entre architecte et marin est fondamental. L'architecte a des idées, mais en mer, la réalité est parfois différente. Il est important d'échanger. Le choix d'un architecte italien et d'un bateau construit à Gènes, là où est né mon sponsor, semblait le bon choix. Mais au-delà, ce qui est bien avec le plan de Gianluca, c'est que le bateau marche dans toutes les conditions, là où le Pogo va être typé portant VMG, le Lift plus pour le reaching ou le Mach plus pour le portant dans la mer et le vent fort. Il n'y en a pas où le plan de Gianluca n'avance pas, et l'important c'est la moyenne.
Par rapport au bateau d'Ambrogio, nous avons fait quelques modifications sur la quille et les voiles. On a rajouté des pare-embruns avant et arrière. On a aussi déplacé des réserves de flottabilité, pour améliorer le confort et faciliter le matossage. Le confort est essentiel. Il faut avoir un endroit pour bien se reposer.
Quelle est la marche entre Mini et Class40 ?
Le bateau est évidemment plus grand, mais j'avais déjà pas mal navigué en Class40 avec 2 Défi Atlantique. J'avais aussi suivi la construction du bateau d'Ambrogio. Je ne suis pas inquiet pour le bricolage. Le plus difficile est de passer d'un projet Mini, géré tout seul à une "petite entreprise", avec un sponsor, de la communication, des budgets...
Comment s'est fait le choix de Jean Marre comme co-skipper ?
Nous nous sommes connus sur la Mini 2021. Nous naviguions l'un contre l'autre, mais nous n'avions jamais navigué ensemble. C'est un pari, mais on savait que nos caractères fonctionneraient bien et Jean a montré son envie sur le projet depuis le début.
Présent à cet instant, Jean Marre ajoute : "Nous n'avons pas encore eu le temps de bâtir une organisation en mer, mais cela se fera naturellement. On l'a déjà vu sur la qualification qui s'est très bien passée."
En conclusion, quel est l'objectif sur la Transat Jacques Vabre ?
L'objectif est de faire très bien, mais nous savons que nous avons un bateau neuf. Le niveau est très élevé avec une quinzaine de bateaux et skippers réellement très forts. Idéalement, on vise les 5 premiers, mais on ne sait jamais. Au final, c'est aussi la mer qui décide !