Le plaisir de la manœuvre à la voile
Après un tour au chantier, il est temps d'embarquer sur le Bihan 5.80. Tandis que nous discutions à l'atelier, l'un des employés du chantier est allé chercher le bateau au mouillage. C'est donc au ponton qu'il nous rejoint, à la voile. En effet, le Bihan 5.80 que nous essayons n'a pas de moteur, mais malgré la faible brise ce matin-là, il se faufile aisément entre les bateaux au mouillage. Entre le foc autovireur et une belle pelle de safran, de taille identique à son grand frère de 6,50 mètres, le voilier se manœuvre facilement.
La réactivité du dériveur
Sous un ciel couvert, le vent se montre peu généreux, atteignant initialement péniblement les 10 nœuds. Pour autant, avec son poids mesuré de 560 kilos, il arrive rapidement à glisser hors des courants du golfe du Morbihan. Pour peu que l'on soit attentif à l'assiette longitudinale, l'étrave volumineuse, bien utile au portant, n'est pas un frein sur nos premières allures de près, avec nos 21 m2.
Avec un équipage d'âges variés, tout le monde trouve une place confortable à bord. En effet, si le voilier glisse comme un dériveur dans le petit temps, sa hauteur sur l'eau et son grand cockpit offrent un confort nettement supérieur !
Le spinnaker facile !
Après les premiers tests au près, il est temps de tirer la barre. En quelques courtes minutes, le joli spinnaker asymétrique jaune se déploie. Gréé dans une baille, là encore à l'image de ce qui se fait en dériveur, avec un circuit fermé permettant avec une seule et même drisse de sortir le bout-dehors en carbone et de hisser la voile en tête de mât, la voile de portant est d'un usage très simple. De quoi débloquer tout angoissé du lancement de spi.
Le bateau accélère rapidement, et même si l'air reste modéré, on imagine volontiers qu'il puisse atteindre des vitesses à 2 chiffres par des conditions plus musclées.
Vitesse et liberté
Après une rotation d'équipage, nous pointons notre nez vers l'entrée du golfe. Tandis que le vent tombe inexorablement, nous ne pouvons faire de miracle face au courant. Mais après une heure de sur place et de reculade, le vent rentre à nouveau. Et le Bihan 5.80 montre à quel point la promenade à la journée dans des plans d'eau tels que le golfe du Morbihan correspond à son programme. Poussé aux limites de son spectre, le spi asymétrique et ses 30 m2 nous aident à remonter le courant proche du bon plein. Alors que la brise se renforce, nous enchaînons les descentes et remontées entre la sortie du golfe et l'île de la Jument, sans nous soucier désormais du courant. Et lorsqu'une risée plus forte arrive, la stabilité du bateau donne une sensation de totale sécurité.
Il est malheureusement temps de rentrer, et de se faufiler à nouveau à la voile jusqu'à la bouée. Rouler la grand-voile, et la rentrer si on le souhaite dans la petite "cabine" sur tribord avant, puis installer les capots sur les trappes du spi, le rangement ne nécessite qu'une dizaine de minutes. En débarquant, l'équipage a le sourire, après une sortie offrant du plaisir à la voile, sans trop céder au confort.