Recyclage des bateaux de plaisance : des solutions innovantes pour leur donner une seconde vie

Votre bateau de plaisance ne navigue plus et vous ne savez pas quoi en faire ? Ne le laissez pas dépérir ou polluer les ports et les rivières ! Il existe une filière pour le déconstruire, le dépolluer, le recycler et le revaloriser. Nous vous présentons les acteurs, les procédés et quelques projets de cette filière.

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Ce n'est pas toujours facile de se rendre à l'évidence : mon joli bateau, qui a partagé tant de bons moments et qui faisait partie de la famille, qui ne navigue déjà plus depuis des années, ne naviguera jamais plus. Son état général demanderait plus qu'un simple refit pour lui permettre de retrouver son lustre d'antan. Outre le temps, le budget pour lui permettre de renaviguer, pour changer le moteur, le jeu de voile, serait exorbitant. Continuer à payer un anneau, l'assurance ou le voir dépérir jour après jour dans son jardin en espérant le remettre un jour à l'eau n'est même plus un rêve. Le revendre, aucune chance. Le donner, c'est plus du registre d'un cadeau empoisonné. Soyons réaliste, il faut le déconstruire.

Déconstruire, dépolluer, recycler, revaloriser.

Aujourd'hui, la filière permettant la déconstruction existe. La Fédération des Industries Nautiques (FIN) a mis en place l'APER, un éco-organisme en charge de la collecte des contributions payées au moment de la vente d'un bateau neuf par les chantiers/importateurs et de la dotation de l'état correspondant à une quote-part de la taxe DAFN (Droit de francisation) mais aussi de la déconstruction des bateaux de plaisance hors d'usage. Pour assurer sa mission, l'APER s'appuie sur un réseau d'une trentaine de centres de déconstruction agréés dont les installations sont classées pour la Protection de l'Environnement (ICPE) 2712-3. Il y en a un forcément pas loin du lieu de votre épave !

Gratuit, mais pas que...

Même si l'APER finance la déconstruction du bateau, cette démarche n'est pas encore gratuite. Les frais d'enlèvement et de transport sont à la charge du propriétaire. Peu de problèmes pour les petites unités qui peuvent encore être transportées par le propriétaire mais problématique pour les plus gros navires. Conscient du reste à charge qui peut être encore important, et anticipant une obligation légale, l'APER a tenté l'expérience de financer aussi le transport. Cela a représenté 1/3 des bateaux collectés en seulement 3 mois sur la Bretagne. Néanmoins, cette démarche citoyenne permet le traitement d'environ 3 000 bateaux par an alors que l'organisme c'était fixé un objectif de 20 à 25 000 unités sur la période 2019-2023. L'APER s'occupe également des démarches administratives comme la désimmatriculation et de radiation de pavillon auprès des administrations maritimes et douanières. La procédure d'enregistrement est simple et se passe sur ce site www.recyclermonbateau.fr

Déconstruction de bateaux
Déconstruction de bateaux

Reste la question du recyclage du plastique

Le recyclage des huiles, des batteries, des métaux et d'autres matériaux comme le bois ne présente pas de difficulté particulière et s'inscrit dans la filière traditionnelle. Le composite représente, quant à lui, la majeure partie des déchets de la déconstruction, c'est l'enjeu du développement de la filière. Sur la masse complète d'une embarcation de plaisance, environ 65% est composée de matériaux composites. 60% de ceux-ci sont traités comme combustible qui vient alimenter les cimenteries par exemple. S'il reste préférable à l'enfouissement, le transformer en combustible n'est pas un débouché satisfaisant.

Parmi les divers industriels planchant sur la question, le Suisse Composite Recycling développe une technologie basée sur les principes de la pyrolyse, comme l'expose Guillaume Perben, cofondateur de l'entreprise. "C'est le principe de la pyrolyse connu pour les fours. La coque du bateau est coupée en plaques de 1,5 à 2 mètres de long pour 1 mètre de large. On chauffe ensuite sans oxygène, entre 400 et 500°C, contre 1200° pour produire la fibre de verre. Le gaz produit est brûlé pour chauffer le four. En traitant 100 kg de composite, on produit 10 kg de gaz et l'on n'en consomme que 7. On stocke le reste pour démarrer le four à la chauffe suivante. À côté, on récupère l'huile de pyrolyse et des fibres." Lire l'article complet.

Conteneur de recyclage
Conteneur de recyclage

Une autre initiative est développée par le chantier naval nantais Bathô. Il donne une nouvelle vie aux bateaux non utilisés en les transformant en habitation insolite, en espace de pique-nique, en pointe sanitaire, en boîtes à livres... L'ambition du chantier est de retraiter une cinquantaine de bateaux en 2025-2026. Lire l'article complet.

Exemple de recyclage
Exemple de recyclage

Vous êtes intéressé par le sujet du recyclage des bateaux de plaisance ? Vous voulez savoir comment les matériaux composites sont traités, quelles sont les initiatives innovantes pour donner une seconde vie aux embarcations, quels sont les enjeux environnementaux et économiques de cette filière ? Alors, ne manquez pas de consulter les nombreux articles sur le sujet disponibles sur le site de BoatIndusty.fr. Vous y trouverez des informations pertinentes, des témoignages d'acteurs du secteur, des reportages sur les projets en cours et des conseils pour participer à cette démarche écoresponsable.

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Aper Eco-organisme #recyclermonbateau
Aper Eco-organisme #recyclermonbateau
(...) "un objectif de 20 à 25 000 unités par an" : cette info est erronée. Ce volume théorique de "20 ou 25000" date de 2019 (date de création de l'éco-organisme), il s'agissait alors d'un volume cible global à horizon 5 ans (jusqu'en 2023). Ce volume a été revu à la baisse dès 2020, l'APER espérant boucler 2023 avec un total quinquennal de 10000 unités déconstruites, depuis 2019. Le volume annuel de bateaux déconstruits est en constante croissance (2393 en 2021 / 2980 en 2022 / objectif de 3000 en 2023).
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