L'Italia Yachts 11.98 est l'archétype d'une catégorie de voiliers aujourd'hui un peu oubliée : le course-croisière. À bord, tout pousse à la performance. L'organisation sur le pont est prévue pour un équipage de 6 à 8 personnes qui voudrait en découdre entre 3 bouées. Et pourtant, les coussins bordés de cuir, les lumières indirectes, la table prévue dans le cockpit et même la plage de bain qui s'ouvre sur le tableau arrière seront les bienvenus au moment de penser à la baignade.
Un plan de pont adapté pour la régate
Nous larguons les amarres du port d'Antibes pour une journée d'essai de ce croiseur qui ne manque pas d'attirer l'œil au quai, en premier lieu par sa très grande largeur. Ici, le maître-bau court jusqu'au tableau arrière. Nous essayons ce voilier avec une configuration barre à roue voulue par le propriétaire. En effet, ce modèle existe aussi en barre franche pour donner encore plus de sensation au barreur, qui se retrouve à la verticale du très grand safran unique qui plonge presque aussi profond que la quille. Ce safran offre un plaisir de barre inégalable qui se ressent aussi avec précision dans les roues disposées bien écartées sur chaque bord.
La grand-voile est envoyée en un clin d'œil, avec un système très malin pour dissimuler le lazy-bag. On déroule le foc qui rase le pont avec son enrouleur installé dans la baille à mouillage. Le piano revient au centre, juste au-dessus de la descente et se déporte sur un winch à bâbord ou à tribord. En arrière dans le cockpit, les winches de foc et de grand-voile sont reculés pour dégager les équipiers de devant. Le régleur de grand-voile a toujours sous la main le chariot, mais aussi un pataras surdémultiplié avec une cascade de poulies.
On apprécie les in-hauler qui règlent en 3 dimensions le point de tire du foc. Très malins, ils reviennent au cockpit sur un seul et même réglage. Ainsi, le réglage sur un bord se retrouve identique sur l'autre bord après le virement.
Le plaisir de la glisse dans le petit temps
Pour la course, le palmarès du 11.98, mis à l'eau en 2021, parle pour lui-même. Ce voilier gagne tout dès qu'il s'aligne sur un départ de course. Certes bien menés, les 11.98 partout dans le monde montrent leur suprématie en régate. De notre côté, les petites conditions avec un vent oscillant entre 5 et 8 nœuds, montrent un bon appétit de ce 40 pieds pour le très petit temps. Le bateau est léger, et par 5 nœuds de vent réel, il se déhale sans souci à 4 nœuds au près. Sa légèreté et la forme en torpille très longue de son lest requièrent une attention particulière pour ne pas ralentir le bateau dans la vague, mais il redémarre aussi sec ensuite.
Au moment d'abattre et d'envoyer le spi, la carène chante différemment. En effet, ce grand spi asymétrique de 139 m2 est bien dégagé de la grand-voile, installé au bout d'un grand bout-dehors fixe en carbone qui sert aussi de delphinière dans cette version croisière.
Des aménagements soignés
Si le pont est confortable, que dire des aménagements de la cabine ? Ce voilier est disponible en trois cabines avec un WC sur tribord et une douche en face sur bâbord. On note les cloisons, des ensembles stratifiés avec la coque, qui assurent la rigidité de la plateforme et forment une séparation entre la cuisine et le carré. Le coin cuisine avec évier et espace de cuisson est sur bâbord. En face, le chantier laisse le choix entre une table à cartes ou un second espace de cuisine avec un second frigo. C'est dans cette configuration que nous avons découvert l'Italia Yachts 11.98.
Les finitions en cuir des banquettes, les cloisons habillées de tissus, les éclairages indirects partout dans le bateau… sont autant de détails qui montrent le soin apporté au confort et aux détails sur un voilier pourtant destiné à aller vite. Les Italiens montrent avec ce 11.98 que les deux ne sont pas incompatibles.
Élégant, avec une carène en forme sans bouchain disgracieux, performant et très doux à la barre, confortable, et fini avec soin, l'Italia Yachts 11.98 ne manque pas d'atout pour réussir une belle carrière parmi les 40 pieds du marché.