Galway Blazer II, première goélette gréée en jonque à faire le tour du monde

Bill King naît le 23 juin 1910. Officier de marine britannique, plaisancier et auteur, il boucle un tour du monde en solitaire en 1973, après trois tentatives avortées. C'est à bord de Galway Blazer II, une goélette gréée en jonque, spécialement conçue pour la circumnavigation, qu'il devient le premier navigateur à accomplir l'exploit sur ce type de bateau.

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Faire construire une goélette à gréement de jonque pour un tour du monde

En 1967, Bill King a l'ambition de faire un tour du monde en solitaire. Il fait construire un bateau à cet effet au sein du chantier de Souter, à Cowes, sur l'île de Wight. Galway Blazer II est une goélette de 42 pieds, conçue par Angus Primrose, inspirée de bateaux chinois que l'officier de marine a découverts lors de voyage. Elle est construite en contreplaqué et moulée à froid. Son gréement en jonque et ses voiles sont basés sur les gréements traditionnels d'Extrême-Orient. Celui-ci est d'ailleurs similaire à Jester, le Folkboat gréé en jonque, utilisé par l'ancien colonel de la Royal Marine Herbert Hasler lors de la première course transatlantique en solitaire, l'OSTAR. Le bateau est d'ailleurs exposé au salon nautique de Londres en janvier 1968.

Bill King © Lukiebaggs
Bill King © Lukiebaggs

Lancement de la première course en solitaire autour du globe

Au même moment est annoncé le départ de la Sunday Times Golden Globe Race, la première course autour du monde en solitaire sans escale. Puisque le projet coïncide avec son envie de circumnavigation, Bill King décide d'y participer. À 58 ans, il est le plus vieux participant de la course. Il expliquera qu'il avait rejoint la ligne de départ le 24 août 1968 pour se remettre psychologiquement des quinze années de services dans des sous-marins.

Rapide et élégant, Galway Blazer II est dépourvu de garde-corps et de haubans, un handicap pour la sécurité. Pour résoudre ce problème, Bill King avait installé un filin d'acier qui s'étendait de la proue à la poupe, et sur lequel il fixait un harnais. Cette méthode sera ensuite copiée par d'autres navigateurs tels que Loïck Fougeron et Bernard Moitessier.

Galway Blazer II © Youtube
Galway Blazer II © Youtube

Une première tentative avortée

Le 31 octobre de la même année, alors qu'il se repose, le bateau est couché dans des vagues de près de 15 m, alors qu'il se trouve au Nord-Est de l'île de Gough, dans les quarantièmes rugissants. Les deux mâts sont brisés et le marin et son bateau sont remorqués jusqu'au Cap. La course est terminée.

Galway Blazer II
Galway Blazer II

La troisième sera la bonne malgré des avaries importantes

En 1969, King tente un nouveau tour du monde, en vain, toujours à bord de Galway Blazer II, réparé. En 1970, il se lance dans une dernière tentative, qu'il réussira malgré plusieurs déboires. Le 12 décembre 1971, alors qu'il est sous le pont, une créature marine endommage son bateau au niveau de la coque. L'homme a alors l'idée de le faire gîter le plus possible pour que le trou soit en dehors de l'eau, et parvient à réparer en trois jours. Il se trouve alors à environ 400 milles de Freemantle, en Australie-Occidentale, qu'il finit par rejoindre. Après de nouvelles réparations, il quitte l'Australie pour enfin boucler son tour du monde le 23 mai 1973. Il devient ainsi le premier marin basé en Irlande à accomplir cet exploit, et Galway Blazer II, la première jonque à terminer une circumnavigation.

Une goélette au gréement jonque, similaire à celui avec lequel Bill King a fait le tour du monde © Don Taylor
Une goélette au gréement jonque, similaire à celui avec lequel Bill King a fait le tour du monde © Don Taylor

Naufrage dans l'Atlantique

Le bateau a ensuite continué à naviguer sur d'autres courses, comme l'OSTAR, avant d'être cédé à Peter Crowther, propriétaire d'un pub du Devon. Bill King s'est éteint en 1992, à l'âge de 102 ans. Son bateau a continué de participer à des courses en solitaire et en équipage, mais aussi navigué en famille. La vie de Galway Blazer II s'achève le 24 juin 1996, lors de la la dixième course transatlantique en solitaire de Plymouth, en Angleterre, à Newport, Rhode Island aux États-Unis. Le bateau coule dans l'Atlantique après des dommages structurels survenus par gros temps. Crowther a d'ailleurs écrit un livre dans lequel il relate ses aventures à bord de son bateau.

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Patrick Leblanc
Patrick Leblanc
Enfin, enfin une jonque dans ce magazine ! Oh, que nous aimerions en voir plus souvent, nous les "rebelles" qui sommes tombés amoureux de ce gréement, et ne pouvons plus concevoir une autre façon de naviguer ! Pour sa facilité (je barre ma goélette comme un Optimist), sa sécurité (chaque panneau de voile est un ris - 5 à 7 par voile -, que l'on prend ou qu'on largue en quelques secondes depuis le cockpit, sans changer de cap), son aspect économique (pas de haubans ni de coûteux accastillage inox ou carbone), et aussi pour le plaisir de barrer un gréement original qui ne laisse personne indifférent. Allez, quelques recherches sur le web, du côté du site de la JRA ( https://www.junkrigassociation.org/ ) par exemple. Et aucun d'entre nous n'est avare d'explications !
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