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Une envie de prendre le large née du confinement
Mederic, 24 ans, moniteur de voile aux Glénans et Marie, sa sœur de 30 ans, développeuse web, ont acheté un Symphonie d'occasion pour réaliser leur rêve de large et réaliser une transat au sextant. L'idée naît lors de l'épidémie de Covid-19, lorsqu'on, confinés à deux, ils s'évadent au travers de vidéos de course au large.
Marie explique "On a suivi le Vendée Globe 2020-2021, et notamment le film sur la course autour du monde d'Alan Roura. Ça nous a donné envie de (re)faire de la voile."
Des stages en dériveur puis en voile habitable pour se former
Si Mederic a navigué de 7 à 10 ans en Optimist, Marie, elle, prend ses premiers cours de dériveur aux Glénans au moment du déconfinement en compagnie de son frère. En 2021, ils réitèrent l'expérience. Méderic poursuit sa formation au centre de voile, qui, en échange d'un programme de bénévolat pour entretenir la flotte, propose des formations à la voile. Le jeune homme switche alors sur un programme de découverte de l'habitable avant d'enchaîner une formation de monitorat et un poste de moniteur en septembre 2022. Marie de son côté, refait également un stage de croisière chaperonné par son moniteur de frère. Depuis, Mederic a obtenu son Yachtmaster offshore et passe actuellement le grade Ocean, qu'il fera valider après une navigation au sextant. Pourquoi pas lier l'utile à l'agréable en réalisant donc cette traversée au sextant.
Elle explique : "J'ai adoré le dériveur, être dehors tout le temps, proche de l'eau. Cette transat, c'est à la fois de l'aventure et de l'évasion, mais aussi des connaissances techniques à apprendre. C'est hyper grisant d'apprendre plein de choses continuellement."
On saute le pas !
Le frère et la sœur imaginent toujours l'achat d'un bateau pour faire leur transat ensemble. Mais ce n'est pas le premier projet qu'ils échafaudent et jusqu'à présent, ça n'a pas donné grand-chose. Ils commencent à penser à l'achat d'un futur bateau, à déterminer un timing de préparation quand Mederic, à la rentrée 2022, lui dit "Il faut y aller."
À la recherche du bateau qui alliera confort et performance
Le projet prend forme, la date est donnée, la transat aura lieu en septembre 2023. Il reste un an pour tout préparer. À commencer par trouver un bateau. Ils établissent un cahier des charges :
- Un des premiers bateaux de course croisière des années 80, de type First, Aquila, Rush, Attalia...
- Un voilier entre 9 et 10 m avec un tirant d'eau de 1,60 m pour affronter les conditions de la transat retour
- Au moins une cabine pour avoir un peu d'intimité
- Une hauteur sous-barrot importante pour ne pas passer son temps voûté
- Un voilier confortable, mais qui avance bien
- Un bateau pas trop cher quitte à réaliser des travaux et avoir l'occasion d'apprendre.
Marie détaille : "On voulait avoir à bord quelques éléments de confort. On cherchait un bateau qui ne soit pas forcément le plus rapide, mais qui soit quand même performant. Un voilier sur lequel on pourrait continuer d'apprendre à naviguer et pourquoi pas aussi faire de la régate."
La perle rare, le Jeanneau Symphonie
Ils trouvent plusieurs annonces sur Le Bon Coin et débutent leurs visites, 6 ou 7, avant de porter leur choix sur Nausicaa, un Symphonie du chantier Jeanneau. C'est un voilier au gréement sloop de 9,5 m de l'architecte Philippe Briand de 1979, qu'ils trouvent dans le Morbihan.
Le frère et la sœur racontent : "Nausicaa est le premier bateau que l'on a visité. On a aussi visité un autre Symphonie très similaire. Il était un peu plus léché et propre à l'intérieur, mais avait peut-être des problèmes structurels. Nausicaa a déjà fait deux fois le tour de l'Atlantique, dont la dernière avec quatre copains à bord. Il avait déjà des équipements hauturiers. Par exemple, notre bateau dispose d'un régulateur d'allure Hydrovane, élément que l'on aurait rajouté et qui aurait nécessité un certain budget. Le Symphonie est un bateau accueillant et grand avec beaucoup d'espace intérieur. De toute la gamme, c'était probablement le plus confortable. Au début on était prêt à faire des compromis sur le confort, mais le projet c'est aussi d'habiter à bord entre frère et sœur aux Antilles."
Un aménagement intérieur spacieux et lumineux avec du rangement
L'aménagement intérieur est effectivement plutôt spacieux pour deux. La pointe avant offre une petite cabine, un cabinet de toilette avec évier et WC est installé à bâbord. À tribord, on découvre un bel espace de rangement. C'est d'ailleurs un point fort de ce modèle, à bord duquel on trouve de nombreux coffres et équipets. Dans le carré, très lumineux, on trouve une banquette en L sur bâbord, une seconde banquette double sur tribord et une immense table de carré devant l'épontille, qui se convertit également en couchage supplémentaire. La cuisine en L dispose de deux éviers, d'une gazinière four sur cardan et d'un réfrigérateur que le frère et la sœur n'utiliseront pas pendant leur voyage. Enfin, à tribord, une belle table à carte est à proximité immédiate de la descente, avec une couchette cercueil sur l'arrière. La descente mène à un petit cockpit baignoire fermé sur l'arrière et doté d'une barre franche.
Le jeu de voile est composé d'une grand-voile en état moyen, d'un génois à recouvrement lourd et d'un génois léger, d'un solent arisable pour remonter au vent, d'un tourmentin, d'un spi symétrique plutôt léger associé à un tangon. Un foc manque à l'appel, les voiles ayant été toutes déchirées.
Achat et prise en main de 10 jours sur la côte Atlantique
Après une visite en août, et une navigation à son bord dans la foulée, le bateau est acheté le 9 septembre 2022 pour un prix de vente négocié de 13 000 € au lieu des 18 000 € demandés.
Mederic explique : "On a pu négocier le prix, car certains éléments n'étaient pas en bon état. Le jeu de voile d'avant est déchiré par exemple."
Mederic et Marie récupèrent leur bateau le 18 septembre et partent 10 jours en navigation. S'ils auraient aimé traverser la Manche pour aller rendre visite à leur frère qui vit en Angleterre, les conditions ne s'y prêtent pas. C'est donc le long des côtes Atlantiques qu'ils prennent en main leur monture.
Un bateau de petit temps, performant au portant
Ils expliquent : "On avait un grand génois à recouvrement très lourd, mais c'était chouette, car au portant, le bateau avançait vraiment bien. Très rapidement, on naviguait à 6 noeuds en moyenne. Au portant, on va vite. Au près, il est moins stable et ne remonte pas très bien à cause de ce grand génois hyper creux. Les gens parlent souvent de bateau de près ou de portant et on s'est vite rendu compte que Nausicaa était clairement un bateau de portant. Et c'est très bien pour la transat ! Dans le petit temps, on est entre 5,5 et 7,5 noeuds. C'est vraiment agréable d'avoir un bateau qui avance dans le petit temps."
Un refit avant le grand départ
Depuis début décembre 2022, Nausicaa est au chantier à Lorient. Mederic et sa sœur y passent une grande partie de leur temps pour terminer ce grand refit avant de prendre le large. Par le biais de formations, de vidéos, ils se forment à l'électronique, la mécanique, l'électricité... et réalisent eux-mêmes les travaux. Ils espèrent remettre le bateau à l'eau à la fin du mois de mars, qui dispose d'une nouvelle place de port à Lorient centre. Ils pourront y continuer les travaux et Marie pourra y naviguer le soir après le travail.
De gros points forts et un inconvénient
Mederic et Marie concluent : "Le Symphonie est un bateau avec un vrai confort à bord et qui avance bien au portant. On est finalement content d'avoir choisi un bateau de série, même si au début ce n'était pas dans le programme. Tout le monde le connaît, on trouve des pièces facilement, on peut en discuter sur les forums. Le point faible, c'est finalement que bien qu'il ait été plutôt bien entretenu par ses 5 ou 6 propriétaires successifs, il n'est plus tout jeune et il y a des choses qui s'usent."