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Un voilier pour habiter
À 18 ans, Thomas est au lycée maritime et projette son entrée en BTS à Saint-Nazaire, mais en alternance. Originaire de La Rochelle, il navigue beaucoup en planche à voile, et avec ses parents sur Impulsion, le Quarter-tonner familial. Pour se loger durant ses études, il part donc à la recherche d'un voilier pour le déplacer entre son lieu d'étude et Lorient où est située son entreprise d'alternance. Au début, ses choix se portent vers des voiliers autour de 30 pieds. Il en visite plusieurs, notamment un First 31.7 qui lui fait de l'œil, mais il découvre derrière les annonces, des voiliers en piètre état. Finalement, c'est sur un Bavaria 38 de 1987 qu'il va s'arrêter. Ce voilier, certes plus gros, est au même prix et ne présente qu'un moteur fatigué.
Un banquier coopérant
Pour financer les 35 000 €, Thomas va faire un prêt dans une banque. Le prêt étudiant n'est pas accepté, mais adossé aux salaires qu'il va toucher de son alternance, le banquier le suit pour un prêt traditionnel. En mai 2020, à 18 ans, le voilà propriétaire d'Obsession, alors qu'il n'a même pas encore débuté son BTS !
Un voilier navigable
Le bateau est prêt à naviguer. Aidé par son papa, Thomas va remettre le moteur en route. "Ce n'était que des petits problèmes avec des durites poreuses à remplacer et une légère fuite d'huile, pour laquelle on a changé un joint spi."
Côté gréement, Thomas préfère remplacer le dormant. Les voiles sont bonnes avec un génois en Hydranet, une grand-voile correcte et une trinquette sur étai largable. Un spi Triradial complète la garde-robe.
Côté électronique, il installe une centrale NKE et conserve le pilote automatique Autohelm. "J'ai pu faire ces choix, car j'ai emprunté un peu plus que le prix d'achat du bateau."
Habiter à bord, un plus pour sa formation
Aujourd'hui, Thomas vit à bord de son Bavaria 38. Il apprécie cette dualité entre son apprentissage théorique et la réalité qu'il rencontre dans son bateau. "En habitant à bord, il faut compter une emmerde par semaine. J'ai eu un incendie sur le ponton qui m'a créé une surtension à bord et grillé le frigo. Du coup, je me suis penché sur le circuit 220 V et j'ai recréé une installation propre et protégée. Idem avec une fuite d'eau douce sous l'évier de la cuisine, un tuyau trop vieux qui s'est fissuré. J'ai retrouvé les 350 litres de la soute dans la cale. Mais surtout, j'ai découvert que le compresseur du frigo est juste sous l'évier, évidemment bien arrosé en cas de fuite…" Ces petits aléas le poussent à réfléchir quand il dessine des plans pour sa formation.
Un Bavaria 38 très confortable
Thomas apprécie ce Bavaria pour la vie à bord. L'immense cuisine en L est très confortable, avec de beaux espaces pour cuisiner. Son Bavaria est en version 2 cabines, ce qui dégage un très grand coffre dans le cockpit : "Idéal pour ranger le matériel de planche à voile !" Il aime aussi beaucoup l'accès moteur depuis la cabine arrière. Mais surtout, il considère son voilier comme un vrai "coffre-fort". Très marin, il n'a pas peur d'affronter les mauvaises conditions.
Revers de la médaille, ce voilier est lourd : "La dernière pesée sous la grue annonce 9,5 tonnes… Du coup dans les petits airs, on fait souvent appel à la risée Volvo. En dessous de 10 nœuds de vent, il faut s'appuyer au moteur."
Autre inconvénient, le safran est plus profond que la quille. Il plonge à 1,80 m, alors que la quille est à 1,70 m. Cela a valu à Thomas une mauvaise surprise lors d'un talonnage, quand le safran s'est cassé en 2 : "Il ne restait plus que 50 cm sous la coque. La manœuvre de port a été un peu chaude !"
Thomas aime bouffer des milles
Aujourd'hui Thomas habite à bord, mais surtout navigue. Il y a son convoyage mensuel de 50 milles, qu'il fait en 10 h environ. Parfois seul, ou accompagné d'amis ou de ses parents. Pour la place de port, il n'a pas d'emplacement attitré et s'amarre en visiteur à Lorient et à Pornichet.
Thomas aime la navigation à l'ancienne. S'il possède un GPS et une VHF à bord pour sa sécurité, il pratique l'estime avec une règle Cras sur une carte papier. C'est son plaisir. En plus, il participe à de nombreuses régates en tant qu'équipier sur des séries comme les 8 m JI, l'IMOCA, le Mini 6.50 et même en planche à voile. D'ailleurs, c'est dans la régate qu'il se construit son avenir à la sortie de sa formation à l'automne 2023.
En effet, Thomas est officiellement équipier sur Neptune, un voilier concurrent de l'OGR, une réplique de la Whitbread. Chaque équipage doit avoir un jeune de moins de 24 ans au départ de la course. Thomas n'aura que 20 ans !