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Marie et Lucien rêvent. Ce jeune couple rêve de voilier, de vivre sur un bateau et pourquoi pas, un jour, de larguer les amarres. Au début de leur rencontre, ils parlent d'habiter sur un bateau, un peu sur le ton de la plaisanterie, mais rapidement l'idée prend corps, elle devient sérieuse.
Un Kelt 6.20 pour se faire la main
Après avoir trouvé un emploi, les voilà qui achètent leur premier voilier : un Kelt 6.20. L'objectif : se faire la main. Car si les deux tourtereaux ont des envies de large, ils ne savent pas vraiment naviguer.
Ce premier voilier a sa place de port sur une bouée à Gravette, près de Pornic. Ils vont le garder 1,5 an. Dans leur "plan", le jeune couple devait se mettre à la recherche de "leur maison sur l'eau" à partir du début 2023. Mais l'envie fait qu'ils épluchent déjà les petites annonces et se rendent au salon de l'occasion au Crouesty fin octobre 2021.
Un Feeling 10.90 sinon rien !
Pour eux, le modèle idéal est un Feeling 10.90. Ce modèle, construit entre 1985 et 1995 par le chantier Kirié, est dessiné par Philippe Harlé. Si Marie et Lucien sont attirés par ce voilier, c'est après avoir épluché les forums de grand voyage et lu de bonnes critiques dessus. Mais sans jamais l'avoir visité ni essayé… Pour autant cette bonne réputation rend les occasions rares et surtout assez chères.
40 000 € de dispo
Comme partout, l'argent reste le nerf de la guerre. A eux deux, le couple peut réunir environ 40 000 €. Or les annonces de Feeling 10.90 tournent plutôt autour de 50 000 €, voire plus. N'étant pas pressés, Marie et Lucien continuent de fouiller les sites de vente. Mais une annonce va tout déclencher… Ou plutôt 3 annonces postées quasiment simultanément.
3 annonces simultanées
Le premier est un Feeling 10.90 avec le rouf en sifflet proposé à 50 000 €. Mais ce n'est pas le modèle souhaité par le couple, qui préfère la version avec rouf court avec des hublots zénithaux.
Un autre Feeling 10.90, cette fois dans la bonne version, est à vendre 45 000 € en Irlande. Cette fois, ça sent bon. Marie et Lucien prennent leur billet pour partir le visiter. Une banque est contactée avant, pour voir si elle veut bien faire le joint entre leurs économies et le prix de vente annoncé : Réponse positive. Ça sent très bon !
Hélas, la visite va rapidement mettre fin au rêve. Le bateau a le mât flambé, très peu d'équipement et quelques doutes au niveau de la quille… Ce ne sera pas celui-là. Toujours en Irlande, très déçue, Marie ne lâche pourtant pas l'affaire. Elle contacte un chantier à Bayonne qui a un Feeling 10.90 à vendre, mais au budget de 56 500 €… et non négociable.
Coup de foudre à Bayonne !
La visite est tout de même organisée et c'est le coup de foudre. Le bateau rentre d'une grande croisière vers le Sénégal en partenariat avec l'association Voile sans Frontière. Il est très bien équipé avec GPS, AIS, radar, panneaux solaires… Il faut juste réviser le radeau de sauvetage pour repartir ! Et surtout, son propriétaire en a pris soin avec amour.
Reste la problématique question du budget. Si le banquier ne veut pas élargir la cagnotte, c'est finalement auprès de la famille que Marie et Lucien trouveront de quoi acheter Ibaia, ce Feeling 10.90 fin juin 2022.
Une place à Pornichet pour l'hiver
Côté place de port, Marie, qui travaille à Pornichet, réussit à négocier une place pour l'hiver à venir, à condition d'accepter de changer de place au besoin. Marie va passer une semaine à bord à Bayonne avec l'ancien propriétaire, histoire de découvrir de fond en comble le bateau. Puis vient le moment du convoyage Bayonne-Pornichet.
Initialement prévu avec l'ancien propriétaire, celui-ci leur confie que vu la météo, ils seront tout à fait capables de prendre le large tous les deux. Petit moment de stress pour ce jeune couple qui passera sa première nuit en mer, mais grand plaisir de découvrir la joie de naviguer sur leur bateau. L'arrivée aux Sables-d'Olonne après 42 h de mer, sous un violent orage, restera à jamais gravée dans leur nouvelle tête de marin.
Vie à bord avec le chat
Depuis, une vie à bord s'est installée. Ibaia est devenu leur maison, ainsi que celle du chat Rio. La version 2 cabines dégage une grande salle d'eau au pied de la descente à tribord et surtout un très grand coffre derrière. Si grand que l'ancien propriétaire a décidé de le diminuer en créant un placard accessible au-dessus des toilettes.
Car les rangements ne sont sans doute pas le point fort de cette unité. D'ailleurs, quatre équipets ont été ajoutés dans le carré à bâbord, et Marie et Julien pensent en ajouter des identiques à tribord. Toujours pour augmenter les rangements. Sinon la cuisine en U est confortable, permettant de se caler, quelle que soit la gite. Marie a même fait la cuisine au près.
Le couple occupe la cabine arrière et laisse la pointe avant aux invités. En appoint, la couchette dans le carré peut se transformer en lit double, bien pratique en navigation. Mais c'est surtout les grands hublots zénithaux qui ont séduit, avec la lumière qu'ils apportent. "En plus", ajoute Marie, "c'est très pratique pour regarder sous le génois en nav'". Justement, le confort à bord est aussi très apprécié sur cette unité, que ce soit en navigation ou au port. Large, il est très rassurant en mer pour cet équipage novice.
Un voilier comme maison
La vie à bord, au port pour l'instant, se passe bien. Même si ce n'est pas exactement comme à terre : "Quand à 23h, il faut sortir sous la pluie pour resserrer les amarres, on aimerait rester au chaud. Ou encore quand on cherche le chat sur tous les pontons avant le passage d'un coup de vent. Mais sinon, cette nouvelle vie se passe très bien."
Pour l'instant, les navigations sont à la journée. Un peu moins en hiver où la météo le weekend n'est pas toujours propice. Même si le bateau a été très entretenu, il reste encore des choses à faire : "J'aimerais réaliser un peu d'optimisation cosmétique, mais sinon pas de gros travaux en vue. Nous avons prévu une sortie d'eau pour soigner une légère osmose sur l'avant et à cette occasion de réfléchir à un antifouling plus permanent, sans doute de type silicone. Et pour mieux vivre à bord l'hiver, nous avons demandé un devis pour fermer totalement le cockpit entre le bimini et la capote avec des parois sur les côtés."
Pour l'instant, le départ en grand voyage n'est pas encore à l'ordre du jour. Mais pas de doute sur cet objectif, comme le prouve le nom de leur page Instagram @Au_bout_du_sillage…