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Des bateaux ultimes dans tous les sens du terme
Charles Caudrelier a établi une performance extraordinaire en ralliant Saint-Malo à Pointe à Pitre en moins de 7 jours, exactement 6 jours, 19 heures 47 minutes et 25 secondes sur la Route du Rhum. Le talent du marin est incontestable, celui des architectes et constructeurs de l'Ultim Maxi Edmond de Rotschild aussi. Ces machines ont le potentiel de nous faire rêver. La facture a aussi de quoi impressionner ! Si les teams ne communiquent pas officiellement le coût des bateaux, un trimaran Ultim 32-23 neuf atteint actuellement autour de 15 M€.
Seulement 4 jours plus tard, Erwan Le Roux bouclait le parcours de la Transat en 10 jours, 21 heures 35 minutes 52 secondes, sur un Ocean Fifty moitié moins long. Mais aussi nettement moins cher, un écart d'environ 10 M€. Le premier monocoque IMOCA de Thomas Ruyant passait la ligne peu après en 11 jours, 17 heures, 36 minutes et 25 secondes. Le budget pour un IMOCA neuf tourne autour des 6 à 7 M€.
Et une semaine après le 1er arrivé, Yoann Richomme passait la ligne d'arrivée en Class40 en 14 jours, 3 heures, 8 minutes et 40 secondes. Son bateau, de 12 mètres, ne coûte à l'achat "que 600 à 700 000 €".
Quel est le prix du mille ?!
Exposés ces résultats, une question se pose. La semaine gagnée sur une Transat est sans conteste impressionnante technologiquement et sportivement. Mais le prix des noeuds de vitesse gagnés et de la semaine en moins est énorme. Economiquement, on parle de plus de 10 M€. Environnementalement, les grands multicoques font appel au carbone et autre titane à tous les étages, quand la Class40 utilise moins de matériau, les bateaux étant de taille plus modeste, et privilégie des constructions plus raisonnables, en fibre de verre.
Il n'est pas question ici de jeter l'opprobre sur la course au large. Même si la moto existe, le vélo passionne. Et en voile, comment peut-on passionner le grand public pour les petits bateaux ? A l'heure où les sponsors ne peuvent plus se permettre le risque d'accusation de greenwashing et de soutien à des sports polluants, la voile doit anticiper et accélérer son verdissement si elle ne veut pas perdre ses financements. Une opportunité à saisir pour des classes de bateaux plus modestes et sobres. La Class40, et le Mini avant elle, ont montré que les innovations architecturales n'avaient pas toujours besoin de gigantisme.
En attendant, une semaine de course de plus, c'est une de plus pour le plaisir des accrocs à la cartographie...