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Après plusieurs années sur le circuit Figaro, Xavier Macaire et son sponsor, Goupe SNEF ont décidé de se lancer dans un projet de plus grande envergure : la Class40. Construction d'un nouveau bateau, concurrence, analyse de la classe… Xavier Macaire répond à nos questions.
Tu as intégré la Class40 depuis 2022. C'était la suite logique après des années en Figaro ?
C'était une des suites possibles parmi d'autres. En concertation avec mon sponsor, le Groupe SNEF, c'est la suite que l'on a donnée au partenariat et à mon parcours. C'est intéressant d'accéder à la Route du Rhum dans une classe dynamique, avec des bateaux nouveaux, un intérêt sportif, un grand niveau. C'est un grand plateau où il est possible de construire de nouveaux bateaux accessibles financièrement. La classe fait attention à garder des bateaux raisonnables. C'est pour cette raison qu'on ne construit pas en carbone, qu'il n'y a pas de foils…
Mon sponsor avait envie de renouveau, après 20 Solitaire du Figaro avec Jean-Paul Mouren et 5 avec moi. J'avais aussi besoin de nouvel air.
Peux-tu nous présenter ton bateau, un Pogo 40 dessiné par Guillaume Verdier. Pourquoi ce choix, quelles en sont les caractéristiques ?
J'ai fait ce choix pour plusieurs raisons. D'abord, c'est un architecte reconnu dont la philosophie me plait beaucoup. Le bateau est optimisé pour être rapide et fiable au portant, allures de prédilection sur les transats. J'ai aussi confiance dans le chantier Structures, qui a un savoir-faire dans la construction. Je naviguais en Pogo 2 pendant mes années Mini, et j'ai de très bonnes relations avec le chantier. En termes de coût, c'était aussi moins cher qu'un bateau prototype. Nous avions un budget serré pour l'achat du bateau, et le montage était raisonnable. Les délais aussi.
Où en es-tu de la prise en main de ton bateau depuis sa mise à l'eau en mars dernier ?
En une petite saison, j'ai déjà bien navigué. J'ai fait deux courses, un convoyage vers Marseille, un stage d'entrainement de 4 jours… On a fait pas mal de tests de rodage, de développement… On est assez content de ce que l'on a fait.
Je ne le connais pas encore par cœur, mais j'ai une idée de ses capacités, des manœuvres, des configurations de voile, des ballasts. Globalement, j'ai pu constater en Figaro 2 et 3 qu'il faut 3 ans pour bien connaitre un bateau. On a bien dégrossi, mais pas dans les détails. Après la Route du Rhum, je serai peut-être en phase.
Quel bilan peux-tu tirer de tes premières navigations et course ?
On a bien travaillé sur la préparation du bateau. Il a du potentiel. Je me sens en phase avec ce bateau, avec la Class40, avec ce type de course et de parcours. C'est une classe avec de la concurrence. Il y a de beaux challenges de développement à faire. De passer du Figaro au Class40 augmente la taille du projet. J'ai une plus grosse équipe, un plus gros budget. Ça demande de la coordination et du travail. En Mini, j'étais seul. En Figaro, j'avais un attaché de presse et un mediaman. En Class40, l'équipe est plus nombreuse, j'ai deux préparateurs, une personne qui m'aide sur la logistique et la communication. Ça s'étoffe et c'est intéressant.
Est-ce que tu as réalisé un chantier d'été malgré la mise à l'eau récente ?
Le petit chantier du mois d'aout, a consisté à refaire la peinture de quille et de safran. Il n'y a pas eu de révolution.
Quel sera ton objectif sur cette première Route du Rhum ? Est-ce que ton palmarès sur le circuit Figaro peut faire peur à la concurrence ?
Mon habitude de performer était très utile pour la Dhream Cup. C'était un format étape de Figaro, 4 jours 4 nuits, à longer les côtes anglaises, traverser la Manche, aller au Fastnet. Je connais ce parcours par cœur en Figaro.
Là, on part pour une Route du Rhum, en transat. C'est plutôt une situation de météo océanique et non pas côtière et semi-hauturière. Il y a de grands choix et des options stratégiques à prendre, avec une route nord ou sud sur de grandes échéances de temps. Ou alors la route sera tracée devant nous.
J'ai déjà fait quatre transats, mais je vais m'adapter et être bon dans cette manière de faire qui n'est pas celle Figaro. Je vais me concentrer là-dessus, j'ai envie de bien faire.
Que penses-tu du niveau de la Class40 et surtout du nombre incroyable de participants à la course ?
C'est génial ! Les bateaux sont formidables. Les nouveaux scows sont dingues ! Avec 12 nœuds de vent, on peut aller à 13 nœuds sous gennaker, avec 20 nœuds, on peut aller à 18 nœuds !
C'est une classe qui reste accessible sans avoir de très gros partenaires, à des professionnels comme à des amateurs. Elle n'est pas du tout pour une professionnalisation de la série, et c'est très bien que des amateurs puissent venir. Plus le nombre d'adhérents augmente, plus le niveau s'élève, avec des nouveaux bateaux qui suivent l'évolution des courses et des transats.
Est-ce que le tour du monde en Class40 pourrait être dans tes projets ?
Dans l'imaginaire, ça me fait rêver. Mais je ne suis pas prêt. D'une pour des raisons familiales. J'ai des enfants en bas âge, et ce n'est pas facile de concilier une vie de skipper et une vie de famille. Ma priorité est de faire des résultats, mais aussi de trouver un équilibre familial. C'est aussi un projet onéreux.
Actuellement, je trouve ça un peu touchy de partir en Class40 en tour du monde. Il faudrait une préparation spéciale. Il faudrait aussi renforcer le bateau ou le concevoir spécialement pour. Aujourd'hui, je ne suis pas serein.