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Au départ, Jean-François ne cherche pas à acheter un Muscadet. Le voilier qu'il souhaite, c'est un Ecume de mer. Cependant, considérant son budget, il se replie vers le premier, plus petit, moins cher, qui se négocie à l'époque entre 20 et 25 000 francs. Le sien, il l'obtient à 30 000 francs, une somme, mais dans un état quasi neuf. Fidèle à son idée de départ, il ouvre cependant un compte pour économiser le prix du futur bateau, plus grand, qu'il s'offrira à la retraite.
Un voilier parfait pour la croisière côtière
Son Muscadet, baptisé Gilboy, porte le numéro 568. Il a été dans les derniers à sortir des chantiers Aubin, près de Nantes, en 1978. Son état excellent ne nécessite pas de travaux. A départ, Jean-François ajoute simplement un loch sondeur, pour un programme de navigation qui relève plus de la croisière que de la régate.
Les premiers temps, c'est avec des copains qu'il navigue sur les côtes françaises, de Granville à Arcachon. Puis, il partage sa passion de la voile avec sa femme à bord du Muscadet et bientôt avec leurs deux fils. Cela en fait du monde sur un voilier de 6,40m !
Un espace habitable très bien conçu
Le voilier est cependant parfaitement bien aménagé pour optimiser tous les espaces. Dans la pointe avant, une grande couchette double avec des rangements sur les côtés, et une petite bibliothèque tout au fond. Au centre du bateau, un espace cuisine à bâbord et une vaste table à carte à tribord. Puis, deux couchettes cercueil à l'arrière.
Jean-François rajoute au fur et à mesure quelques équipets et filets de rangement, un petit panneau solaire sur le coffre arrière, et même tout un équipement hauturier avec balise, VHF, ligne de vie et survie. Sait-on jamais si les navigations les emmenaient loin, le Muscadet n'est-il pas taillé pour la transat ?
Un confort spartiate pour des navigations en toute simplicité
Bien sûr, comparé aux critères de confort actuel, le Muscadet est relativement spartiate. Il ne dispose pas de toilettes ou de douche, les adultes ne tiennent certainement pas debout à l'intérieur et il n'y a pas de chauffage. Mais pour des navigations estivales, ce n'est pas bien grave. On s'arrange avec une douche solaire ou un pulvérisateur, un seau et les côtes françaises pour jardins et terrain de jeu.
Un comportement marin très sécurisant
Pour Jean-François, les points forts essentiels du Muscadet sont ses qualités marines indéniables. Jamais il ne s'est senti en danger sur son voilier, même dans les pires coups de vent. Le Muscadet secoue, vibre, mais résiste à tout.
Même quand il perd son safran devant l'île d'Yeu à cause d'une pièce dessoudée, il se sent en confiance pour rentrer à la voile aux Sables-d'Olonne avec l'aide de son aviron. Pareil lorsqu'une pièce du vit de mulet lâche devant Saint-Malo, alors qu'il prend un ris par force 7.
Pire encore, lorsqu'il se fracture le pied en se cognant sur la barre d'écoute dans le cockpit, il arrive à mener son bateau à Vannes avant de terminer à l'hôpital. Il en ressort avec un plâtre et remonte derechef sur son voilier pour le ramener à Royan...
Des frais d'entretien tout à fait raisonnables
De plus, sur un bateau de cette taille, l'entretien, l'accastillage, les places de port et toutes les manutentions ne sont pas trop chers. Toutefois, pour une bonne conservation et éviter d'avoir à repeindre trop souvent, il est préférable, dit-il, d'abriter le voilier pendant l'hiver sous un hangar ou, à défaut, de le couvrir avec une bâche intégrale.
Posséder un Muscadet, c'est aussi faire partie d'une grande famille. L'Association des Propriétaires de Muscadet, ou APM, anime le réseau de main de maître en proposant rencontres, évènements, entraide et conseils.
Un bateau pour toute une vie
Finalement, l'heure de la retraite a sonné pour Jean-François. Alors qu'en est-il pour son fidèle Muscadet ? L'argent économisé pour le bateau plus grand a, en réalité, été dépensé pour les études des enfants et c'est aussi bien comme ça. Jean-François n'a pas besoin d'un bateau plus grand.
Celui-là, il le connaît sur le bout des doigts. Il représente une somme de souvenirs, toute une vie. Et puis, il a encore de beaux jours devant lui. Jean-François prévoit déjà de ramener l'ensemble des commandes au cockpit pour simplifier les manœuvres, en prévision des prochaines navigations.