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Avant d'être des voies navigables, nos cours d'eau sont d'abord des fleuves et des rivières, vivants et soumis aux aléas climatiques. Pour réagir au mieux, il est important de réfléchir en terme de bassin versant, c'est à dire de regarder le réseau hydraulique qui conflue avec la rivière concernée. Pour cela l'expérience est utile, mais pas autant que le site gouvernemental Vigicrues, qui offre un outil de prévision et de prévention précieux.
Une vision d'ensemble
Si la canalisation a permis de réguler les niveaux et les débits des cours d'eau naturels, il arrive pourtant que la nature reprenne ses droits. La voie d'eau est dite "en crue" sitôt que la navigation y devient problématique, sans même parler de débordement. Une crue ne se limite pas à une hausse ponctuelle du niveau de l'eau. Les conditions peuvent sembler encore maniables, alors que le grossissement des affluents prépare une hausse sensible qui rendra la navigation difficile voire dangereuse.
Des signes précurseurs
Une accélération du débit, une hausse du niveau, mais aussi une eau qui se charge en sédiments sont des signes qui ne trompent pas. S'il existe une échelle de crues à proximité, sa lecture est une bonne indication. Pour confirmer vos observations, le mieux est d'appeler le service de la navigation, ou un loueur local. Ceux-ci suivent les variations du niveau de l'eau avec une attention maniaque.
Que dit le règlement ?
Les cotes d'alerte concernent surtout les terriens. Bien avant de les attendre, des ouvrages de navigation seront submergés, le courant sera fort et le risque d'une avarie due à un objet flottant sera accru. Le Règlement Particulier de Police de chaque voie d'eau fixe un seuil au dessus duquel il n'est plus possible de naviguer. Parfois ce niveau est matérialisé en rive par des panneaux PHEN qui indiquent les Plus Hautes Eaux Navigables. Lorsqu'ils ont les pieds dans l'eau, il vaut mieux avoir mis votre bateau en lieu sûr.
A chaque cours d'eau, son rythme
Il convient bien sûr de tenir compte des caractéristiques locales : forte pente et vallée encaissée ou rives basses et dégagées qui permettent un épanchement naturel, nombre et importance des affluents... Les eaux d'une rivière bordée de plaines monteront moins rapidement que celles d'une autre enserrée entre deux falaises. En effet, l'eau pourra ainsi s'épancher, inondant les prés riverains mais ralentissant le débit et limitant la hausse du niveau.
Quelques définitions utiles :
- Étiage : débit minimal d'un cours d'eau en période de basses eaux.
- Bassin versant : il s'agit de l'aire géographique d'alimentation en eau d'une rivière regroupant tous ses affluents.
- Exutoire : point le plus en aval d'un réseau hydrographique par lequel passent toutes les eaux de ruissellement drainées par le bassin versant.
- Lit mineur : lit ordinaire du cours d'eau. Il s'étend du niveau d'étiage à celui des crues fréquentes.
- Lit majeur : espace géographique comprenant toutes les zones basses de part et d'autre du lit mineur. Sa limite est celle de la crue maximale vraisemblable.
- Crue centennale : événement ayant une probabilité sur cent de se produire au cours du siècle.
- Embâcles : accumulation de déchets et matériaux charriés par la crue et qui peuvent former des barrages retenant l'eau ou au contraire, la libérant d'un coup.
- PHEN : Plus hautes eaux navigables. Marques de hauteur d'eau
- RPP : le Règlement Particulier de Police précise la cote à partir de laquelle la navigation n'est plus autorisée.
- Vigicrues : site gouvernemental d'alerte et de suivi des crues
Le site gouvernemental Vigicrues permet le suivi d'un épisode de crue bassin par bassin. Dès qu'une hausse sensible se produit ou avant d'entreprendre une navigation, il est prudent de s'y référer. On comprendra aisément que si la hausse est avérée en amont, l'onde de crue va se propager en aval et qu'il vaut mieux surveiller ses amarres.