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La Bretagne est une terre de traditions ! On y construit des bateaux tout en bois sur le modèle des embarcations anciennes. Le Chantier Bretagne Bateaux Bois s'est fait une spécialité de ces unités aussi simples qu'efficaces. Partons à Saint-Congard sur les rives de l'Oust, à la rencontre de ces hommes qui transforment les arbres en bateaux !
Des arbres, aux planches !
La scierie Année a été créée en 1932. Quatre générations plus tard, les arrière-petits-fils du fondateur dirigent une maison qui a prospéré. Pour s'adapter aux évolutions du marché, la scierie a choisi de proposer de nouveaux produits : bacs à fleurs, potagers carrés, pergolas, abris de jardin et désormais des bateaux. La maison ne travaille que des bois de pays, pin maritime et Douglas en particulier.
Dessins traditionnels
C'est à bord d'un petit pêche-promenade que Nicolas Année découvre le nautisme. Une découverte qui s'est muée en passion, alimentée par la lecture du bel ouvrage de Jacques Guillet sur la batellerie bretonne. Il y trouve des relevés de plan des pénettes et cahotiers. Séduit par ces bateaux traditionnels, parfaitement adaptés à leur environnement et au mode de construction rustique, Nicolas Année comprend qu'il dispose avec la scierie de la meilleure source de matériaux possible.
Une série de toues cabanées
Un premier bateau est construit, une barque assez grossière, puis d'autres suivent, nettement plus élégants. Des modèles couverts pour les sorties à la journée, mais aussi une toue de Loire cabanée, de 10 mètres de long pour 2,90 mètres de large. Piqué à son tour par le virus, Samuel, le frère cadet, construit une toue de 13 mètres par 3,60 mètres, pour en faire sa résidence. Un cahotier cabané de 17 m suit, puis toute une flotte de bateaux de location à la journée.
Une tradition locale
Tout est rustique, de la structure aux finitions. Les bordés sont en résineux sur membrure en chêne. Le bardage vissé inox est en clins de pin Douglas sur pare-vapeur. L'isolation est composée de liège, tandis que l'étanchéité de la toiture est assurée par une feuille de caoutchouc à base de pneus recyclés. Pour rester fidèle aux bois locaux, les panneaux de contreplaqué des cloisons intérieures sont en peuplier et non en okoumé.
La simplicité du circuit court
En visitant le chantier, on est frappé par la simplicité des choix techniques qui vont jusqu'à éviter toute quincaillerie superflue. Ainsi, les portes coulissent dans une rainure plutôt que sur un rail. Simple ne veut pas dire au rabais : l'ensemble de l'accastillage de pont est en inox et le profil des bois extérieurs est arrondi pour éviter que l'eau n'y stagne. A l'intérieur, les circuits d'eau et d'électricité sont minimalistes. Le chauffage est confié à un poêle à bois et la partie sanitaire est constituée de toilettes sèches. Pour ces usages, copeaux et chutes de bois ne manquent pas !
Une cabane de trappeur sur l'eau !
Les frères Année ont construit une série de pénettes cabanées sur une coque de seulement 4,90 m par 2,40 m, idéales pour se poser au coeur des roseaux du Mortier de Glénac, le temps d'un affut photo ou d'une soirée loin de la civilisation. Une sorte de cabane de trappeur flottante aussi basique que géniale ! La belle plage avant ouvre sur un habitacle rustique et chaleureux. Deux banquettes en lattes de bois portent les matelas. La table est une rondelle de bois, le meuble cuisine est constitué de 2 casiers et un réchaud portatif vient compléter le poêle à bois.
Le choix de l'électrique
La propulsion est bien sûr électrique et les 4 batteries de 170 Ah en 24 Volts offrent une autonomie de 11 heures au régime de croisière et de 6 heures en utilisant la pleine puissance. Un choix assumé également pour les bateaux de location. Le bateau est parfaitement adapté à son programme, qui est d'offrir un mode de navigation doux et respectueux de l'environnement.
Les bateaux des frères Année sont construits à l'unité, souvent pour des usages privés. Ils disposent pour cela d'un atelier au bord de l'eau, de tous les matériaux voulus et du savoir faire pour les mettre en œuvre. Si vous passez par là, prenez le temps de vous arrêter respirer le parfum de résineux au bord de l'Oust. Les bois de votre futur toit flottant pourraient bien être déjà en train de sécher sur le parc de la scierie !