Auxerre, Nevers, le Château de Guédelon… Le canal du Nivernais foisonne de tous ces endroits que chacun connaît sans savoir avec précision les placer sur une carte de France. Et pour cause, le nord de la Bourgogne est à la fois proche des grandes métropoles et proche de la campagne.
A la fin du XVIIIe siècle, il était nécessaire de trouver un moyen efficace pour transporter le bois provenant des forêts bourguignonnes à destination de la capitale. L'idée vint alors de relier les bassins de la Loire et de l'Yonne. Les années révolutionnaires pointant le bout de leur nez, c'est finalement en 1841 que le canal du Nivernais a été ouvert officiellement.
Ce joli canal nous est présenté par Renaud Cavelan. Renaud est régisseur du port de Châtel-Censoir depuis 2015. Son arrière-grand-père était capitaine et propriétaire de ce port dans les années 30. Autant dire que Renaud a de l'eau du canal qui coule dans les veines !
Yonne ou Seine ?
Le canal du Nivernais relie-t-il la Seine à la Loire ou l'Yonne à la Loire ?
A Montereau-Fault-Yonne se rejoignent la Seine et l'Yonne. Ici, la Seine a un débit moyen de 80 m3/seconde pour un bassin-versant de 10 100 km2, et l'Yonne de 93 m3/sec pour un bassin-versant de 10 836 km2. En application des règles de l'hydrologie, le cours d'eau qui a le plus grand débit reçoit les eaux de l'autre. Ici, donc, c'est bel et bien l'Yonne qui accueille la Seine et le fleuve qui coule aux pieds de la Tour Eiffel aurait dû s'appeler l'Yonne.
Mais l'Histoire en a décidé autrement … Le canal du Nivernais relie la Loire à l'Yonne !
La nature aux portes de Paris
"Depuis la gare de Paris Bercy" explique Renaud "la gare de Châtel-Censoir est à deux heures. On peut donc facilement venir pour le week-end, visiter à la fois le canal et les environs" ajoute-t-il.
La Région Bourgogne a eu l'excellente idée de créer, sur le site du canal, une sélection d'escales à thèmes qui permettront aux plaisanciers de choisir ce qu'ils visiteront du canal, pendant le ou les jours de cette croisière.
Ainsi, on peut trouver les escales suivantes :
- Vignobles
- Villages
- Flottage
- Nature
- Confluence
Chacun de ces itinéraires amènera le voyageur à découvrir des bâtiments, des lieux ou des pratiques qui ont fait le canal du Nivernais.
Une région pas si oubliée que cela
Renaud explique que la fréquentation de sa halte nautique demeure assez stable, plébiscitée par la clientèle internationale, notamment australienne et néo-zélandaise. "Ils trouvent dans la Bourgogne l'image de ce qu'ils cherchent en France, authenticité, accueil et simplicité. Et bonnes tables ! " rapporte Renaud.
Sans que cela ne se sache, la région est en fait très connue, au moins au cinéma. "La scène de la DS à l'envers du film Rabbi Jacob a été tournée aux rochers du Saussois à Merry-sur-Yonne. Et le Château de Follain a servi de lieu de tournage au film La grande vadrouille" explique le spécialiste.
Croisière entre patrimoine et nature
La région Bourgogne a développé un site internet tout entier dédié au canal du Nivernais. C'est un site indispensable pour préparer sa promenade. Il répertorie les loueurs, les étapes, les astuces … "Un vrai guide touristique, totalement gratuit" indique Renaud.
D'ailleurs, les activités ne manquent pas le long du canal. Qu'il s'agisse d'activités sur le canal en lui-même, sur la proche Yonne ou à quelques kilomètres de vélo du cours d'eau, il y a toujours quelque chose à faire dans ce coin de France.
Golf à Crain (parcours compact 9 trous), surprenant circuit des lavoirs de Châtillon-en-Bazois ou encore découverte en calèche du canal du Nivernais à Alluy, chacun trouvera, dans cette belle région bourguignonne, de quoi faire.
Sur l'eau, il faut passer la triple écluse de Chavance qui, à Achun, rattrape un dénivelé de 6,70 m. "Expérience impressionnante à faire en famille" explique Renaud.
Le port de la Jonction rejoint le canal, la Loire et l'Yonne. Situé à Decize, on y trouve carburant, pompes à eau noires et grises. Un chantier naval est disponible sur place. Le port est classé pavillon bleu. Eau comme électricité sont incluses dans le tarif de la nuitée (à partir de 12 €).
Autre halte de qualité qu'il ne faut pas oublier évidemment, celle que gère Renaud Cavelan, à Châtel-Censoir. On y trouve toutes les commodités classiques, sanitaires, toilettes, Wifi et carburant pour 12 € la nuitée. Il est possible de faire le plein d'eau et de charger le parc de batteries de son bateau pour 6 €.
Depuis le port de Châtel-Censoir, il est possible de rejoindre l'Yonne à pied pour s'y baigner. Du port, sur la gauche, contourner la maison blanche. Prendre le petit chemin qui part à gauche au flanc du pont et rejoindre la rivière.
A proximité du port toujours, le restaurant l'étape des gourmets est un incontournable avant une promenade en ville, où on trouve tous les commerces. L'église de Châtel-Censoir comporte une crypte du Xe siècle qu'il ne faut pas manquer de visiter.
A Merry-sur-Yonne, les rochers du Saussois offrent aux grimpeurs comme aux promeneurs un très joli point de vue sur la région.
"Le château de Guédelon est en cours de construction depuis des années. Le principe est que tout y est fait à l'ancienne, par des amateurs passionnés. C'est un endroit passionnant à visiter pour comprendre la manière dont on vivait, dont on travaillait et dont on fabriquait il y a plusieurs siècles de cela" ajoute le guide.
"En chemin" continue Renaud "Il faut s'arrêter à Cravan, où on trouve un tout petit port, au calme et reposant. L'abbaye de Vézelay se visite et est un endroit propice au repos et à la contemplation pour celles et ceux qui en sont adeptes."
A ne manquer sous aucun prétexte, les deux pont-canaux du canal du Nivernais, véritables chefs-d'œuvre d'ingénierie. L'un est situé à Mingot et l'autre à la Roche.
Enfin, Auxerre est la grande ville du parcours. "On trouve absolument tout à Auxerre, y compris évidemment un très grand port de plaisance, dont les tarifs varient de 5 € à 23 €. Tous les services sont disponibles sur place, quai de l'ancienne Abbaye."
L'endroit de rêve du guide ?
"L'arrivée avant Decize. C'est calme, ombragé et apaisant. C'est un endroit de rêve, on se sent seul et en paix" recommande Renaud.
Quelques conseils de navigation
"Il y a deux difficultés sur le canal" explique le gestionnaire. "Le premier, les algues qui, malgré les actions de VNF et les tentatives des mairies vont en croissant de plus en plus, gênant la navigation par endroits."
Comme sur de nombreux canaux d'ailleurs, l'arrêt du trafic commerce permet à ces végétaux invasifs de se développer bien plus, les automoteurs ne réalisant plus leur action mécanique de faucardage.
"L'autre précaution à prendre concerne les déversoirs de crue. Ils sont assez nombreux et tous créent un courant qui peut être important. Rassurez-vous, ils sont visibles, mais il vaut mieux demeurer attentif et prudent à leur approche, car ils peuvent pousser assez fortement un bateau."
Enfin, on regrettera la quasi-absence de balisage sur l'ensemble du parcours qui implique une veille soutenue et une navigation lente.
C'est principalement au Saussoie (déversoir qui tire très fort sur la gauche) et à Ogie qu'il faudra faire attention. Les deux déversoirs sont particulièrement actifs et générateurs de courant latéral.
"Les 116 écluses qui régulent le niveau du canal sont, en été, toutes manœuvrées par un éclusier. Hors saison, chaque éclusier est responsable de 2 voire 3 bassins" explique Renaud qui précise "Prenez le temps de discuter avec les éclusiers, ils connaissent très bien le canal et ce qu'il s'y passe. La plupart sont de vrais locaux qui connaissent les bons plans et les astuces, de vrais puits de savoir !!".
Et, pour une fois que l'humain est encore présent au long d'un cours d'eau, il serait dommage de se priver de ce contact !
Ouvertes 7 jours sur 7, les écluses sont en activités de 9h à 12h et de 13h à 19h. Les éclusiers communiquent les uns avec les autres pour vous permettre des bassinées aussi faciles que possibles. En été, le département et la région font appel à des étudiants pour rendre les passages encore plus fluides.
"Longeant l'Yonne de manière quasiment parallèle, le canal permet de s'amarrer en sauvage à peu près n'importe où et d'aller se baigner, à moins d'une centaine de mètres, dans la rivière" recommande le connaisseur qui prévient "les étés sont très chauds, autant en profiter."
"La portion entre Auxerre et Champs-sur-Yonne n'est pas la plus plaisante, c'est une ligne droite assez monotone" explique Renaud. "Après, les choses changent, on arrive dans la nature et la verdure".
"Peu de points de ravitaillement en carburant sont présents au long du canal" explique Renaud. Sauf dans son port où il explique "je prends ma voiture pour accompagner les plaisanciers à la station-service et remplir leurs jerrycans". Le sens du service existe réellement !
Pour le pompage des eaux noires, il n'y a que Clamecy, pour le moment, qui soit équipé.
Enfin, précaution utile, à Lucy-sur-Yonne. "S'il est possible de se baigner dans l'Yonne, il faut le faire avec prudence car il s'y trouve de nombreux rapides." alerte Renaud.
Le canal du Nivernais en résumé
- Longueur : 174 kilomètres
- Écluses : oui, 116
- Vitesse limitée : 8 km/h
- Passage de frontières : Non
- Vignette / taxe de navigation : Oui
- Établissement gestionnaire : Voies Navigables de France
- Loueurs : Les Canalous, Locaboat Holidays, Le Boat, Aquafluvial, France Fluviale, Edge Charter
- Départements : Nièvre et Yonne
- Tirant d'air mini : 2,70 mètres
- Tirant d'eau mini : 1,20 mètres
- Gabarit : Freycinet (38 m x 5,05 m) sauf entre Sardy et Cercy-la-Tour, gabarit Becquey (30m x 5.05m)
- Période de chômage : 1er mai et 14 juillet
- Application smartphone ? : Non