Jean-Jacques Herbulot, s'est toujours voulu le chantre de la plaisance accessible à tous. Les principales séries issues de sa planche à dessin ont été proposées par des chantiers, mais également avec des plans adaptés pour la construction amateur. Ce fut le cas entre autres du Vaurien, du Corsaire, puis du Figaro 5. Une construction simplifiée par l'emploi du contreplaqué, un matériau solide et à la portée d'un amateur raisonnablement habile et qui ne nécessite pas d'outillage sophistiqué.
Des plans complets et détaillés
A l'été 1975, le quotidien le Figaro présente dans ses pages un nouveau croiseur côtier. Un bateau destiné à être construit par des amateurs et défini comme : "un croiseur pour moins de 9000 Francs". La coque à double bouchains est courte mais élégante. La largeur offre une bonne habitabilité et laisse présager de belles qualités marines. Ses dimensions permettent d'envisager la construction dans un garage. Les aspirants charpentiers commandaient la liasse de plans au journal. Elle arrivait accompagnée d'une notice de construction très détaillée et d'un lot de bons d'achat offrant une réduction sur les matériaux : bois, peinture, lest, gréement, ou encore les voiles. Le concepteur estimait à environ 500 heures le temps nécessaire à la construction.
Un mode de construction adapté aux amateurs
Deux versions sont proposées : flush-deck ou avec un petit roof en sifflet, selon les goûts et les talents de menuisier de chacun. Pour faciliter le tracé des couples et cloisons, le plan les représente en vraie grandeur. Enfin, pour pallier aux imprécisions des amateurs, l'architecte a prévu large en matière d'échantillonnage : à part le bordé de fond, tout le bateau est en contreplaqué de 10 mm collé sur lisses. Il a prévu que le bois soit protégé par une épaisseur de roving stratifié à la résine polyuréthane. Malgré cela, le Figaro est relativement léger (450 kg, dont 160 de lest). Cela le rend facile à manutentionner, à tracter et à mettre à l'eau.
Une série à succès, facile à construire et à vivre
Le succès est au rendez-vous et près de 2000 dossiers de plans sont vendus en 3 ans. Pour accompagner les amateurs, une association dynamique, l'ASCOFI voit le jour. Elle propose entraide, astuces et autres bons plans. Peu à peu, la série s'étoffe et les plans d'eau de la région parisienne connaissent des régates très disputées. Les Figaro 5 essaiment également sur les côtes de France où leurs équipages se livrent à de passionnants sauts de puce nautiques. La facilité de remorquage et le tirant d'eau modeste (0,30 / 1,20 m) permettent d'accéder partout tandis que la petite cabine accueille 2 adultes sans trop d'encombre. Avec son grand cockpit auto-videur, son gréement simple à mâter seul et sa petite cabine plutôt bien équipée, c'est un bateau facile à vivre.
Un gréement qui mérite d'être modernisé
Le Figaro 5 est agréable sous voiles et ses formes le rendent très sécurisant à la mer. A plat, ses lignes d'eau sont relativement étroites, tandis qu'à la gite il s'appuie sur son bouchain. Il faut alors vraiment forcer pour approcher ses limites. Par contre le gréement, déjà basique dans les années 70, a vieilli au point d'être nettement dépassé. Pour l'agrément et la sécurité, eu égard à l'étroitesse de la plage avant, il est recommandé, dans le cadre d'une rénovation comme d'une construction, de remplacer les 3 focs endraillés par un enrouleur. De même, une grand-voile à corne offrira un meilleur équilibre et de meilleures possibilités de réglage que celle d'origine.
D'occasion ou à construire, le Figaro reste d'actualité.
Les propriétaires de Figaro 5 disposent d'un blog sur lequel ils partagent leurs expériences mais aussi des annonces de ventes. On trouve de beaux exemplaires à prix très convenable, mais aussi d'autres dont le bois a souffert, avec souvent des infiltrations entre le contreplaqué et la stratification PU de l'époque. Comme de juste pour un bateau de cette époque, on prêtera attention aux abords du puits de dérive, mais aussi au fond du cockpit. Le dessous est mal ventilé et les amateurs n'ont pas tous pris le soin de percer des anguillers dans les membrures, ces orifices qui permettent à l'eau de s'écouler jusqu'au point central du bateau. On peut encore se procurer les plans auprès des héritiers de J. J. Herbulot (bateauxherbulot@orange.fr). Par contre, il est recommandé dans ce cas d'acquérir un lest et une dérive d'occasion, voire une épave sur laquelle les récupérer.
La construction amateur n'est plus aussi populaire que dans les seventies. C'est pourtant une aventure passionnante, qu'il s'agisse de réaliser une annexe ou une unité plus ambitieuse. Plusieurs architectes se sont spécialisés dans ce genre de plans, comme François Vivier, Pierre Delion ou encore François Lucas. De son côté, le chantier Grand large de Saint Briac propose non seulement des kits de panneaux découpés numériquement, mais également des stages qui permettent de venir se familiariser aux principales techniques de l'époxy avant de se lancer. D'autres stages existent également.