Route du Rhum : la course passe en mode vert canne à sucre !
Plaisanciers et coureurs au large ont toujours fait part de leur préoccupation pour l'environnement. Les organisateurs de la Route du Rhum ont donc sauté le pas et modifié en dernière minute les règles pour l'édition 2022 pour intégrer celle-ci tout en restant fidèle à l'ADN de la course : le Rhum.
Des bateaux en canne à sucre et citron
Pour la construction des bateaux, l'usage de biocomposites à base de fibres de canne à sucre est imposé à 59% (comme le Rhum de Marie-Galante). Le chauffage des fours pour la cuisson des pièces composites se fera à partir de la combustion de la bagasse, chutes des cannes à sucre issues des distilleries de l'archipel guadeloupéen.
Conscient des difficultés pour appliquer entièrement les nouvelles règles d'ici novembre 2022, la direction de course autorise les skippers à faire appel à la clause d'antériorité dite "Mojito du Quartier Latin" et n'intégrer la fibre de canne que dans les aménagements à hauteur de 5 % lors des chantiers d'été.
Du côté des peintures, les coureurs sont invités à utiliser des diluants à base de rhum réunionnais. Il semblerait que les producteurs antillais n'estiment pas celui de leurs concurrents de l'Océan Indien propre à la consommation et y trouvent un meilleur débouché. Pour les peintures sous-marines fluorescentes, obligatoires pour retrouver les marins en cas de chavirage, le pigment issu des zestes de citron vert est préconisé. Les antidérapants de pont seront réalisés à partir de sucre de canne blond projeté en lieu et place des habituels sables et dérivés de la silice.
Voiles de bananiers
Pour soutenir la filière de la banane de Guadeloupe, les maîtres voiliers vont devoir s'adapter. Il est en effet demandé d'utiliser le tressage de feuilles de bananiers, avec la possibilité pour les spécialistes des voiles en forme d'utiliser le fameux 3D Banana.
Naviguer bien, naviguer plein de rhum…
Enfin, la jauge va au-delà des simples restrictions liées à la construction. Pour être plus vertueux, les skippers devront effectuer le convoyage retour vers l'Europe par leurs propres moyens. Ils serviront au transport du précieux sérum antillais. Les voiliers disposant de ballast auront l'obligation de les remplir de rhum. Evidemment, les voiliers anciens "vintage" devront s'orienter sur le Rhum Vieux. Pour les multicoques, les trampolines serviront aisément de filets pour le transport des citrons verts en direction de l'Europe.
Pour une meilleure équité sportive et éviter de devoir faire appel aux instances internationales, une formule déterminée intégrant l'âge du capitaine, le degré d'alcool du rhum et la hauteur des winches par rapport au pont servira à déterminer le degré d'évaporation liée à la part des anges lors de la transatlantique retour. Un contrôle strict sera effectué par les jaugeurs à l'arrivée, sélectionné parmi les rares marins totalement abstèmes.
Si dans ces conditions, le record de vitesse sur la Route du Rhum ne sera sûrement pas battu, il y a fort à parier que son empreinte éthylique sera inversement proportionnelle à celle sur l'environnement !