Remorque, chariot… Les éléments qui permettent de déplacer un bateau pour aller le mettre à l'eau sont tous de conception assez proche. Les deux s'accrochent à un véhicule tracteur - voiture, camion ou tracteur de chantier - se déplacent et vont aller s'enfoncer plus ou moins profondément dans l'eau (douce ou salée) pour mettre le bateau à l'eau.
Au sortir de l'eau, c'est d'une part la qualité du treuil, d'autre part le nombre et la qualité des roulettes de chargement qui feront la différence et compenseront les frottements lorsque le bateau ne flottera plus.
Une question de normalisation avant tout
Romaric Bouchard est gérant de Remorque Center, une enseigne spécialisée dans tous les types de remorques. Vans à cheval, remorques bagagères ou de transport de bateaux, l'enseigne est spécialisée dans tout ce qui se tracte.
L'entreprise commercialise environ 500 attelages de mise à l'eau chaque année : pour un tiers des chariots, deux tiers des remorques.
"La différence principale entre une remorque et un chariot consiste dans le fait que l'un a une carte grise - la remorque - tandis que l'autre n'en dispose pas" explique Romaric. Manifestation administrative de l'homologation "route" d'un équipement, la carte grise dédiée concerne tout ce qui se tracte et qui possède un Poids Total Avec Charge (PTAC) de plus de 500 kilogrammes ou plus. Autant dire que toutes les remorques de bateaux sont concernées par cette homologation.
Ajoutez l'obligation que toute remorque de plus de 750 kilogrammes doit disposer de son propre système de freinage, vous obtenez un ensemble normalisé et qui doit répondre à des critères de sécurité, d'éclairage, de dimensions … pour pouvoir emprunter la voie publique.
Le chariot de mise à l'eau, la remorque réduite à sa plus simple expression
Le chariot de mise à l'eau sert … à la mise à l'eau ! Si La Palice aurait apprécié cette définition, il aurait aussi compris que ce chariot ne sert pas à déplacer le bateau. Dans une certaine mesure cependant, c'est-à-dire sur une voie qui n'est pas ouverte à la circulation automobile. Chemin privé, terre-plein, cale de mise à l'eau … sont autant d'endroits où s'applique une réglementation de circulation locale (donc pas le Code de la route) et au sein desquels les homologations ne sont pas semblables à celles qu'on présente sur la route.
Romaric explique simplement : "Un chariot de mise à l'eau est donc l'expression la plus simple d'une remorque de mise à l'eau :
- Un treuil pour remonter le bateau
- Des rouleaux pour placer le bateau
- Une tête d'attelage pour attacher le chariot au véhicule tracteur
- Des points d'ancrage pour attacher le bateau à la remorque
S'il dispose d'un système de freinage, ce sera le plus souvent un frein à main qui permettra uniquement l'immobilisation au stationnement."
La remorque de mise à l'eau, un dispositif avancé
L'expert continue : "La remorque de mise à l'eau rend exactement les mêmes services que le chariot : mettre le bateau à l'eau à l'aller, l'en sortir au retour. Avec une différence de taille, avant et après ces opérations de mise à l'eau ou de sortie de l'eau, il est possible de circuler avec cette remorque sur la voie publique.
Pour cela, la remorque doit répondre à un certain nombre de critères, notamment :
- Un dispositif de freinage autonome
- Un système d'éclairage
- Un garde-boue qui évitera les projections trop importantes vis-à-vis des autres usagers
- Des réflecteurs (catadioptres) en nombre suffisant, a minima deux par côté
Ce dont un chariot de mise à l'eau n'est pas équipé."
Ne pas confondre voie privée et voie fermée à la circulation
Dire qu'une remorque peut circuler sur la voie publique et un chariot non est un raccourci. En effet, par voie publique, le législateur ne considère pas le statut de propriété (domaniale ou non) de la chaussée mais son statut, ouvert ou non au public. Ainsi, un chemin privé qui est ouvert au public - donc dont la signalisation routière ne signifie pas la fermeture - ne permettra-t-il que la circulation d'une remorque. A l'inverse, une rampe de mise à l'eau qui, par destination, n'est pas une voie de circulation, pourra être empruntée par un chariot de mise à l'eau.
Pas de carte grise donc pas d'assurance ?
L'absence de carte grise pour les chariots de mise à l'eau implique plusieurs choses :
- Ils ne sont pas vérifiés par les services de l'état
- Ils ne peuvent pas être assurés en tant qu'élément mobile (ils sont accessoires au véhicule tracteur)
- Ils ne peuvent pas fréquenter de route ouverte à la circulation publique
- Ils ne peuvent pas être stationnés sur une place de parking publique
Ils sont, néanmoins, porteurs d'une plaque de tare et d'identification, sur laquelle est obligatoirement gravé un numéro de châssis qui, à l'instar des remorques, permettra de retrouver l'objet du délit en cas de vol.
Même appareil, usages différents
Dans le fond, une remorque de mise à l'eau ou un chariot de mise à l'eau remplissent l'une comme l'autre les mêmes fonctions, transportent le bateau d'un point A à l'eau et vice-versa. C'est le lieu d'usage qui fera toute la différence, notamment et surtout le jour de l'accident. C'est ce jour-là que le plaisancier devra, en connaissance de cause, savoir s'il est ou non couvert et si la compagnie qui l'assure prendra ou non les dégâts en charge.
Plus grave, n'étant pas freiné de manière autonome, en cas d'arrêt brutal du véhicule tracteur (collision avec un autre véhicule par exemple), le chariot de mise à l'eau ne va pas s'arrêter et l'énergie cinétique qu'il aura emmagasinée sera transférée vers l'avant, en direction du véhicule tracteur et ses passagers.
Le prix est différent. Un chariot de mise à l'eau prévu pour un PTAC de 2 700 kilogrammes se trouve, chez Remorque Center, aux environs de 2 700 €. Au même prix, on trouvera une remorque dont le PTAC sera moitié plus faible, 1 350 kilogrammes.
C'est l'usage et la destination qui feront pencher la balance vers l'une ou l'autre des solutions, en conservant à l'esprit que le fait de circuler sur route ouverte avec un chariot de mise à l'eau non homologué est non seulement un délit, c'est aussi une mise en danger grave de sa sécurité ainsi que de celle de l'ensemble des usagers de la route.
Et cela sans aucune possibilité d'assurance.
L'économie est-elle réelle en pareil cas ?