La marée est suffisamment haute. Je recule la remorque sur la cale du Ty Mor à Hennebont. Avec 30 cm de tirant d'eau, la mise à l'eau est facile. Première constatation, le bateau manque de stabilité, mais devient plus sage sitôt que l'on donne un peu de dérive. À première vue pour le reste, les options de gréement et d'accastillage choisies semblent bien fonctionner.
À la dérive sans dérive sur le Blavet
Voiles hautes, je déborde pour quelques bords sur le beau plan d'eau du Blavet. Très vite, il faut me rendre à l'évidence, le jeu de voiles accuse le poids des ans ! Je le savais, mais là le bateau se traine et peine à remonter au vent. Je tente des réglages, joue sur la dérive quand tout à coup le bateau semble s'échouer. Je démarre le moteur, le bateau bouge, mais s'avère incontrôlable. Le câble de dérive forme un angle bizarre et je devine que celle-ci s'est décrochée et que cette pièce de fonte de 80 kg pend en drapeau sous le bateau, seulement retenue par un câble de quelques millimètres. Moteur à fond, le bateau progresse très lentement et suivant des trajectoires aussi aléatoires que les oscillations de la dérive qui fait tout pour se mettre en travers. J'ai peur de la perdre, sachant que cette pièce n'existe plus et que le seul moyen de la remplacer serait sur une épave.
Les yeux en face du trou de dérive
Après deux bonnes heures à écumer la rivière d'un bord à l'autre, je parviens au ponton alors que la nuit tombe et que la renverse est bien établie. Un bout entre les dents je plonge dans une eau très fraîche pour assurer la dérive, puis je racole quelques badauds pour m'aider à remonter la fuyarde sur le ponton. C'est sans tambour ni trompette que le bateau regagne sa remorque. Il s'avèrera que j'ai soigneusement boulonné l'axe de la dérive juste à côté du trou qui permet l'articulation de celle-ci ! Une mésaventure visiblement assez commune et qui n'a pas surpris les autres propriétaires de Figaro. Quelques jours après, le bateau est levé, la dérive remise en place et son fonctionnement dûment vérifié.
Une nouvelle sortie et des améliorations de détail
Cette fois la mise à l'eau n'a plus le même goût de nouveauté, mais le comportement du bateau n'a logiquement plus rien à voir. Sans être un foudre de guerre, il se comporte honnêtement et s'avère même très agréable à partir du travers. Il est certain qu'un jeu de voiles plus récent améliorerait grandement ses performances au près. Cette sortie en famille nous permet de parcourir cette merveilleuse partie du Blavet entre Hennebont et la rade de Lorient et de boire un verre sous voile dans le soleil couchant.
C'est aussi l'occasion de noter les points de détail à améliorer et il y en a quelques-uns. Le plus évident est la barre d'origine trop basse et que je remplacerai par une nouvelle rehaussée en lamellé-collé. Les charnières du capot ouvrant seront également revues. Trop faibles elles ont tendance à s'arracher. Pour le reste et avec quelques ajustements de détail, tout fonctionne sans accroc.
Autour de Groix et aux Rendez-vous de l'Erdre !
La sortie suivante nous voit cette fois encore descendre le Blavet, mais c'est pour passer la nuit à bord, au corps-mort face à Locmiquélic. Le lendemain, nous filons vers l'ile de Groix, pensant faire escale au mouillage de la pointe de la Croix que nous affectionnons. Le bateau se comporte bien et c'est un tel plaisir que nous contournerons l'île par l'est pour en faire finalement le tour complet. Le test suivant est routier pour amener le bateau à Sucé-sur-Erdre. L'ensemble se tracte bien malgré une voiture particulièrement modeste.
Nous participons aux Rendez-vous de l'Erdre, cette superbe manifestation qui réunit chaque année environ 200 bateaux sur fond de musique jazz, sous réserve qu'ils répondent de près ou de loin à la définition très large de "belle plaisance". Durant 3 jours cette flottille hétéroclite descend la rivière sous voiles jusqu'à une entrée dans Nantes aussi joyeuse qu'enthousiasmante !
Le Figaro 5, est maintenant basé dans la région rochelaise et ses sorties ont pour destination les iles de Ré, d'Aix ou d'Oléron. C'est un agréable petit croiseur au programme aussi modeste que sa cabine, mais qui permet un agréable camping côtier.