Valère est maître voilier à Calais. Pour autant, il n'a pas de voilier personnel pour en profiter le weekend. En 2020, il franchit le pas en rachetant un Jaguar 22 dans son jus. Basé à Graveline, ce voilier échoue dans la vase à chaque marée. Ce port ne dispose pas de moyen de levage et Valère achète donc son voilier sans voir les œuvres vives.
Un convoyage en guise d'essai
Il va juste faire un petit check sur le gréement et les voiles avant de la rapatrier vers la mer à Calais, environ 15 milles plus au sud. "Nous avons choisi notre météo avec un beau temps et une belle mer pour ne pas prendre de risque", explique le nouveau propriétaire. "En plus le moteur hors-bord, un Johnson 4,5 ch était en bon état. C'est toujours rassurant s'il arrive un pépin." Arrivé à Calais sans encombre, il peut sortir le voilier de l'eau découvrir les dessous : "Il n'était pas vraiment propre, nous avons même vu des anguilles tomber du puits de dérive !".
Pas d'osmose malgré une vie dans l'eau
Mais après un bon nettoyage, la surprise est plutôt bonne : "Je craignais de découvrir de l'osmose sur cette coque datant de 1979, mais rien. Pas une cloque !". Il commence donc le chantier de rénovation en ponçant intégralement la coque et la quille pivotante. Il réalise toutes les couches peintures au rouleau laqueur. Et surtout, il ponce au grain fin entre chaque couche. Les 2 couches de finition bleu marine sont une peinture monocomposant. Le résultat est propre, sublimé par un liseré autocollant blanc et un sticker dessiné par Valère en forme de Jaguar à l'avant. La quille pivotante ne mérite pas d'être déposée. Valère vérifie tout de même le treuil qui assure le remontage de la quille.
Un pont en "faux teck" avec des lattes cintrées
Pour le pont, Valère a choisi de ne pas le peindre. Après un nettoyage en profondeur, il vient coller par-dessus un faux teck en EVA. Après l'achat d'un petit bout pour tester, il est favorablement surpris par le produit : "Il a un contact agréable, un bon ressenti sous les pieds et est bien antidérapant. Surtout je me rends compte que ça vieillit bien après la saison passée en plein soleil." Pour le look, il l'assemble latte par latte pour leur faire suivre la courbure de la coque (après avoir redécoupé les plaques livrées d'origine en 2,50 x 0,90 m).
De la récup pour limiter les frais
Les aménagements intérieurs d'origine sont en bon état. Il ne prévoit pas d'intervenir dessus, vu qu'il utilise le bateau pour des sorties à la journée. Peut-être dans un second temps. Pour l'instant c'est au niveau des voiles qu'il voudrait prendre du temps. En effet, ce Jaguar a pour le moment une garde-robe d'origine. Il aimerait lui tailler un nouveau jeu de voile, mais comme il le dit : "Ce sont toujours les cordonniers les plus mal chaussés. Il va falloir que je dégage du temps pour cela. J'ai récupéré un enrouleur et un génois d'un voilier de 31 pieds en Kevlar Carbone dont la chute est abimée. J'aimerais tailler un génois pour le Jaguar dedans."
Il doit aussi démâter le bateau pour réviser la tête de mât où le feu de mouillage ne s'allume plus et le peu d'électronique présent à bord ne répond plus.
Attention au vol des hors-bord à Calais
Aujourd'hui Valère est heureux avec son voilier qui correspond à ses attentes : "Je ne voulais pas un gros bateau. Déjà pour ne pas que ça me coute trop cher. J'ai acheté Angelo 1500 € et j'ai investi environ 1000 € dans sa restauration, principalement de la peinture. Le seul bémol a été le vol de mon moteur hors-bord. À Calais nous sommes sujets à ces vols, ces moteurs intéressent les migrants. Pour mon Johnson, ils n'ont pas hésité à couper un antivol U de moto et même à couper mon pataras qui les gênait. J'ai retrouvé un Honda 6,5 ch en remplacement, mais il est trop lourd. En effet, maintenant, je débarque le moteur après chaque sortie pour éviter le vol. Je vais donc me mettre en quête d'un moteur plus léger. Un 4,5 ch suffit largement sur ce type de voilier."