Les creux sont enduits, les bosse poncées ! L'enduit de finition est appliqué à l'aide d'une spatule aussi longue que possible pour respecter les surfaces planes d'une coque en contreplaqué. Le ponçage est effectué à l'aide d'une cale souple de grande longueur qui permet de ne pas creuser. Je reforme ainsi patiemment les lignes de bouchain de manière à ce qu'elles "filent". Ce travail de formage est crucial car la peinture ne fera que souligner la moindre imperfection. Au cours de cette étape, j'appliquerai deux nouvelles couches d'apprêt époxy.
En parallèle, je décape la dérive en fonte et le saumon de lest qui reçoivent un traitement antirouille, un enduit, puis des couches généreuses du même apprêt époxy.
Une rénovation de bateau en famille
Vient enfin le jour de la peinture. Le chantier est équipé d'une cabine qui accepte des bateaux jusqu'à 15 m. Mon fils, dont c'est la spécialité, se fait une fierté d'appliquer sur le bateau de Papa une des laques rutilantes dont il a le secret et qu'il réserve habituellement à des unités de prestige.
Le bateau est suspendu par les cadènes et reçoit un dernier apprêt époxy puis une laque claire unie qui offrira de la profondeur au jaune retenu pour les bordés. La carène est laquée en blanc. Je ne prévois pas d'antifouling, inutile sur un bateau qui ne doit pas rester à flot plus d'une semaine d'affilée. Les couches s'enchaînent et je mesure à chacune d'elles la différence de résultat entre un application professionnelle au pistolet et une autre au rouleau laqueur, fut-elle soignée. Etant de la famille, je profite à la fois du savoir-faire du chantier, mais aussi de produits "de course", pour la plupart issus de la gamme Nautix.
Plié en 4 pour peindre la cabine...
La coque arbore un superbe jaune d'or. Le pont blanc cassé est habillé d'un antidérapant, lui aussi passé au pistolet. Les curieux et autres visiteurs du chantier, pour la plupart régatiers pur jus, commencent à s'intéresser à cette petite coque jaune de manière moins condescendante... Il faut dire que plusieurs bateaux récents reprennent ce genre de lignes anguleuses, conférant à ce vieux bateau, une touche de modernité. Profitant du temps de durcissement de la peinture, je me plie en 4 pour peindre l'intérieur de la cabine, décidément bien étroite pour contenir à la fois le peintre, le pot de peinture et le pinceau !
Révision de la remorque
Tant que le bateau est dans les airs, j'en profite pour réviser la remorque. Elle a l'âge du bateau, mais est plutôt en bon état. Sur les recommandations du personnel du chantier, je l'ai protégée tout le temps des travaux, ce qui lui évite d'être trop maculée. Les garde-boues en polyester sont réparés et repeints à la couleur de la coque. Les roues sont remplacées par de plus récentes d'occasion et les roulements sont graissés. Les axes des rouleaux sont déposés et graissés et les diabolos en caoutchouc qui en ont besoin sont remplacés par du neuf. Le treuil est révisé et son câble remplacé par une sangle. Seuls les freins, définitivement grippés sont inutilisables. Ils le sont toujours, mais font partie de la liste des choses que je dois faire...
Accastillage d'occasion, mais moderne !
Le travail plaisant peut enfin commencer, celui qui consiste à accastiller, équiper et faire de ce chantier un bateau opérationnel. Les listons vernis retrouvent leur place et viennent souligner la ligne, puis c'est le tour de la dérive de regagner son puits. La difficulté consiste à glisser cette pièce de fonte de 80 kilos dans le puits, puis à la déplacer millimètre par millimètre de manière à faire entrer à l'aveugle, son axe dans le perçage. Le capot ouvrant, le balcon et l'accastillage de pont viennent peu à peu habiller le bateau. Le matériel a bien évolué en 43 ans : cordages, poulies et autres taquet-coinceurs, ne sont plus à la page et je les remplace avec d'autant moins de remords, que le chantier dispose de pièces d'occasion qu'il me cède au tarif "famille". J'en profite pour ramener toutes les manœuvres au cockpit et les remplacer toutes par du neuf en textile moderne. Le bateau est mâté et je profite du vrai confort de faire tous ces travaux sur le site d'un chantier bien équipé et où le matériel et les compétences sont disponibles sans trajet ni perte de temps ou d'énergie.