Après une première découverte du bateau et son nettoyage, il est temps d'attaquer les travaux de coque de Kirikou, mon nouveau Figaro 5.
Les multiples couches de peinture accumulées interdisent de connaître l'état réel du bois. Or celui-ci a été stratifié, c'est à dire recouvert d'une épaisseur de tissu de verre imprégné à la colle polyuréthane comme cela se faisait à l'époque. Ce genre de couche de surface est efficace contre le ragage, mais a tendance à enfermer l'humidité et peut masquer bien des défaut. Il est temps d'en avoir le cœur net et pour cela il faut poncer !
Un long décapage de la coque
Commencent alors les (très) longues heures de décapage, aussi épuisantes que bruyantes et salissantes. Des jours entiers, les bras tétanisés sur la ponceuse et bercé par le doux chant de l'aspirateur de chantier qui tente d'éviter de trop empoussiérer les alentours... La coque a visiblement été entretenue avec des produits de qualité et la surface de la peinture est dure comme la pierre. Heureusement, il s'avère que dessous, l'état de la coque est plutôt sain. La couche de roving adhère au contreplaqué sans bulle ni trace de décollage. A part quelques petites reprises de stratification aux endroits des chocs, je n'aurais pas à trop y revenir.
Ponçage du pont : Jusqu'où aller trop loin ?
Il n'en va pas de même du pont et du cockpit dont je retire finalement le fond entier. Les membrures et varangues ne disposent pas d'anguillers, ces orifices en partie basse qui permettent à l'eau de s'écouler d'une maille à l'autre. De l'eau stagne dans les endroits inaccessibles et je profite que tout soit ouvert pour assainir tout le bateau avant de percer dans les varangues des trous de diamètre conséquent qui éviteront le retour du problème. Le bridge-deck, la marche devant la descente, est pourrie elle aussi, ainsi que le pont autour du capot. J'utilise une scie oscillante pour retirer les parties abîmées : c'est un outil magique, que je découvre à cette occasion et qui permet de ne pas enlever trop de matière. Je retire également la poutre inesthétique qui renforce le tableau arrière et j'en profite pour le retailler selon une courbe plus actuelle. Par curiosité, je pèse ce que je dépose. Au total, le bateau sera allégé d'une bonne cinquantaine de kilos, ce qui ne nuira ni aux performances sous voiles, ni au remorquage routier !
Du bois neuf et léger !
Le chantier étant à plus de 3 heures de chez moi, je ne peux y travailler que par épisodes. Cela laisse au bois le temps de bien sécher entre les étapes de la reconstruction. Je commence par repeindre les fonds qui ne seront plus accessibles ensuite et attaque l'ajustage des pièces de contreplaqué neuf destinées à remplacer les parties abîmées. Le bridge deck est refait, le fond de cockpit également, tandis que le tableau arrière est entièrement doublé pour retrouver sa solidité. Les collages sont réalisés à l'époxy, une résine parfaitement étanche mais chère et délicate d'emploi : le dosage doit être très précis et l'on doit éviter à tout prix les bavures, très difficiles à poncer, tant le produit devient dur une fois catalysé. Toutes les parties de l'ancienne stratification qui présentent une adhérence douteuse sont refaites, elles aussi à l'époxy. Enfin, des joints-congés viennent renforcer et arrondir les angles concaves du cockpit.
Protection époxy des surfaces
L'ensemble est ensuite enduit puis poncé, puis ré-enduit et poncé à nouveau... Le soin apporté à cette étape est déterminant pour la qualité du résultat final ! Avec ses multiples réparations et l'aspect pommelé de la surface décapée, le bateau ressemble à un véritable patchwork et il est bien difficile de visualiser où l'on travaille. Je lui applique donc un premier traitement époxy au rouleau, qui présente le triple avantage de protéger le bois, de mieux discerner les parties à enduire et surtout d'offrir une vision motivante de l'avancée des travaux.
En parallèle et lorsque mes obligations me tiennent éloigné du chantier, je profite de mes loisirs pour travailler aux pièces transportables et à tous ces accessoires sans lesquels un bateau ne serait pas ce qu'il est. Je construis un nouveau capot de descente plus léger et mieux profilé que l'original et je remplace la porte de descente en aluminium par une nouvelle en Plexiglas qui apportera un peu de lumière dans la cabine. La barre et le safran sont re-profilés et toutes le boiseries amovibles sont poncées et peintes ou vernies.