Nous avons découvert dans une première partie que la Route du Rhum est une course qui se prépare jusqu'à trois ans avant le départ. Des missions administratives en majorité qui permettent de programmer et organiser la course en amont. Le travail de l'organisation de course s'intensifie encore une fois le départ donné, puisque c'est une veille non-stop qu'assure l'organisation de course. Après l'arrivée, la mission est loin d'être terminée, comme nous l'explique Francis Le Goff.
Une fois le départ donné, comment évoluent les missions de la direction de course ?
Dès lors que les bateaux partent, la direction de course entre en veille 24 h/24. On a la main sur le tracker, on vérifie la position des bateaux toutes les demi-heures. Quand on a un doute, on affine à 1 minute. Il y a toujours quelqu'un de quart au sein de l'organisation de course, des équipes techniques ou des services de secours, les trois instances principales.
C'est à l'organisation de course de graduer la gestion de crise sur différents niveaux. Dans la majorité des cas, c'est une gestion entre le marin, l'équipe et le directeur de course. Par exemple, on s'aperçoit que le skipper va moins vite, on prend contact et il nous explique qu'il effectue une réparation en mer. Personne ne le sait, tout se passe bien et la course reprend son cours.
Dans une deuxième mesure, on a le cas où l'intégrité du bateau pourrait être touchée. Le marin doit-il faire escale ou pas ? On élargit la cellule de crise. On prévient la famille, on adapte la communication. Certains veulent rester sous couvert du secret, d'autres préfèrent dire un mot de suite. Techniquement, on surveille l'aspect sécuritaire de la manœuvre.
Enfin, lorsque la balise a été déclenchée, on passe à un stade supérieur. On est en relation avec l'équipe technique, le marin et les secours. On ferme toutes les portes et on peut faire appel à des experts supplémentaires, comme un météorologue, pour avoir des infos sur la mer, les vagues…
On est en lien permanent avec les coureurs. Ils ont les numéros dans leur téléphone, des visuels dans les bidons de survie et sur la table à carte avec tous les contacts nécessaires pour nous joindre en cas de problème. Avant, il n'y avait que l'iridium, aujourd'hui, on peut communiquer par WhatsApp avec toute la flotte professionnelle. Ça génère moins de stress sur la capacité à les joindre. S'il ne répond pas, mais qu'on voit que le message est lu, on se pose moins de questions qu'avant.
Sur la Route du Rhum Destination Guadeloupe, il n'y a pas de vacations de sécurité comme c'est le cas sur la Solitaire du Figaro, deux fois par jour. La seule communication qu'on a avec les marins c'est lors de problèmes. Lors de leurs vacations – qui sont organisées par le service communication – on prête l'oreille pour obtenir des informations sur la manière dont ils vont. Ça peut nous alerter sur certains problèmes potentiels.
Après l'arrivée, c'est enfin le repos pour la direction de course ?
Après la course, on fait un bilan à chaud avec les autorités pour figer les choses qui ont fonctionné et inversement. Ça nous permet d'avoir une base pour la prochaine course, quelle que soit la direction. C'est important de faire ce travail.
Ensuite, on a la remise des prix au Nautic de Paris, qui signe la fin d'un cycle et le début d'un nouveau. On finalise le Retex (retour d'expérience) environ 3 mois après l'arrivée avec la Préfecture Maritime. En mars 2023, on réalisera un bilan des faits que l'on partagera puis ensuite on rentre dans une période de sommeil d'environ un an avant de redémarrer le protocole au printemps suivant.