Ces jeunes résidentes de l'Eure n'avaient jamais fait de voile auparavant. Tout au plus avaient-elles emprunté des ferries entre deux îles, ou effectué quelques ronds dans l'eau sur un petit bateau à moteur pour aller se baigner… Toutes les deux ont sauté de joie quand elles ont su qu'elles allaient monter à bord d'un voilier !
Qu'est-ce qui vous a plu dans cette idée de stage de voile ?
Brunehidle : Être sur la mer, c'est un truc que j'aime bien… depuis que je n'ai plus mal au cœur ! On est au grand air, et pas dans un brouillard de pollution…Et puis, en mer, il n'y a pas trop de monde, on a l'impression d'être plus seul qu'ailleurs. Et aussi, je n'avais jamais essayé le fun boat, alors j'avais envie de le découvrir ! Mon père aussi nous avait bien donné envie d'essayer la voile avec tous ses bons souvenirs qu'il nous avait racontés. Il a fait de la voile quand il était plus jeune. En fait, pour moi, c'était un peu aussi l'aventure de naviguer ! Mais ça ne m'a pas du tout angoissé de savoir que j'allais le faire.
Lou Salomé : J'étais contente, excitée, impatiente que les vacances arrivent. Je me disais que quand je saurai faire du bateau, quand je serai plus grande, je pourrai peut-être en faire avec ma famille. Ça me disait bien d'essayer. Dans les films, on voit la beauté des bateaux, des manœuvres… Et les grands bateaux à voile, ça m'impressionne parce qu'ils sont grands, bien sûr, mais aussi parce qu'on doit avoir beaucoup d'adresse pour les faire naviguer, non ?
C'est vrai que j'étais un peu stressée quand on m'a inscrite au stage : je me demandais avec quel genre de personnes on serait. Et comment ça se passerait s'il y avait beaucoup de vent, d'énormes vagues, si elles nous emmèneraient au large…
Comment s'est passée votre arrivée à l'école de voile le premier jour ?
Brunehilde : On nous avait demandé de venir en maillot et avec lunettes de soleil, casquette, coupe-vent, chaussures d'eau. Et au centre, on nous a prêté une combinaison. Pas très facile à mettre ! Ensuite, on a enfilé un gilet de sauvetage. J'en avais déjà mis, mais celui-là était un peu différent : il était plus haut sur le buste, je crois. On est toujours mieux sans, de toute façon… mais c'est obligatoire ! Moi, je pensais qu'on serait plus équipé pour faire de la voile.
Lou Salomé : On nous avait aussi dit de mettre de la crème solaire avant de venir pour nous protéger. Et d'enfiler un maillot de bain une pièce pour les filles, je ne sais pas pourquoi en fait. Et pas de basket, parce que pour marcher dans l'eau de mer et le sable… Et les bottes, ça n'aurait pas été très pratique non plus ! La combi, c'était la première fois que j'en mettais une. C'est une matière étrange, mais c'est assez agréable... et puis ça m'a rassurée de la mettre parce qu'au large, je me suis dit qu'il pourrait faire froid. Entre elle et le gilet, on nous a dit d'enfiler notre Kway, pour couper le vent. Avec tout ça sur moi, j'avais un peu de mal à bouger les bras au début ! Mais j'étais aussi bien excitée de porter autant d'équipement sur moi !
Et le premier contact avec le moniteur… sympa ?
Brunehilde : Moi je l'ai trouvé détendu Hugo. Et son assistante aussi. Ils étaient assez jeunes. Et ça m'a plu : plus âgés, ils m'auraient intimidée ! Il a tout de suite parlé de la navigation : comment avancer, virer de bord, se positionner sur le bateau, louvoyer, éviter de dessaler… en nous l'expliquant clairement. Ça paraissait simple ! Et puis il nous a montré tout ça sur le bateau. Il nous a aussi parlé de la sécurité, mais sans en faire trop non plus… De toute façon, moi, je me sentais en sécurité, alors ! Il ne nous a pas donné de programme établi, et j'ai trouvé ça bien : comme ça, on n'a pas eu de pression, on ne devait pas absolument savoir faire ça ou ça… avant telle date ! Et puis Hugo a été sympa : quand on oubliait des trucs comme une casquette, il ne se fâchait pas.
Lou Salomé : Quand je suis arrivée à l'école de voile, ça m'a fait un peu penser à une cour de récré. Je ne savais pas très bien ce qu'il fallait faire. Ce qui est sûr, c'est que j'étais impatiente de connaître nos moniteurs. Je me demandais bien ce qu'ils allaient nous faire faire et comment ils seraient… s'ils seraient tolérants, par exemple ! Quand je les ai vus, ils m'ont semblé assez sympas. Assez jeunes aussi… Je m'attendais, c'est vrai, à des moniteurs plus vieux. Mais ça ne m'a pas gêné qu'ils soient comme ça. C'est juste que quand on est plus vieux, on a plus d'expériences, non ? Hugo s'est d'abord présenté. Et puis, il nous a demandé de bien écouter : il nous a dit ce qu'il fallait éviter de faire, comme sauter à l'eau pour nager, ou jouer avec les bateaux, ou les laisser partir au bout du monde tout seuls quand on a dessalé ! Il nous a aussi dit ce qu'il fallait faire, et comment. Je me rappelle bien ses conseils sur le vent et son sens. Après le premier cours, moi, j'étais super contente et impatiente de recommencer le lendemain. Ce qui m'a impressionnée, c'est le nombre de moniteurs qu'on avait pour nous surveiller… dès qu'on dépassait les limites. Ah oui, parce qu'il nous avait donner des limites pour qu'on n'aille pas trop au large et qu'on reste un peu en groupe… Je me souviens qu'on a frôlé et qu'on est même rentré dans d'autres bateaux, sans le vouloir bien sûr. Mais c'était amusant.
Le bateau, le Fun Boat, était-il à votre goût ?!
Brunehilde : Je l'avais imaginé un peu plus grand, mais ça ne m'a pas gêné qu'il soit finalement petit. Et puis, je crois qu'il était bien pour notre niveau de débutantes. En fait, j'avais surtout hâte de monter dessus ! On était deux ou trois par bateau : c'est l'assistante de Hugo qui les mettait à l'eau… et on nous on montait à bord
Lou Salomé : Je m'attendais à un bateau beaucoup plus grand, à vrai dire ! J'en avais vu juste avant dans la cour du centre, des plus longs. Mais ça a été très bien qu'ils soient petits, parce que ça m'a bien rassurée ! Tout jaunes et sans foc… pour que ce soit plus facile à manœuvrer. Tout petits aussi. D'ailleurs, je me suis demandée s'il y aurait assez de place pour un duo ou un trio.
Qu'avez-vous préféré pendant ce stage ?
Brunehilde : Le mieux, c'est quand il y a du vent ! Sinon on n'avance pas… Quand ça allait à deux à l'heure… bof bof ! On essayait bien de virer de bord pour prendre le vent dans l'autre sens, mais ça ne marchait pas, et on n'arrivait pas à prendre de la vitesse pour justement bien virer de bord. En fait, je croyais que même sans ou moins vent on pouvait avancer un peu quand même ! Quand ça va vite, ce qui me plaît c'est la vitesse bien sûr, mais aussi qu'on doit s'occuper de plus de choses à la fois : le safran, la barre, les cordages à reprendre et à lâcher, et faire attention à ne pas dessaler aussi ! Et puis, faire du bateau avec des coéquipiers, j'ai trouvé ça sympa : tu peux parler, tu peux te faire expliquer… et aussi plus facilement redresser le bateau si on dessale ! Les manœuvres, les faire toute seule, ça ne m'aurait pas dérangé… Mais je crois que je m'ennuierai à la fin d'être en solo sur le bateau. Barrer, ca m'a bien plu : je n'avais jamais manipulé ça. J'ai trouvé ça plutôt facile en fait. Tu dois juste tourner à l'inverse de là où tu veux aller… On s'y habitue vite. Mais je crois que je préfère tenir les écoutes parce qu'en contrôlant la voile, on contrôle la vitesse. En fait, j'aime bien l'idée de pouvoir contrôler le bateau. Je fais de l'équitation et le cheval, même si on sait bien le mener, eh bien, il peut décider de faire autre chose que ce que je veux moi ! Sur un bateau, si tu veux le faire avancer, c'est toi qui décide comment y arriver… Ce qui est bien c'est que je n'ai jamais eu peur. Avec tous les moniteurs qui étaient autour de nous, impossible !
Lou Salomé : Ce qui m'a surpris vraiment ça a été de dessaler ! Hugo nous avait parlé de ça et dit comment redresser le bateau si ça nous arrivait, mais quand ça arrive vraiment… J'ai aussi été étonnée par la vitesse du bateau…. Enfin la « non vitesse » ou la toute petite vitesse du bateau quand il n'y a pas de vent ou très peu. On s'est presqu'arrêté un jour. J'avais beau bouger la barre à droite, à gauche pour le faire avancer… mais rien ! Sincèrement, je pensais que les bateaux avançaient tout le temps. Dans les films que j'avais vu avec de la navigation, ils ne s'arrêtaient jamais ! Ce qui m'a amusée aussi, c'est, après le dessalage, quand on était tous à l'eau avec nos coupe-vent et nos gilets : on pouvait à peine bouger alors pour s'agripper au bateau, ça n'était pas pratique… ! Mais le coupe-vent était efficace contre le froid et le gilet de sauvetage aussi pour flotter.
Un petit souvenir que vous n'êtes pas près d'oublier ?
Brunehilde : Avec ma sœur, on voulait aller aux toilettes… mais en pleine mer ? Alors Hugo le moniteur nous a prises sur son canot, et nous a mises à l'eau pour, bref… Mais ensuite, c'est là que ça a été drôle : pour nous remonter à bord du canot, il a dû nous soulever par les épaules du gilet de sauvetage : ma sœur et moi on s'est senties tirées vers le haut et tranquillement on s'est retrouvées dans le canot ! Il y a un autre moment qui m'a amusée : c'était quand les bateaux, le canot du moniteur et le Fun boat qui s'en allait tout seul, se sont écartés d'un coup l'un de l'autre… Et moi j'avais un pied sur chaque ! Et une autre fois encore : on fonçait vers un drapeau qu'on a finalement évité de justesse en faisant une sorte de virement de bord… c'est allé si vite tout ça !
Lou Salomé : Bien sûr, mon dessalage, ça m'a marqué… Je pense qu'on a pris trop de temps pour virer de bord, et qu'avec le vent, notre poids du même côté… Bref, moi je prenais tout mon temps pour passer de l'autre côté… parce que je ne savais pas qu'on dessalait ! En fait, j'ai été surprise qu'il se passe presque doucement ce dessalage : le bateau a mis au moins 3 ou 4 secondes à se renverser. D'ailleurs, j'ai eu le temps de le voir chavirer... Une fois qu'il a été couché, j'ai été soulagée aussi de voir une bouée en haut du mat, mise là pour que le Fun boat ne puisse pas faire un tour complet dans l'eau ! Bien sûr, j'ai eu peur au moment où j'ai compris ce qui se passait : avant je stressais rien qu'à entendre ce mot de « dessaler »! Une fois dans l'eau, je me suis dit que finalement ça n'était pas si grave de chavirer.
Avec les coéquipiers, ça s'est passé…
Lou Salomé : Naviguer à plusieurs, je ne savais pas très bien ce que ça voulait dire en fait… J'ai découvert que c'était pratique que chacun ait sa mission : les cordages, la barre… Et c'est plus marrant surtout quand la coéquipière est sympa, qu'elle coopère, qu'on alterne les rôles. Mais c'est aussi plus difficile à gérer quand on est plusieurs : un jour par exemple, on voulait toutes prendre la barre ! Il y a des coéquipières qui se sont vraiment énervées ou qui se sont prises pour la cheffe… Quand on allait vraiment très très vite, et que j'étais à la barre, je crois que les autres qui ne contrôlaient rien, stressaient un peu ! C'est vrai, j'ai trouvé ça très intéressant de barrer pour expérimenter comment on peut prendre le vent dans la voile, et comment on peut se diriger. Serrer, lâcher, serrer, lâcher l'écoute, ça me dit moins. Dernière chose : en fait, je ne m'attendais pas du tout à naviguer tout de suite, je pensais qu'on allait avoir des cours, de la théorie avant et que ça allait durer longtemps avant de pouvoir embarquer. Ca m'a bien plu d'être dès le premier jour en mer.
Voudriez-vous refaire un stage de voile ?
Brunehilde : Oui, mais peut-être sur un bateau un peu plus grand et avec de nouveaux coéquipiers pour voir ce que ça fait de changer de compagnons ?
Lou Salomé : Moi aussi, sur un plus grand bateau, un catamaran peut-être ? J'en ai fait le dernier jour du stage, mais il n'y avait pas de vent. Sur un plus grand on a plus de choses à faire, et plus de place pour bouger plus vite… on doit avoir moins de risque de dessaler, non ? J'aimerais aussi pouvoir expérimenter par moi-même et avoir un coup de main du moniteur juste quand j'en ai besoin. Et puis, pourquoi pas essayer de naviguer sur un grand monocoque où on peut dormir ?