Un bateau vite gréé
Le Kaori 550 est un bateau transportable. Cela fait partie de son charme. Il est ainsi possible de choisir son plan d'eau. Pour nos essais, c'est à Pornic que le constructeur Flavien Gaulard nous avait donné rendez-vous. Accompagné de l'architecte Gildas Plessis, nous les retrouvons à pied d'œuvre pour préparer le bateau sur sa remorque. La simplicité du plan de pont sans chariot et du gréement à barres de flèche poussantes , sans pataras ni bastaques, rendent l'opération assez simple. Les deux safrans standards trouvent leur place en 2 minutes sur le tableau arrière. Un simple écrou les relie à la barre franche. S'il nous faut 45 minutes en discutant, le constructeur indique que la préparation du bateau à 2 personnes habituées nécessite environ 30 minutes.
Attention au plan anti-dérive !
Pur voilier, ce premier Kaori 550 ne dispose pas de moteur hors-bord. Le constructeur réfléchit néanmoins à une chaise en option. Nous partons donc de la cale équipés de nos voiles et de 2 pagaies. Le peu d'eau ne nous permet pas de descendre notre dérive immédiatement. Avec plus de 15 nœuds établis, la punition est immédiate, le vent nous plaque au quai. Avec seulement 20 centimètres de tirant d'eau dérive haute, le bateau est une savonnette, incontrôlable à la pagaie. Une fois déhalés pour pouvoir baisser la dérive, nous voici finalement partis sous foc seul en restant parfaitement manœuvrant. Nous quittons le vieux-port de Pornic pour gagner la baie.
De belles vitesses moyennes au près dans le clapot
Nous décidons de remonter vers le fond de la baie pour tester les performances du bateau au près. Le clapot est court, avec un vent de terre de 15 à 18 nœuds. Notre étrave de scow tape un peu dans la mer mais nous protège bien, dans des conditions où de nombreux bateaux de même taille se seraient avérés bien humides.
Pour le constructeur, il s'agit de la première navigation dans de telles conditions, les sorties précédentes s'étant avérées plutôt pétoleuses… Les vitesses moyennes atteintes sont plaisantes, autour de 6 nœuds, sans trop s'arrêter dans le clapot. Quelques défauts sur le positionnement de l'accastillage, qui seront corrigés sur les prochaines unités, ne facilitent pas le virement et les réglages de la grand-voile.
Bien calé à la barre, la position est très agréable, avec la barre dans une main et un taquet d'écoute de grand-voile toujours à proximité. Une fois trouvée la bonne gite, il s'agit de la garder pour maintenir une vitesse constante.
Un carène qui ne demande qu'à planer
Il est temps de tester les allures portantes. L'absence de spi asymétrique sur bout dehors, prévu en option mais non encore construit, se fait cruellement sentir. Le bateau ne demande qu'à accélérer, poussé par le petit clapot de la baie de Bourgneuf. En reculant le poids des équipiers au maximum et en s'assurant qu'un foc surbordé n'écrase pas trop le nez du bateau, nous réussissons à prendre quelques surfs. Le bateau ne dépasse malheureusement pas les 8,5 nœuds. Nul doute qu'avec une voile de portant, les vitesses à deux chiffres peuvent être accrochés par le Kaori 550 qui ne pèse que 450 kg. Les améliorations prévues sur le réglage de hale-bas devraient également permettre de gagner en performance.
Le plaisir de l'échouage
Si tirer de longs bords est un plaisir, la manœuvre à la voile en est un autre sur ce type de petites unités. Nous remontons donc le chenal du port de Pornic et confirmons les capacités de ce petit voilier qui se manœuvre « comme une mobilette ». Il est temps de s'approcher de la plage pour une petite escale. Nous réduisons la vitesse en affalant la grand-voile. Les safrans se remontent comme sur un dériveur de plus petite taille. Le Kaori 550 échoue simplement, rappelant sa vocation de voilier de raid, pour une pause sur la plage qui n'a rien à envier aux longs bords précédents !