Le lac de Guerlédan, situé en Centre Bretagne, est un lac dont la forme est assez surprenante. Lorsqu'on le regarde depuis le ciel, l'impression qui ressort est celle d'un fleuve cataractique qui aurait gonflé bien plus que de raison. C'est d'ailleurs ainsi que s'est créé ce lac artificiel mis en service en 1929. Il ne retient pas moins de 51 millions de mètres cubes d'eau.
Il était, à sa mise en service, le barrage de type béton poids le plus haut d'Europe, utilisé en premier lieu comme moyen de production hydroélectrique.
"Dès le début, le barrage de Guerlédan a été pensé comme un élément touristique" nous explique Alexis le Priellec. Le Directeur de l'Office du Tourisme Bretagne Centre continue "Il a été envisagé de créer une route de crête à l'instar du barrage sur la Rance, à Dinard. Mais EDF n'a pas voulu de cette mise en place, qui aurait nécessité de déplacer certains équipements de fonctionnement du barrage. Et cette route aurait eu un coût, aussi, que personne ne pouvait absorber alors." précise-t-il.
Noyage de toute une vallée pour une construction historique
A sa mise en place, le barrage qui fera le lac a nécessité d'inonder une vallée entière et de noyer pas moins de 18 écluses et autant de maisons éclusières. "La région était productrice d'ardoise et plusieurs carrières ardoisières ont été inondées lors de la mise en place du barrage. Ce fut alors une révolution tant écologique qu'économique pour la région" explique le directeur. "Ce fut aussi la rupture définitive de la canalisation de la Bretagne intérieure. On peut dire que, depuis 1929, plus aucune péniche ne peut traverser la région."
Pour l'histoire, il faut noter que les travaux du barrage ont été en grande partie financés par la ville de Lorient qui, en contrepartie, a obtenu rapidement l'électricité. Et c'est cette électrification massive qui fera de la ville aux cinq ports un des plus importants points de présence nazi en France au cours de la seconde guerre mondiale.
Enfin, "pour pouvoir contenir les crues du Blavet, le niveau d'eau du barrage est abaissé de 2,50 mètres chaque automne" explique Alexis.
Des activités pour tous les goûts, sur l'eau comme en dehors
"Ici, impossible de s'ennuyer" explique notre guide. En effet, les activités ne manquent pas en centre Bretagne. Avec la possibilité de pratiquer l'escalade, la pêche, le canoë, le voilier, le ski nautique, la bouée tractée, la baignade, le kayak, le VTT, la randonnée ou encore la course d'orientation, le tir à l'arc et l'équitation, l'offre touristique est extrêmement large, encadrée par la base départementale de plein air de Guerlédan.
"La profondeur du plan d'eau [NDLR : 40 mètres au pied du barrage] permet de capturer des espèces assez rares telles que le brochet ou le sandre" explique le directeur.
Sur les bords du lac, le patrimoine ne manque pas. "Il faut absolument visiter le musée de l'électricité à Saint-Aignan qui, en relation avec le barrage, explique l'intérêt patrimonial de cet édifice classé à l'inventaire des monuments historiques. L'abbaye cistercienne de Beauport attire plus de 120 000 visiteurs chaque année, elle est un havre de paix pour celles et ceux qui ont envie ou besoin de calme. Enfin, les cyclistes seront ravis d'apprendre que le lac fait partie de la vélodyssée, un itinéraire cyclable qui relie Roscoff (Finistère) à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques)" nous explique Alexis.
Réouverture de la navigation au travers de la Bretagne en projet
"Pour autant, le lac de Guerlédan est loin d'être endormi sur son attrait touristique" explique le directeur. "Les projets, grands comme petits ne manquent pas. L'arrivée du tour de France à Mûr-de-Bretagne offre une exposition du site que nous exploitons pour les mettre en place. Nous allons installer la passerelle himalayenne la plus longue du monde (500 mètres). En grand projet aussi, la réouverture à la navigation traversante par la création d'un ascenseur à bateau à l'image de celui de Falkirk en Ecosse qui permettra de traverser, comme c'était le cas avant le barrage, la Bretagne intérieure par ses canaux".
Le lac est, d'ailleurs, d'ores et déjà prêt à accueillir les plaisanciers qui viendront y naviguer pour rallier l'Atlantique à la Manche. "Nous avons quatre cales de mise à l'eau et trois zones de pontons. Deux de 15 places (au club de ski nautique et à Sordan) et une de 35 places, à Beaurivage. Le camping dispose de son propre ponton" explique le Comité du Tourisme.
Laisser place pour l'utilisation quotidienne
"C'est volontairement que les pontons sont, pour le moment, dénués d'eau et d'électricité. Nous ne voulons pas créer une zone de bateaux ventouse amarrés tout l'été comme ça peut être le cas avec d'autres usagers [NDLR : les camping-cars], ce qui n'empêche que les pontons sont entretenus et utilisables quel que soit le niveau d'eau du lac." précise le responsable.
"Du reste, l'utilisation du lac pour la navigation se fait principalement à la journée, peu de personnes restent à bord la nuit" continue-t-il.
A noter, les pontons sont tous - sauf ceux du terrain de camping - accessibles 12 mois sur 12, sauf en cas de vidange du lac en deçà des niveaux courants. "Dans ce cas, les plaisanciers sont alertés par des affiches".
Accessibles elles aussi toute l'année, les cales de mise à l'eau sont toutes en ligne droite et ne demandent pas de manœuvres compliquées. Une des cales a été rénovée lors de la vidange de 2015 et permet la mise à l'eau quel que soit le niveau du lac, jusqu'à une sonde négative de 13 mètres.
Un lac pour la navigation au calme
"Le lac de Guerlédan est pensé pour ceux qui veulent de la navigation au calme" explique Alexis le Priellec. "Pas de veille VHF, mais la plage de Beaurivage est surveillée en saison, pour garantir que chacun sera en sécurité."
"Personne ne vient sur le lac ou même sur les plages pour faire la fête. Si la fréquentation est familiale, quelques groupes de jeunes viennent en été, mais tout reste très bon enfant, même tard le soir" développe-t-il. À propos de soirée, la navigation n'est permise que du lever au coucher du soleil. Le jour tombé, tous les bateaux doivent être de retour aux pontons.
Quelques règles de prudence sont à rappeler néanmoins : "Le lac est une zone d'écopage pour les canadairs. Cette zone est signalisée, de même que l'ensemble des écueils ou zones de baignade ou d'utilisation spécifique [NDLR : ski nautique ou bouée tractée]. La vitesse est limitée à 25 km/h sur l'ensemble du plan d'eau et il y a de fréquents contrôles" alerte le responsable.
Parole de guide
Habitué du lac, Alexis a sans doute des endroits favoris. "Pour ce qui a trait au nautisme, Beaurivage a ma faveur. C'est une jolie plage et un environnement préservé et calme qui propose des pontons, une cale et une plage. Tout y est rassemblé pour les plaisanciers" nous explique-t-il.
"Pour prendre du poisson, je recommande Trégnanton où se cachent des sandres."
"Enfin, pour passer une super journée, je recommande d'aller faire un tour sur l'eau en pédalos en fin de matinée pour se mettre en appétit. Aller prendre le déjeuner à l'embarcadère pour profiter de la vue panoramique sur le lac. Pour la digestion, une croisière sur le lac sur une des vedettes de Guerlédan et, en fin d'après-midi, une session de ski nautique avec le SNCG. Toute la famille, petits comme grands, gardera un excellent souvenir de cette journée en centre Bretagne !"
En conclusion, le guide nous livre un émouvant souvenir. "Je suis passionné par l'histoire locale et j'ai eu la chance d'assister à la vidange de 2015. Je me suis promené sur les traces du passé vers l'échelle d'écluses de Trégnanton, j'ai pu voir de mes yeux ce qui se cache sous l'eau. C'est très émouvant d'avoir retrouvé des morceaux de la vie du début du siècle dernier".