Un pot au noir bien avant l'heure
Depuis maintenant bientôt 10 jours, les concurrents de la Jacques Vabre 2021 tentent de s'extraire des conditions de molle qui planent sur le parcours. Après une première nuit tonique pour tous, il a fallu affronter le dévent. Un début de course particulièrement incongru, surtout en cette période automnale. C'est ainsi que les côtes bretonnes ont été renommées par de nombreux skippers le "Pot au Noir breton".
À la recherche du souffle de vent en Class40 et IMOCA
Si les Ultimes, bientôt arrivés à leur waypoint au sud du Brésil après un pot au noir plutôt calme, retrouvent aujourd'hui le vent, tout comme les derniers Class40 évoluant au large des côtes marocaines, le reste de la flotte doit prendre son mal en patience. Les premiers Class40 et la quasi-totalité de la flotte IMOCA tentent de trouver le moindre souffle d'air pour avancer, en longeant les côtes de la Mauritanie. En Class40, les conditions météo du début de course n'étaient pas à l'avantage des scows, derniers design mis à l'eau – même si l'on retrouve en tête l'un des grands favoris, Redman (plan Manuard et donc à étrave arrondie), mené par Antoine Carpentier et Pablo Santurde Del Arco. Si le classement de tête est majoritairement mené par les derniers nez ronds mis à l'eau, l'on retrouve quand même certains bateaux plus vieux comme La Manche #Evidencenautique (Nicolas Jossier/Alexis Loison), Lamotte Module Création (Luke Berry/Achille Nebout) ou encore le tenant du titre, Crédit Mutuel (Ian Lipinski/Julien Pulvé), en 7e position.
Un groupe de 6 leaders en IMOCA
Le groupe de tête en IMOCA – composé de 6 bateaux foilers et mené par Thomas Ruyant (LinkedOut) – profite de conditions plus clémentes à proximité du Cap Vert. Si Charlie Dalin et Paul Meilhat (Apivia) ont longtemps dominé le classement, c'est désormais leur sistership qui prend les rênes. À noter la présence dans ce petit groupe d'Initiatives-Cœur, un bateau à dérive transformé en foiler mais qui tient la dragée haute à ses concurrents beaucoup plus récents. Dans cette classe, on note deux abandons, tous deux pour les mêmes raisons, démâtage – Bureau Vallée 3 assez rapidement après le départ et 11th Hour Racing Team Alaka'i il y a quelques jours.
Deux groupes en Ocean Fifty
En Ocean Fifty, la flotte est scindée en deux, et tous sont désormais dans le Pot-au-Noir. On trouve en tête Primonial (Sébastien Rogues/Matthieu Souben), Koesio (Erwan Le Roux/Xavier Macaire), qui a longtemps pris la place de leader et Solidaires en Peloton – Arsep (Thibaut Vauchel-Camus/Frédéric Duthil). Leyton, pourtant vainqueur du Pro Sailing Tour (qui effectue sa première Jacques Vabre) ne pointe qu'en 4e position, avec 202 milles de retard sur le premier. Enfin, Arkema 4 (Quentin Vlamynck/Lalou Roucayrol), qui avait eu de bons résultats sur le circuit des Ocean Fifty clôture le classement…
Gitana, leader incontesté
Chez les Ultims, la flotte est au complet et presqu'intègre, menée quasiment depuis le départ par les favoris, Franck Cammas et Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild). Malgré des choix stratégiques différents de ses concurrents, le reléguant un bon moment à la dernière place, Banque Populaire XI prend la 2e position, talonné par François Gabart et Tom Laperche sur SVR-Lazartigue. Les deux derniers-nés de la classe démontrent ainsi de bons potentiels de performance, même si l'on se doute que les skippers appuient un peu sur le frein pour préserver les machines. Sodebo Ultim' 3 a endommagé son foil tribord après une collision avec un OFNI et a dû s'arrêter pour réparer, ce qui lui confère ainsi la dernière place du classement, à plus de 900 milles du leader.
Une arrivée groupée ?
Au vu des conditions météo assez inédites rencontrées sur cette édition de la Jacques Vabre, est-ce que les nouveaux parcours permettront finalement aux concurrents d'arriver plus ou moins groupés ? Si les Ultimes devraient rapidement contourner leur waypoint et entamer une nouvelle partie de parcours, en remontant le long des côtes de l'Amérique du Sud en direction de la Martinique, avec 4 000 milles à parcourir pour les premiers, les Class40 sont encore loin, la flotte se répartissant entre Madère et la Mauritanie. Les premiers ont pour leur part encore 2600 milles pour rallier l'arrivée… Et avec les alizés assez faibles, la traversée risque bien d'être longue.