Interview / Paul Meilhat : Je cherche des partenaires pour le Vendée Globe 2024

Paul Meilhat © M.Horlaville-PolaRyse / disobey. / Apivia

Depuis l'arrêt de son partenariat avec SMA, Paul Meilhat est l'invité de toutes les transats en double. Il sera au départ de la Jacques Vabre 2021 avec Charlie Dalin, dernier vainqueur sur son foiler Apivia. Objectifs à long et court termes, envies, avis… Paul Meilhat se confie.

Pour commencer, pouvez-vous nous parler un peu de votre actualité, de vos envies et de vos projets ?

J'ai commencé un gros projet en 2020, que j'ai continué en 2021. Il s'agit de l'Échappée Bleue, en partenariat avec Surfrider, pour qui je suis ambassadeur depuis 10 ans. Il s'agit d'initier des enfants à la voile et de les sensibiliser à l'environnement. On a fait naviguer 200 enfants sur des stages de 10 séances de voile à proximité de leur domicile, et une dernière sur la mer. On va également emmener une centaine d'enfants de la région parisienne sur le village de la Transat Jacques Vabre. C'est un gros projet qui m'a pris beaucoup de temps et dont la Macif est également mécène.

En parallèle, je continue de chercher des partenaires pour le Vendée Globe 2024. J'ai vraiment envie d'y retourner, même si j'ai un réel objectif de performances, mais surtout d'engagement. L'aspect sportif ne représente pas 100 % du projet. Je soutiendrais forcément une cause. Ça fait 10 ans que je fais ça et c'est important pour moi de m'engager, de transmettre des valeurs et d'essayer de changer les choses. J'ai aussi accompagné Apivia (Charlie Dalin) sur toute l'année passée.

Après Samantha Davies en 2019, c'est au tour de Charlie Dalin d'être votre co-équipier sur cette Transat Jacques Vabre. Quelles sont les différences entre ces deux types de partenariat ?

Cette année, j'ai accompagné Apivia. Il y a deux ans, avec Samantha Davies, on n'avait pas forcément imaginé que ça continuerait pour le Vendée Globe. Ça s'est fait de manière assez naturelle. J'imaginais encore être sur la ligne de départ du Vendée Globe 2020. Quand j'ai vu que ça n'allait pas le faire, j'ai eu envie d'accompagner Sam. Le Vendée Globe est dans longtemps. Et j'ai vraiment envie de monter mon projet.

Y a-t-il de grosses différences de fonctionnement entre les différents skippers ?

Globalement je suis content d'être équipier sur Apivia. C'est une des équipes les plus structurées et performantes à l'heure actuelle. L'IMOCA Apivia, est géré par l'écurie Mer Concept qui fait partie du top en ce moment.

Après, chaque skipper a son fonctionnement. En double, on cherche souvent un partenaire pour la Jacques Vabre ou l'AG2R. Il y a à la fois une notion de performance mais aussi d'apprendre quelque chose et différemment en fonction des profils.

Charlie m'a appelé quelques semaines après le Vendée Globe. C'est un compétiteur et son projet est assez intéressant. L'objectif c'est de défendre le titre sur la Jacques Vabre. Dès l'arrivée du Vendée Globe, son objectif était clair et ça m'a plu.

Charlie Dalin et Paul Meilhat ©M.Horlaville-PolaRyse / disobey. / Apivia
Charlie Dalin et Paul Meilhat ©M.Horlaville-PolaRyse / disobey. / Apivia

Quels sont les forces et atouts de votre binôme ?

De vouloir gagner ! On a une philosophie proche en mer, dans le fonctionnement du bateau, avec un engagement très fort. On ne se pose pas beaucoup de questions et on y va. On a aussi des caractères différents. Charlie ne laisse rien au hasard. Il va jouer dans les détails. Il est très perfectionniste. Moi j'ai une vision plus globale. Je suis moins dans les détails, mais plus dans une philosophie générale, dans le ressenti. On est assez complémentaire. Il connait aussi extrêmement bien son bateau.

On arrive à bien appréhender ce que l'on fait. On ne se pose pas de questions avec des méthodes différentes pour aller plus vite. Charlie a ce côté très analytique et cartésien. Même si moi aussi. Nos caractères sont proches, mais différents dans les détails.

Avec votre expérience sur le circuit IMOCA, que pensez-vous d'Apivia ?

Souvent, dans les différentes générations de bateaux, il y en a toujours qui sortent du lot. Et c'est le cas d'Apivia. Il a une carène polyvalente, sensiblement la même que LinkedOut. Ce sont des bateaux assez performants. Les autres le sont aussi, mais plus typés pour certaines conditions. Ils vont très vite dans certaines allures et moins dans d'autres.

Apivia a été développé sans cesse : plan de voilure, systèmes à bord, position de ballasts. Toutes ces choses-là sont vraiment bien travaillées. Les foils aussi, on les a eus assez tôt pour le Vendée Globe 2020 et on a navigué assez tôt avec. Ils font partie de l'ancienne jauge comme 4 ou 5 bateaux de la flotte.

L'IMOCA Apivia ©M.Horlaville-PolaRyse / disobey. / Apivia
L'IMOCA Apivia ©M.Horlaville-PolaRyse / disobey. / Apivia

Contrairement à une course en solitaire, quels sont les avantages et inconvénients d'un parcours en double comme la Jacques Vabre ?

Il n'y a pas beaucoup d'inconvénients. Surtout sur ces bateaux à foils de dernière génération extrêmement sollicitant, qui demandent beaucoup d'engagements. Autant sur les bateaux à dérive, les performances en double et en solitaire sont proches. Sur les foilers, la performance est vraiment supérieure sur du double. On touche aux limites. On est obligé d'avoir quelqu'un qui règle en permanence. En solo, comment on fait pour arriver à se reposer ? En double, on peut aller plus vite. En résumé, c'est plus simple à gérer à deux que seul.

Que pensez-vous des nouveaux parcours de course ? Avantages ? Inconvénients ?

Ce qui est super c'est l'objectif d'arrivée assez proche des bateaux. Les partenaires sont contents et il n'y aura pas des bateaux qui arriveront une semaine avant les autres. Ça permet de respecter la hiérarchie des engagements des partenaires.

C'est excitant d'avoir une portion de parcours que l'on n'a jamais faite, Fernando – La Martinique. Même le parcours BrésilAntilles, on ne l'a jamais fait et pas sur ce genre de course. C'est cool.

Ça va être ma 11e transatlantique. À un moment donné, on a l'impression de faire tout le temps la même chose. La nouveauté c'est super. Et c'est aussi ça la course au large. On est content d'aller sur des terrains de jeu un peu différents. On travaille beaucoup sur la météo, avec de nombreux outils et des formations. Mais on ne peut pas savoir maintenant ce qu'il va se passer. On a l'expérience du pot au noir. On sait la difficulté et la part d'aléatoire et de chance. Ça fait partie du jeu. Tout peut se jouer sur le pot au noir, comme ailleurs.

Comment vous sentez-vous par rapport à la concurrence ?

Le plateau est un rêve. Tous les meilleurs skippers IMOCA, associés à tous les meilleurs skippers qui n'ont pas de sponsors ou qui montent un projet. Sur la Transat Jacques Vabre 2019, les bateaux récents venaient d'être mis à l'eau. Ils n'étaient pas encore fiabilisés, alors qu'ils sont au top du développement et de leur forme sur cette nouvelle édition. Il y a des bateaux plus faibles et d'autres plus rapides, avec des équipages plus forts dans les deux catégories. La compétition avec les 10 premiers va être géniale.

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