Comment la classe a-t-elle évolué et quels sont les changements architecturaux que l'on a pu voir depuis la dernière génération ?
Sur la dernière édition en 2019, les premiers scows faisaient leur apparition : le Mach 4 Banque du Léman (NDLR : plan Manuard) et le plan Raison (NDLR : Crédit Mutuel de Ian Lipinski). Ça s'est super bien passé pour Ian Lipinski, il a gagné la course. C'était un choix très pertinent. On a pu voir que le scow était une formule adaptée.
Et depuis, ça n'a fait qu'amplifier. Il y a de plus en plus de scows, à la fois des plans Raison et des plans Manuard. Ce que l'on voit, avec la Route du Rhum 2022 en ligne de mire, qui est un accélérateur de projets, c'est qu'il y a eu pas mal de projets démarrés assez tôt avec pour objectif majeur le Rhum justement. Ils vont se servir de cette Transat Jacques Vabre pour s'étalonner avant 2022.
Sur cette nouvelle édition, on va découvrir plusieurs nouveaux bateaux, le Pogo 4, un plan Verdier, qui est un scow. Marc Lombard qui sort aussi un nouveau bateau scow, le Lift V2 et le cabinet VPLP qui sort son premier Class40 – Clack 40 – qui est aussi un scow. Il y a aussi un autre projet en Afrique du Sud, une construction Scow sur plan Bertrand (NDLR : qui a subi des dommages au transport et ne sera a priori malheureusement pas au départ).
La messe est dite. Tout le monde fait du scow. Ce sont des bateaux plus performants. Plus il y aura de scows dans la classe, plus ça va être dur de faire de bons classements avec des bateaux classiques. Certes, il y a toujours des faits de course, des choses auxquelles on ne pense pas. Ces bateaux sont de très bonnes formules pour les courses océaniques.
Est-ce qu'il y a une évolution dans les demandes des skippers ?
Probablement. On s'aperçoit que les courses sont très disputées en Class40. C'est le cas dans beaucoup de classes, mais particulièrement en Class40. La différence, elle va se jouer sur des détails, mais ça peut être la capacité à pousser la performance dans le temps. Et pour ça, il faut un certain confort à bord. Faire que le bateau ne soit pas trop dur pour l'équipage. De plus en plus de gens font ce constat. Par exemple, si on a des sièges de veille bien fichus, alors la veille active sera efficace.
Quelles sont les évolutions à venir, pour les prochaines éditions notamment ?
Il y aura surement encore des évolutions, on ne va pas s'arrêter là. On voit bien même si les nouveaux bateaux sortis cette année sont aussi des scows, ils ont leur propre identité et sont assez différents les uns des autres. Le thème du scow peut être utilisé sur plein de variations possibles. Les nouveaux bateaux qui seront des scows auront leur spécificité.
Où est-ce qu'on cherche à placer la performance ? Est-ce que l'on veut un bateau plutôt pour le portant VMG ? Est-ce qu'on identifie une condition météo qui prédomine sur les autres ? Le plus versatile ?
Toutes ces questions jamais tranchées et qui dépendent des courses auxquelles les skippers vont participer vont définir des partis-pris architecturaux.
La Transat Jacques Vabre se court en double. Comment adapter un bateau pour les différentes configurations de course : double, solitaire, équipage ?
Double ou solitaire, c'est à peu près la même problématique. Un équipage en double, c'est deux personnes en solitaire. Ça ne change pas. Les plans de pont ou les concepts sont les mêmes.
Éventuellement des tours du monde vont avoir lieu. Il va falloir réfléchir à des aménagements spécifiques, des conditions météo différentes que sur une transat Jacques Vabre ou une Route du Rhum. Si on identifie des statistiques météo différentes, ça peut valoir le coup de changer le curseur, de réfléchir à des modifications.
Avec les nouveaux parcours de la Transat Jacques Vabre, est-ce que certains dessins de carène/certaines conceptions de bateaux vont être plus avantagés que d'autres ?
Sur l'ancien parcours, il y avait un contenu de reaching assez important. C'est possible qu'il soit un peu moins important cette année. Ça serait plutôt en faveur des bateaux plus classiques, qui ont moins de pénalité au reaching. Ça rouvre peut-être un peu le jeu. Il y a moins de déficits que sur un parcours qui allait au Brésil et qui passait le pot au noir.
Parmi les forces en présence, quels sont ceux qui ont le plus d'atout ? Bateaux et skippers ?
Le niveau est assez élevé et homogène donc il y a une prime pour tous les équipages qui ont un peu d'expérience. Comme Ian Lipinski. Il a beaucoup navigué sur son bateau, les Suisses sur Banque du Léman ont beaucoup navigué, Antoine Carpentier, sur Redman, a aussi beaucoup d'expérience sur son bateau. Axel Trehin également. Ça va beaucoup compter. Ces quatre-là sortent un peu du lot. Ça va se jouer entre ceux qui ont le plus de milles à bord de leur bateau ce coup-ci.