Sébastien Simon découvre la voile jeune en famille. Après plusieurs compétitions en support olympique, il s'oriente finalement vers la course au large et intègre le circuit Figaro. Pendant 5 ans, il grimpe les échelons en remportant plusieurs compétitions, jusqu'à la Solitaire du Figaro en 2018. Il intègre ensuite le circuit IMOCA et se fait construire un IMOCA de dernière génération, un plan Juan Kouyoumdjian aux couleurs d'Arkéa-Paprec. Il prend part à son premier Vendée Globe en 2020 mais doit abandonner au large du cap de Bonne Espérance après une collision avec un OFNI. Il espère reprendre part à l'expérience en 2024.
À moins d'un mois du départ, dans quel état d'esprit es-tu ?
Le bateau est prêt. On s'est pas mal entrainé avec Yann ces derniers mois. On a fait beaucoup d'opérations avec les partenaires cet été. On a navigué plus de 40 jours avec eux. On a aussi eu l'opportunité de s'entrainer dans pas mal de conditions. Les deux courses d'avant la Jacques Vabre (NDLR : Rolex Fastnet et le Défi Azimut) se sont pas mal passées même si on n'a pas fini les courses en tête.
Quelles sont tes ambitions sur cette Transat Jacques Vabre ? Sachant que c'est ta dernière course sous les couleurs d'Arkéa Paprec ?
J'ai hâte d'y aller. Aujourd'hui, je pense qu'on peut viser un podium, même si la première place a l'air difficile à prendre. C'est une course très longue, il y a beaucoup d'opportunités et il va se passer plein de choses. Je suis plutôt optimiste et ouvert.
En quoi a consisté le dernier chantier ? Quelles ont été les optimisations ?
On n'a vraiment pas fait grande chose. On l'a remis dans le même état que pour le Vendée Globe. C'est plus de la fiabilisation parce qu'on l'utilise encore plus fort. D'une part parce qu'on le maitrise et d'autre part parce qu'on navigue en double.
On a fait des renforts au niveau de la coque comme tous les concurrents. Les bateaux rebondissent fort quand ils sautent d'un coup, et retombent fort dans les vagues. A part ce renfort depuis la fin de l'été, on n'a rien touché.
Ça fait plusieurs courses que tu cours avec Yann Eliès ? Pourquoi ce choix de co-skipper ?
Yann, je le connais depuis que je suis en Figaro. Quand je suis arrivé en 2014, il était leader de la série. J'ai du respect pour lui. J'ai suivi son parcours depuis tout jeune. Naviguer lui procure beaucoup de plaisir, en mer il est super agréable. On est un duo complémentaire, on s'entend bien. Il a envie de faire bien et moi aussi. Pourquoi pas gagner la course même s'il reste pas mal d'étapes. Il a ses qualités, moi les miennes, on est un beau duo.
Quels sont les contraintes et avantages d'un format de course en double en comparaison du solitaire ?
Il y a des avantages et des inconvénients. Le bateau va toujours vite, car il y a toujours quelqu'un sur le pont pour régler les voiles. Mais vivre à deux dans un environnement restreint et inconfortable n'est pas évident. C'est pour ça qu'il est important de naviguer un peu avant la course ensemble. Il faut trouver un terrain d'entente, ne pas s'étaler comme à la maison. Il faut aussi faire en fonction du caractère de l'autre, des envies de son équipier. Pour gagner une Transat Jacques Vabre ou faire un beau résultat, il faut d'abord bien s'entendre.
C'est plutôt un plaisir de partir en double. On connait mieux le bateau, on est plus précis dans les réglages et dans les sollicitations. Plus qu'en solitaire.
Que penses-tu des nouveaux parcours de course ? Qu'est-ce que ça va changer ?
Déjà, c'est plus long de quelques jours. Donc ce n'est pas rien. On va traverser deux fois le pot au noir, même si le 2e n'est pas si méchant que ça. On va longer les côtes brésiliennes au nord-est, vers l'Amazonie, ce qui peut sans doute amener pas mal de déchets, et donc des obstacles pour nous, bateaux rapides. Il risque d'y avoir aussi pas mal de pêcheurs. Il va falloir être vigilant, faire la course en gardant un œil dehors.
Il va y avoir des changements au niveau de la météo aussi. Ça change le parcours, on n'a jamais l'habitude de faire cette partie entre Fernando et la Martinique, même sur le Vendée Globe. C'est sympa de changer.
Comment te sens-tu face à la concurrence, aussi bien en termes personnels qu'en termes matériels (bateau) ?
Il y a quand même des bateaux qui sont là pour gagner : Charal, Apivia, LinkedOut, Bureau Vallée, 11th Hour Racing. Ce sont des bateaux performants. La concurrence est rude. Ça promet une belle transat. Après on les connait bien puisqu'on navigue avec eux au Pôle Finistère Course au Large de Port La Forêt et on a fait pas mal de courses avec eux.
Après la Transat Jacques Vabre, quels sont tes projets ?
Je cherche des partenaires pour repartir sur le Vendée Globe 2024. J'ai vraiment envie d'y retourner et sur ce bateau-là. J'ai un sentiment d'inachevé, bien que ça ait été une expérience formidable. Je tiens à racheter ce bateau après la Jacques Vabre. J'espère que tout va se débloquer, qu'on puisse rebondir ensuite.