Voyage et déboires d'une vieille fiat 600
En 1975, Tim Leatherman, tout juste diplômé en ingénierie mécanique, veut découvrir le monde. En compagnie de sa fiancée Chau, il se lance dans un road trip à travers l'Europe. Leur budget est minime. Les deux amoureux jettent leur dévolu sur une antique Fiat 600, qu'ils acquièrent à Amsterdam. Très vite, la fiabilité de la Fiat leur fait défaut, et Tim passe beaucoup de temps dans le capot moteur.
Disposant d'outils basiques et d'un couteau de poche, Tim doit régulièrement procéder à de nombreux réglages sur le vieux moteur italien. C'est alors que l'idée lui vient d'adapter une pince à son couteau de poche, afin de disposer d'un seul outil polyvalent.
Une classique start up des années 80
De retour aux Etats-Unis, Tim veut concrétiser le projet d'outil imaginé en Europe. A l'instar des big data qui ont vu le jour dans le garage de leur fondateur, Tim Leatherman ne déroge pas à la règle.
C'est dans le box de son beau-frère dans l'Oregon qu'il commence à imaginer et mettre en œuvre ses prototypes de pince. Les premiers essais sont en carton puis très vite, Tim applique son savoir-faire pour créer de toute pièce un prototype viable.
Il lui faudra trois années de travail acharné, seul, pour finaliser son projet et être en mesure de présenter son produit à des industriels. Ce premier modèle, baptisé The Original PST (Pocket Survival Tool), rassemble 13 outils différents, ne pèse que 140 grammes pour une taille d'une dizaine de centimètres.
Des débuts très compliqués
Fort de son prototype fiabilisé et de son brevet fraichement déposé, Tim Leatherman fait le tour des points de ventes susceptibles de commercialiser son outil révolutionnaire.
Les premiers retours sont catastrophiques. Les refus et fin de non-recevoir des entreprises démarchées se comptent par centaine. Tim perd confiance et ne croit plus en son projet. C'est au cours d'une partie de ping pong que Tim va rencontrer Steve Berliner, son futur associé. Steve va assister Tim dans son démarchage et leurs efforts finissent par payer. Huit ans après avoir esquissé ses premiers croquis en Europe, Tim reçoit enfin sa première commande, soit 500 pièces à destination de Cabella's, une enseigne spécialisée dans la pêche et la plaisance.
Un développement international
Puis, comme dans toutes les success stories américaines, le produit se fait connaître et les commandes commencent à tomber. 30 000 PST sont vendus la première année de commercialisation. Tim développe l'outil productif puis se dote d'un bureau d'études.
Fort de la réussite de son premier modèle, il améliore son outil pour l'adapter aux standards militaires, qui représentent un fort potentiel commercial. L'armée US est séduite et en équipe une partie de ses troupes. C'est le jackpot ! Les outils Leatherman se démocratisent et séduisent de nouveaux clients dans de nombreuses activités outdoor : plaisance, chasse, pêche et randonnée.
Désireux de maintenir un haut niveau qualitatif, la production est toujours basée dans la ville de ses débuts, à Portland dans l'Oregon. Tim emploie aujourd'hui 500 personnes, pour un chiffre d'affaires d'environ 130 millions de dollars. Plusieurs dizaines de modèles sont proposés au catalogue, avec des déclinaisons de ciseaux et ou de bracelets multifonctions.
Au même titre que son frère ennemi le couteau suisse, la pince Leatherman a été maintes fois copiée, mais jamais égalée. Le nom " Leatherman " est d'ailleurs devenu un générique pour désigner un outil multifonctions. Dans le monde de la plaisance, nombreux sont les navigateurs à utiliser un Leatherman, et à apprécier la garantie de 25 ans appliquée à chaque produit.