Un voilier 100% zéro émission
Départ de Ventimiglia, à seulement quelques kilomètres de la frontière française, arrivée à Trieste, de l'autre côté de la péninsule italienne, voisine de la Slovénie. Entre ces deux villes, un périple de plus de 1000 milles, en totale autonomie, sans brûler (à bord) aucun gramme d'énergie fossile.
Pour cela, la start-up h2boat, implantée à Gênes, a équipé son voilier d'un Energy Pack, spécialement conçu pour stocker et utiliser l'énergie produite à bord. Dans un premier temps, le système va créer l'hydrogène nécessaire au fonctionnement du moteur en électrolysant l'eau (séparation de l'hydrogène et de l'oxygène) grâce à un électrolyseur alimenté par l'électricité du bord, issue de sources renouvelables (éolien, photovoltaïque…). Puis l'hydrogène produit sera stocké dans des hydrures métalliques, comprenez une sorte d'éponge capable d'absorber l'hydrogène pour le contenir à basse pression sans avoir besoin de le refroidir, que la société italienne a fait breveter et qui offre l'avantage d'être complètement recyclable. Enfin, l'hydrogène pourra être consommé et ainsi produire l'électricité nécessaire pour faire fonctionner le matériel du bord, grâce à une pile à combustible.
D'après h2boat, ce moyen de créer de l'électricité à bord se fait dans un silence absolu et n'engendre ni vibrations, ni odeurs, ni émissions de substances polluantes, tout en étant sans danger. Dans l'éventualité d'un accident, l'hydrogène sera lentement dispersé dans l'air, sans risque de feu ou d'explosion. Rassurant ! La société italienne souhaite concevoir cinq systèmes différents, permettant de générer des puissances de 1 à 60 kW, selon les besoins du bord.
Un préprototype sur le banc d'essai
La crise sanitaire n'a pas épargné cette société italienne, qui s'est vue dans l'obligation de repousser le départ de son tour de l'Italie, en raison du retard de livraison d'éléments fondamentaux et l'impossibilité de tester correctement le préprototype. "Il y aura des tests en navigation en juillet 2021, le long de la côte ligure", nous informe néanmoins Giacomo Giuletti, responsable communication de h2boat. "Un prototype sera installé à bord. Il a une autonomie de 15h à une puissance maximale de 500W et d'environ 34h en utilisant seulement 250W uniquement pour les instruments de navigation."
Pour ce prototype, un peu plus de 400 grammes d'hydrogène pourront être produits chaque jour, stockés dans les hydrures métalliques du voilier… localisés dans la quille de ce dernier. Le fonctionnement de ce type de moteur est donc complètement autonome, puisqu'à partir d'une source d'énergie renouvelable, le système est capable d'alimenter en électricité tout le voilier, sans produire aucun composé toxique ou polluant.
Qu'en est-il des autres moteurs ?
Pour le moment, il est certain que les moteurs à hydrogène ne seront pas rois des ports dès demain. En 2021, le bon vieux moteur à combustion reste le champion toutes catégories, principalement pour une raison de prix. Cependant, le pétrole n'est pas une ressource éternelle et d'ici 150 ans, il commencera à se faire rare, d'où la nécessité de réfléchir dès à présent à des alternatives.
Pour pallier à cette future pénurie, les industriels se sont récemment lancés dans la course au moteur électrique et l'utilisent aujourd'hui comme argument marketing pour vendre leurs produits. Prudence néanmoins sur le type de batterie utilisée, car certes sur la période d'usage, le moteur électrique n'émet pas de gaz à effet de serre, mais sur sa période complète de cycle de vie (conception, usage, élimination), son impact est catastrophique tant sur la santé humaine que sur celle de la planète. En cause, les batteries au lithium, dont l'extraction est extrêmement polluante et met en danger la vie de milliers d'hommes et de femmes, mais également dont le recyclage est à ce jour trop peu avancé… menant à des batteries enterrées dans le sol et émettant des substances extrêmement toxiques.
Des initiatives toujours utiles
Le monde du nautisme n'est évidemment pas le seul à être pointé du doigt, et les émissions de gaz à effet de serre issues de la plaisance sont bien dérisoires par rapport à celles des milliers de porte-containers traversant les océans tous les ans. Il n'empêche que des initiatives comme celle de h2boat pourront ensuite être dupliquées à plus grande échelle, si elles s'avèrent positives en termes d'efficacité énergétique et de respect environnemental.