Vivre en confort et en maximum d'autonomie
Philippe Baudet est l'heureux propriétaire d'un Neel 51 hybride électrique baptisé Make Sense. Tout juste retraité, ce luxembourgeois a décidé de quitter sa vie de terrien pour vivre en autonomie et confort sur son bateau. Un projet sur lequel il a travaillé pendant 6 ans, en collaboration avec plusieurs acteurs : Boatin'France, concessionnaire officiel Neel Trimarans, un maitre d'œuvre, un motoriste et le chantier Neel.
"L'idée c'est de vivre en confort et en maximum d'autonomie. Je veux aller le moins possible dans des marinas, me brancher le moins possible, aller en liberté ou je veux, sortir du système de vie trépidante. Le projet de bateau était là depuis longtemps, mais je voulais y apporter une touche d'ingénierie, de développement, pour donner un sens à mon projet. D'où le nom que j'ai donné à mon bateau "Make Sense"" nous explique Philippe.
Des moteurs électriques hydrogénérateurs
Mû par la volonté d'accompagner les débuts de la technologie électrique, Philippe décide d'équiper son trimaran de moteurs électriques. D'abord pour le silence et pour éviter les rejets. Finalement, il y a 3 ans, il change de projet et de fournisseur.
"On parlait d'hydrogénération, pour fabriquer du courant en naviguant à la voile. Ça avait beaucoup de sens. Contrairement à une voiture électrique, ici, on utilise seulement le vent. On perd juste un peu en vitesse, mais le propre de la voile c'est aussi de prendre son temps" détaille Philippe.
Il choisit donc d'équiper son bateau avec deux moteurs avec embase OceanVolt SD15 Servoprop de 15 kW chacun. L'installation s'est faite en lien avec le chantier, en intervenant directement dans les moules pour insérer les deux embases dans deux zones monolithiques. La coque centrale a également été réaménagée pour accueillir les 16 batteries. Le bateau est ensuite sorti du chantier non motorisé pour venir y implanter les deux moteurs électriques. Le maitre d'œuvre a veillé à conserver le même devis de poids du bateau.
"Comme le bateau est assez grand, et les Servoprop limités à 15 kW, à la place du moteur diesel, j'ai installé deux moteurs légèrement angulés. Ça présente deux avantages. La redondance, si j'ai un moteur en panne, le deuxième peut prendre le relai. Et ça représente deux fois plus d'hydrogénération" explique Philippe.
Sur quelques navigations tests, le Neel 51 commence à générer de l'électricité à partir de 4 nœuds de vitesse. "À une vitesse de croisière de 8/10 nœuds, je peux recharger mon parc de batterie en 7 h."
Un générateur pour la sécurité
Pour la sécurité, le Neel 51 est néanmoins équipé d'un générateur diesel en 48 volts.
"Dans le cas où j'aurais besoin de solliciter mes moteurs, je n'aurai pas la capacité de les faire fonctionner 24 h à pleine puissance. Le générateur diesel peut prendre le relai. Ce n'est pas une innovation, mais on a réussi à faire quelque chose de cohérant et qui donne du sens. Si je devais naviguer dans une eau sans vent avec les moteurs à fond et générateurs, je consommerais deux fois moins qu'avec des moteurs thermiques actuels. Ça veut dire qu'une solution hybride offre un premier avantage : doubler l'autonomie et diviser par deux les coûts de carburant. C'est énorme. Ça à un du sens d'un point de vue écologique, confort et économique" développe Philippe.
En complément, Philippe dispose de panneaux solaires de 2000 watts. Un élément dont il pourrait se passer, mais qu'il utilise en appoint.
Un rendement optimal et des économies
"Pendant un mois, je suis resté à couple d'un autre bateau au port de La Rochelle sans me brancher à quai. Je rechargeais mon parc de batterie en 20 minutes et ça ne me coutait que 2,50 €. C'est pourtant un bateau de 50 pieds, équipé tout confort : plaque à induction, frigo américain, machine à glaçons, lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle, compresseur de plongée, dessalinisateur… Je peux vivre une semaine en autonomie au mouillage grâce à tout ce système électrique.
Il y a un véritable intérêt pour le système générateur et hybridation, mais ça doit être constitué d'une chaine d'éléments cohérents. On doit préserver et optimiser le rendement. Si je ne dépense que 2,50 € pour une semaine, c'est parce que les équipements sont en 48 volts, le générateur, le parc batterie et le moteur. Il n'y a donc pas de perte due à la transformation" détaille Philippe.
Pour encore de facilité d'utilisation, Make Sense est équipé d'un nouveau type de redresseur qui fait varier le régime du moteur en fonction de la tension que sont capables d'accepter les batteries.
"Tout est interconnecté. Ce qui a un intérêt non négligeable en termes d'utilisation. C'est transparent et automatique. Je suis sous voile, j'ai besoin du moteur, je l'allume, il puise dans les batteries, et quand les batteries sont vides, les générateurs prennent le relai" explique Philippe.
En termes de coût, ce système de propulsion induit un surcoût de 3 % par rapport à un bateau équipé d'un moteur thermique, mais avec une consommation réduite par deux.
Un pari gagné
"Pour l'instant c'est un pari gagné. Le profil de ma future vie c'est de rester au mouillage loin des zones touristiques, de profiter de mon bateau en autonomie en fabriquant mon eau et mon électricité. Quand j'aurai besoin d'énergie et que je n'aurai pas envie d'utiliser de carburant, j'irais naviguer plusieurs heures pour gagner une semaine d'autonomie sans rien dépenser.
Je vais aussi devoir fabriquer des polaires, car ce ne sont pas les mêmes que pour le vent. Il s'agit de fluides, sous l'eau, qui tient compte du courant, des vagues… Il y a beaucoup de choses à exploiter. Ça a beaucoup de sens. C'est un projet eco-friendly" conclut le propriétaire.
Le bateau va désormais rejoindre Le Havre pour une navigation test depuis La Rochelle et sera présenté en avant-première du 1er au 9 mai avant d'être proposé à la location en Corse cet été 2021.