Interview / Jean Breger, le nouveau président de France Dragon nous parle de son association de classe

Petit Jean, 1,90 m, 130kg, une barbe grise et une douceur exemplaire. Ce régatier fabuleux est aussi le président de l'association France Dragon qui regroupe ces monotype de régate tellement élégant sur l'eau. 

L'association de classe France Dragon compte une centaine de membres, majoritairement propriétaires de ce day-boat créé pendant la crise de 1929 au Danemark. En effet, au départ le Dragon était le "bateau du pauvre". Les temps ont changé. La flotte française est répartie sur tout le littoral avec 436 voiliers répertoriés. Le principal constructeur est actuellement britannique, le chantier Petticrows.

Le Dragon fut un temps une série olympique. Actuellement, les plus belles régates françaises se déroulent à Deauville, La Baule, Noirmoutier, Cannes et Saint-Tropez. En Europe, Angleterre, Allemagne, Italie et en Russie regroupent de nombreux adeptes de ce 8,90 m. On en trouve même jusqu'à Saint-Pétersbourg.

Jean, tu as été nommé Président de l'association, si je ne me trompe pas, tu étais trésorier il y a quelques années ? D'ailleurs, il faut que je t'envoie mon obole (rires)

Effectivement, j'ai été secrétaire-trésorier pendant 4 ans de 2015 à 2018. Je suis très impliqué dans la vie de l'Association France Dragon depuis une quinzaine d'années. Je suis devenu président de l'association un peu par défaut, faute d'autre candidat.

Cette année 2021 si la pandémie nous laisse naviguer, l'Association France Dragon met en place avec les flottes et les clubs, des challenges locaux pour dynamiser les activités locales.

Nous allons également mettre en place une Gazette trimestrielle pour rester en contact avec tous les membres.

Je te remercie de ne jamais utiliser l'anagramme AFD en place de l'Association France Dragon, il fait trop référence au mouvement politique Allemand [Alternative für Deutschlan, un parti extrémiste NDLR].

Raconte-nous ton amour pour la voile, tu as commencé sur un lac ?

J'ai découvert la voile à l'âge de 8 ans un jour de juillet 1961 à Sens (89). Nous naviguions sur l'Yonne : 80 m de large et 1,5 km de long. Le bateau de mes débuts fut le Mousse. En 1964, je passe au Fireball jusqu'en 1971 avec une saison en 420 pour participer au premier Championnat de France en 1965. En 1969 le lac de la Forêt d'Orient fut inauguré et devint ma base d'entraînement. La saison 1972 fut partagée entre le 485, car le chantier m'avait prêté un bateau, et le 505 ou j'étais équipier.

En 1973, je commence le Finn qui me remplira de bonheur jusqu'à mon arrivée à Béziers en 1981. Ce support m'offrit mes plus beaux résultats et satisfactions. 1981 fut le temps de l'installation de mon entreprise hélas sans navigation. En 1982 et 1983, je reprends la nav' avec un vieux Quarter, aux régates locales du Cap d'Agde. En 1984 le First Class arrive et suffira à mon bonheur jusqu'en 1998.

Quand as-tu eu le virus Dragon ?

J'ai acheté mon premier Dragon en 2000 suite aux fêtes de fin d'année passées sur l'île de Ré où je découvre une flotte de 8 bateaux. J'ai toujours eu le virus de la régate en monotypie et uniquement en monotypie… C'est l'équipage et non le bateau qui doit faire la différence.

La préparation faisant partie de la responsabilité de l'équipage.

Que signifie une régate pour toi, vouloir gagner à tout prix ?

Si je considérais que seule la victoire était  belle, il y a bien longtemps que j'aurais arrêté ! La régate est un jeu avec les autres et soi-même. Le but c'est de s'améliorer. La victoire n'est que la cerise sur le gâteau et comme je suis gourmand… Et même si j'ai eu quelques belles cerises, je peux certifier que ce ne sont pas elles qui m'ont fait prendre des kg !

La régate c'est un peu comme la vie, c'est la rencontre avec les autres et dans la régate si les autres sont aussi passionnés que moi alors là c'est top. Et il ne faut pas oublier la troisième mi-temps.

Oh oui, je connais ta devise : premier à la bouée, premier au bistrot. C'est l'esprit de la classe ?

Stricte monotypie avant tout. Lutte acharnée sur l'eau dans un bon esprit. Grande convivialité et entraide à terre. Et surtout un transfert de connaissances. À titre d'exemple la devise des Dragon de Port Camargue c'est : Plus vite ! plus vite !! Les copains d'abord !!!

Ta femme supporte cet engagement ?

Ma femme ? C'est simple sans elle… le néant ! Sans Domi, je n'aurais pas eu la famille qui me réjouit en permanence. Sans Domi je n'ai pas pu réussir dans mon entreprise. Pour me suivre à Béziers, Domi a laissé beaucoup de choses auxquelles elle tenait. Elle m'a toujours soutenu et s'est occupée presque seule de nos enfants pour me permettre de travailler et de naviguer beaucoup (c'est vrai pour les deux activités). Je ne pourrai jamais la remercier suffisamment !

En quelques mots, comment décrirais-tu, ce merveilleux jouet qu'est le Dragon ?

Le Dragon est simplement beau, avec une ergonomie confortable en régate. Il est complètement atypique. Le Dragon c'est le bateau où l'on peut presque tout régler… Il faut aimer ça, car chaque réglage est aussi un frein à main potentiel. Le Dragon, surtout à la barre, ne demande pas une condition physique d'athlète.

Le Dragon c'est l'apologie de la lenteur. Le bateau n'est pas rapide surtout au portant, donc les écarts restent toujours faibles et de ce fait la course n'est jamais finie et il y a toujours plusieurs concurrents proches avec qui se battre.

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