Quels sont les critères pour définir un bon voilier ?
Avant de parler de critères de performances, de confort ou d'habitabilité, il est important que le plaisancier définisse son programme, l'usage qu'il compte faire avec ce voilier. Pour cela il ne faut pas se mentir. Trop de plaisanciers s'imaginent traverser l'Atlantique ou naviguer avec un équipage nombreux et aguerri, alors que finalement, ils feront le plus souvent des ronds en baie avec leur femme et parfois un ami. Notoirement, les futurs acheteurs ont tendance à surestimer leur programme.
Logiquement, la bonne définition de l'usage va permettre de réduire la liste des voiliers correspondants à 2 ou 3 modèles, pas plus. Si l'on en a plus de 3, c'est que l'usage n'est pas bien clair et qu'il faut revoir sa copie.
Comment s'assurer que le voilier choisi correspond bien à notre attente ?
Chaque chantier communique avec une image marketing qu'il entretient. Il faut avant tout vérifier que ce discours marketing est bien réel. Par exemple si le terme "Performance" est associé au nom du bateau, est-ce légitime ou non ?
Pour cela la meilleure méthode reste l'échange avec des propriétaires. Certes ceux-ci risquent de vous dire qu'ils ont le "plus beau bateau du monde", mais en discutant de ses usages, sa façon de naviguer, son programme, vous allez pouvoir vous rendre compte si celui-ci va correspondre à vos attentes.
Il faut toujours garder en tête qu'un voilier reste un compromis. Le mouton à 5 pattes n'existe hélas pas. Vous ne trouverez pas un voilier qui a les performances d'un prototype tout en carbone avec l'habitabilité et les équipements d'un catamaran de croisière. C'est à vous d'ajuster les curseurs pour savoir sur quoi vous ne voulez rien lâcher et les points moins importants dans votre choix.
Il faut aussi se méfier des chiffres communiqués par les chantiers. Un bateau est un ensemble complexe et il est facile de faire dire ce que l'on veut à ces données numériques. Par exemple, on pourra indiquer qu'un voilier est très léger si l'on place le lest très profond (avec un tirant d'eau énorme). Ainsi en comparaison des poids, on dira que le voilier 1 est beaucoup plus léger que le 2. Mais à tirant d'eau comparable (et raisonnable), le 1 deviendra plus lourd… En plus les informations constructeurs peuvent être sujettes à des variantes. Si l'on veut comparer des données précises et mesurées, le plus fiable est de se référer à la base des voiliers jaugés ORC. Celle-ci est public et accessible, et certainement pas truandée.
Peut-on tout de même concilier croisière et régate ?
Il y a une ou deux décennies, les voiliers de course-croisière existaient réellement. On pense à la gamme First ou encore les Jeanneau Sun Fast, les X-Yacht ou les Grand-Soleil… Ces voiliers étaient capables de couper une ligne d'arrivée pour continuer ensuite sur un programme de croisière. Aujourd'hui le marché se spécialise de plus en plus : les voiliers de régate sont très pointus et moins polyvalents de même que les voiliers de croisière sont de plus en plus volumineux et équipés, au détriment des performances.
Chez J Composites, on essaye de continuer à être bon dans les 2 domaines. La démonstration la plus probante a été la victoire du J/112 en 2018 sur le mondial ORC avec le J/112. Ce voilier certes avec un mât carbone, un accastillage de qualité et de belles voiles, avait à l'intérieur un frigo, un four, un ballon d'eau chaude et même tous les coussins. Il ne manquait que l'avitaillement pour partir en croisière.
Cette notion de performance et d'habitabilité reste dans l'ADN d'un voilier monocoque de taille moyenne. Nous essayons de faire perdurer cette tendance avec par exemple notre nouveau J/45 qui arrive prochainement.
