Créateur de tendances
"Très modestement, j'aime créer des tendances. C'est une histoire d'attention, de choses sociétales qui n'ont rien à voir avec le bateau. C'est une sorte de feeling. On a pris la crise de 2008/2009 en pleine figure et il fallait sortir du trou.
On est dans un marché cyclique, et de nouveau on dans un trou. À un moment on va en ressortir, remonter la pente. Et pour ça, il faut se demander où on en sera dans 3 ou 4 ans. On regarde autour les changements sociétaux, les tendances, en parlant, en lisant, en regardant. Ça mettra le temps que ça mettra. C'est un passage obligé. Il faut se demander quelle sera la plaisance future avec l'intégration du développement durable en tant que passage obligé.
Quelle sera la plaisance post-Covid ? Qu'est-ce que ça amène ? C'est intéressant de se poser ces questions. On retrouve la famille, on retrouve le temps. Se balader en famille en bateau c'est incroyable, on voit de très loin l'endroit où l'on sera dans quelques heures, notamment sur un bateau à voile.
Pour concevoir un bateau, il faut le réfléchir comme une succession de moments dans la journée. Les gens ont besoin d'intimité, mais aussi de convivialité. C'est important de parler de valeurs, de mots-clés quand on dessine un bateau."
La plaisance de demain
Pour Marc Van Peteghem, il faut travailler sur deux grandes thématiques pour concevoir la plaisance de demain. D'une part sur l'accessibilité, autant financière que pratique.
"Aujourd'hui, l'achat d'un bateau est moins important que l'usage. Il faut mener toute cette réflexion-là. Faut-il vraiment aller 5 ans au Glénans pour savoir comment utiliser le vent ? Sinon, est-on obligé de faire du bateau à moteur ? Pourquoi faire du bateau à moteur ? Parce que la voile est trop compliquée ? Il faut réfléchir à la simplifier."
L'autre grand chapitre est le bateau zéro émission, pourquoi pas un bateau tout électrique. Marc a d'ailleurs cofondé une école de design en innovation durable à Nice.
"C'est tentant et pas si loin. Après tout on est sur une petite planète. Ça met en rapport un certain nombre de choses. Il va forcément falloir faire des choix, faire attention à sa consommation, apprendre une certaine sobriété. C'est une démarche très nécessaire et un très bel objectif qui doit être aussi assez ludique.
Il va falloir changer, trouver un autre avenir. Il faut être créatif, et trouver le bonheur, une nouvelle prospérité, faire les choses différentes. Ce n'est qu'une parenthèse quand on regarde la vie. On est dans une démarche d'aider les gens à trouver un futur désirable. Notre rôle c'est de passer le relai et d'aller dans ce sens-là.
J'ai beaucoup réfléchi au fait qu'il faille changer. Comment change-t-on ? On change sous deux formes : parce qu'on y est contraint ou parce qu'on a envie de changer. Einstein disait pour changer les gens, il faut changer la société et pour changer la société il faut faire changer les gens.
Le bateau peut être un moyen de faire changer les gens. Je vois très bien comment ce bateau zéro émission pourrait fonctionner, mais il faut revenir à une certaine sobriété heureuse, mais pas une certaine frustration."