Clarisse Crémer bat un nouveau record sur le Vendée Globe 2020

Olivier Blanchet #VG2020

Avec un temps de course de 87 jours, Clarisse Crémer (Banque Populaire X) devient la navigatrice en solitaire la plus rapide autour du monde en monocoque.

Clarisse Crémer vient de boucler son premier Vendée Globe ce mercredi 3 février après 87 jours 2h 24 min 25 sec de course sur l'IMOCA Banque Populaire X. Elle est la première femme de la course – elles étaient 6 au départ, mais Sam Davies et Isabelle Joschke ont abandonnés – à rallier Les Sables-d'Olonne.

Mais elle devient surtout la navigatrice en solitaire la plus rapide autour du monde en monocoque puisqu'elle bat le précédent record établi par Ellen Mac Arthur, 2e du Vendée Globe 2001 sur Kingfisher en 94 j 4 h 25 min. Quand on pense qu'elle découvrait la course au large il y a 5 ans, participant à sa première Mini Transat 2017 avant de passer sur le circuit Figaro, et se préparant depuis seulement 16 mois avant de se lancer sur ce tour du monde.

Avec de grosses conditions de vent et de mer – une houle de 5 m qui rend périlleux, voir impossible le transbordement des équipiers et l'arrivée sous voile des IMOCA dans le chenal, la navigatrice a choisi de lever le pied. Sous voilure très réduite – 3 ris et sans voile d'avant – elle gère son approche et module sa vitesse pour laisser passer le gros des conditions. C'est sous J2 qu'elle avançait doucement vers la ligne d'arrivée.

Retrouvailles avec l'équipe
Retrouvailles avec l'équipe

D'autant plus qu'elle rencontre les mêmes conditions d'arrivée que Boris Herrmann, qui rappelons-le, avait percuté un bateau de pêche alors qu'il se trouvait à 90 milles de l'arrivée.

"Ça ne va pas être facile de ralentir dans 30 nœuds donc je pense que je vais être sous 3 ris grand-voile seule et j'essaierai d'accélérer pour viser une arrivée demain après-midi. Ce n'est pas facile de prévoir une arrivée exacte, c'est un nouvel exercice !" expliquait-elle hier.

La jeune femme aura mené de longues batailles avec Romain Attanasio, Alan Roura, résistant un long moment contre la remontée d'Armel Tripon, sur son foiler L'Occitane, mais lui cédant finalement la place.

L'arrivée aux Sables d'Olonne
L'arrivée aux Sables d'Olonne

Les premiers mots de Clarisse Crémer

D'abord c'est un gros soulagement d'être là. J'étais stressé jusqu'au bout mais je suis contente d'être ici, de retrouver mon équipe, mon chéri. C'est une chance de dingue de vivre le Vendée Globe.

Je vais avoir besoin d'un petit peu de recul. C'est assez violent, dans le bon sens du terme, ce passage de la solitude à tout ce monde. J'ai vachement appris pendant cette course, ça donne envie de repartir tout de suite avec ce bateau, parce qu'avant le départ je ne savais pas bien m'en servir. C'est tellement plus sympa de savoir maitriser la bête.

C'est sûr que j'ai eu un temps de préparation un peu court et je l'ai senti la première semaine. Mais ça s'est finalement bien passé, je suis heureuse.

J'ai entendu dire que j'étais la femme la plus rapide d'un Vendée Globe mais c'est un sport mixte, il n'y a pas de classement homme/femme. C'est sûr que c'est chouette d'être la première femme à boucler la course, être une femme dans le monde de la voile c'est cool, mais encore une fois il n'y a pas de classement féminin/masculin.

Je n'ai pas souffert de la solitude mais je suis heureuse de retrouver mes proches.

En 3 mois, on vit 10 ans. C'est un accélérateur de vie. C'est vrai que j'ai le moral fluctuant, je suis un peu trop à l'écoute de mes émotions. J'ai pleuré de joie tous les jours, mais pas de désespoir.

Repartir sur un foiler ? Sur une course tu te dis parfois "plus jamais ça". Là je ne me le suis dit mais assez rarement. Je ne suis pas dégouté du Vendée Globe. J'ai appris des tonnes de trucs, j'ai vécu de bons moments. J'aurai envie de retenter l'aventure en mode plus "sport" mais c'est trop tôt.

Le chiffre de 12e c'est chouette mais ce que je regarde c'est mon parcours, mes trajectoires, mes choix météo… La manière dont j'ai géré ma course. Sur le Vendée Globe, on souhaite surtout finir, aller au bout de soi-même. Je suis heureuse de mes choix même si j'ai forcément pâti de mon manque d'expérience.

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Jacques Amédéo
Jacques Amédéo
Belle course ! Un très bon marin . Un record qui ne veut pas dire grand chose (à 20 ans d'intervalle sur des bateaux trés différents) , mais Clarisse rentre dans le le club fermé de celles qui ont bouclé le VG et de quelle façon ! Un coup de chapeau à l'équipe technique de banque Populaire qui a préparé à Clarisse un bateau aux petits oignons , on les oublie, trop souvent ceux là !
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