On aurait pu tout d'abord croire à une blague. Imaginez : un couple qui annonce assembler des bouts de kayak et des morceaux de planche à voile pour les transformer en un trimaran, le tout tracté par une demi-aile de parapente. Pour naviguer sur l'étang à côté de chez lui ? Mais non le programme de cet engin hybride est de faire le tour de l'Europe pour gagner les Mers du Nord !
En fait il faut creuser un peu sur le parcours de Florent et Léa pour découvrir leurs convictions. Ce jeune couple basé au pied des Alpes pense avant tout qu'il faut limiter la production, qu'il faut réutiliser. "Cessons de jeter et reconstruisons" serait leur mot d'ordre. Pour mettre en œuvre ces principes, ils ont réalisé un catamaran en recyclant des poubelles. C'est avec cet engin, proche du radeau qu'ils ont descendu le Rhône pour rejoindre la mer. Un trajet effectué avec un bout de voile et deux pagaie façon canoë. Mais une fois arrivé à la mer, pas possible d'aller plus loin sur cette embarcation à laquelle il manque un esprit marin.
Pourtant l'idée et l'envie d'aller naviguer sur les côtes nordiques reste forte. Mais cette navigation va nécessiter une embarcation qui doit mieux supporter la mer. Cette fois, Florent et Léa font le tour des clubs de kayak locaux et récupèrent quelques exemplaires en polyester. Quelques planches à voile complètent cette collecte. Découpés et assemblés les kayaks vont constituer une petite cabine. Une planche à voile fendue en deux formera les bras. Des bouts de flotteur pour les coques. Bref, on réfléchi, on taille on essaye, on expérimente et on croise les doigts pour que ça fonctionne…
Côté propulsion, Florent ne veut pas réutiliser la pagaie. L'expérience sur le cata-poubelle lui a montré que c'était très fatigant à la longue. Du coup, ce nouveau modèle sera un voile aviron. Avec un véritable banc de nage. Mais ce sera aussi un voilier. Pour cela Florent espère réussir à stabiliser une demi-voile de parapente tenue par 3 points sur le bateau. Et au virement de bord ? Il faudra alors établir l'autre moitié du parapente qui sera alors envoyé sur l'autre bord. Simple, non ? Tout cela est bien sûr théorique. Des essais sur le lac de Serpençon sont prévus pour valider le concept. Mais Florent ne s'interdit pas d'imaginer un mât pour stabiliser un peu tout cela.
Une fois l'engin navigable, le couple espère gagner la Méditerranée avant de remonter le canal du Midi et de se lancer à l'assaut de la mer du Nord. L'idée est de naviguer toujours à vu des côtes et de s'arrêter à terre la nuit pour dormir, l'habitabilité de leur trimaran restant ridicule, ne pouvant servir juste que pour qu'une personne se repose.
Aujourd'hui le projet est lancé. Les morceaux du puzzle sont montés à blanc. Le trimaran mesure 6,50 x 4,50 m. La voile fait 17 m2. Mais il manque de la résine et de la fibre pour les assembler. Toujours dans l'idée de recycler, Florent et Léa sont à la recherche de chutes de fibre de verre : un vieux stock d'un industriel ? Une construction qui se termine ? L'appel est lancé.