Les premiers mots de Charlie Dalin, premier du Vendée Globe 2020

Jean-Marie Liot / Alea #VG2020

Charlie Dalin (Apivia) est le premier skipper à franchir la ligne d'arrivée du Vendée Globe 2020/2021 après 80 jours, 06 heures, 15 minutes et 47 secondes. Si la victoire ne lui pas est encore acquise, voici ses premiers mots à l'arrivée.

Charlie Dalin, skipper de l'IMOCA de dernière génération Apivia est le premier a avoir franchi la ligne d'arrivée du Vendée Globe 2020/2021 après 80 jours, 06 heures, 15 minutes et 47 secondes. S'il est le premier à rallier Les Sables-d'Olonne après avoir bouclé son tour du monde, la victoire ne lui est pas acquise puisque certains de ses poursuivants, notamment Boris Herrmann et Yannick Bestaven bénéficient de temps de compensation pour le sauvetage de Kevin Escoffier.

Voici ses premiers mots après le passage de la ligne d'arrivée :

"Je suis heureux d'avoir franchi la ligne du Vendée Globe en tête. C'est une sacrée course, une sacrée aventure. C'est impressionnant de passer de seul au monde à autant de monde. Sans transition aucune. Je suis entouré d'une nuée de bateaux. C'est vraiment particulier, il n'y a pas de transition. Je savais qu'il y aurait du monde, mais je me suis fait surprendre par l'accueil.

C'est bien le Vendée Globe. Il y a plein de rebondissements. J'ai eu des hauts, des bas, et j'ai pas mal fait de bricolage. C'est une super expérience. J'ai traversé l'océan Indien, le Pacifique, j'ai franchi mon premier Cap Horn. Je me rappelle de chaque manœuvre, chaque changement de voiles, chaque empannage… ça me fatigue de refaire la liste. Si on nous disait tout ce qu'on va faire sur un Vendée Globe on se dirait qu'on ne peut pas surmonter tout ça, mais on arrive finalement à faire l'impossible.

Le plus difficile pour moi, c'est la perte de la cale de mon foil bâbord. J'ai cru que c'était fini. J'étais en tête, je vois de l'eau au niveau de l'endroit par lequel passent tous mes cordages et je me suis dit que ce n'était pas possible. Puis j'ai eu une alarme d'envahissement. Le puits de foil était plein d'eau. Mon foil bougeait dans tous les sens. J'ai perdu cette cale qui le guide. J'ai appelé mon chef de projet, c'était un moment difficile. J'ai cru que j'allais me retrouver en Nouvelle-Zélande ou en Australie, et devoir abandonner, mais j'ai passé la journée à la cape à faire de la strat, une journée entière de travail, du lever du jour au coucher de soleil.

Après il y a aussi eu la tempête dans l'océan indien. C'était vraiment costaud, assez compliqué. J'étais soulagé quand le vent est tombé. Sauf que 2 h avant que le vent tombe, j'ai perdu mon 2e aérien. J'avais perdu le premier dans la descente de l'Atlantique. J'ai cru que le sort s'acharnait sur moi.

La course a été belle, c'était une super bataille avec Thomas (Ruyant), avec Louis (Burton) à la fin, avec Yannick (Bestaven). C'est une course magique. Elle m'a changé. Je ne sais pas de quelle manière. C'est une émotion incroyable, d'une force jamais ressentie et avec un fort impact sur moi, sur ma façon de réfléchir, de penser… C'est tellement fort ce que l'on vit. C'est tellement impactant.

Je suis quelqu'un d'assez stable normalement en termes d'émotions, et le Vendée Globe est tellement fort, tellement puissant. Faire ce tour du monde, c'est tellement d'émotion, de la joie, de la tristesse. J'ai eu quelques passages à vide qui n'ont jamais duré très longtemps, mais j'ai réussi à les surmonter à chaque fois.

Pour moi, le travail est accompli en passant cette ligne d'arrivée en tête. Mais il y a une question de chrono comme sur la Figaro. Normalement sur le Vendée Globe, ça ne se passe pas comme ça, mais la montre me poursuit et le chrono est lancé jusqu'à ce que Yannick et Boris arrivent.

C'est particulier. J'espère que ça va bien se passer pour moi. On verra dans quelques heures, mais c'est normal qu'il y ait ces bonifications. Si la direction de course m'avait appelé, je l'aurais fait c'était, mais impossible pour moi, car j'aurai du naviguer face au vent. Mais je n'aurai pas hésité et c'est normal que les coureurs qui l'ont fait aient des bonifications. Mais je ne suis pas sûr que les positions aient été modifiées par les bonifs. La flotte aurait été au même endroit même s'ils n'avaient pas récupéré Kevin, mais ça fait partie du sort et des bonifs. Le principal est que j'ai franchi la ligne d'arrivée en tête et c'est génial, c'est top… C'est pour moi, le reste c'est que du bonus."

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Publié sur Yacht-Club.com

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