Vendredi 18 décembre : Ça ralentit en tête de flotte
Après des jours éprouvants, les skippers en tête de flotte peuvent enfin relâcher les tensions. Yannick Bestaven est toujours en tête, suivi désormais par Charlie Dalin. Thomas Ruyant a tenté une option nord qui n'a finalement pas marché. Il se trouve donc à la 3e place, à 139, 8 milles du leader et à 92 milles de Charlie Dalin, qui revient pleine balle sur le skipper au bateau rouge. Le trio va voir sa vitesse baisser radicalement dans les heures à venir, en raison de la molle qui stagne dans leur Est.
Les chasseurs naviguent eux aussi dans le Pacifique. Jean Le Cam (4e) et ses compagnons de route - Boris Herrmann, Damien Seguin, Benjamin Dutreux et, dans une moindre mesure Louis Burton ont gagné 110 milles en 24 heures. Le skipper de Bureau Vallée 2 a prévu d'aller s'abriter dans le dévent de l'île de Macquarie pour réparer son gréement.
Grâce au ralentissement en tête de flotte, chacun tire son bénéfice. Isabelle Joschke (MACSF) a récupéré 80 milles, Maxime Sorel (V and B - Mayenne) et le groupe qui le suit environ 60.
Samedi 19 décembre : Des avaries en folies
C'est un nouveau coup dur pour Louis Burton, privé depuis hier soir de son pilote automatique. Il doit maintenant barrer son bateau H24, ne pouvant lâcher les commandes pour se reposer ou manger. Romain Attanasio, 13e, lui, ne pouvait plus, hier, réduire la grand-voile alors qu'il surfait par 25-30 nœuds de vent en avant d'une dépression. 9h de travaux pratiques dont un limage très précis d'une petite pièce du chariot de la voile ont eu raison du pépin.
Manu Cousin se soucie de son safran qu'il avait pourtant réparé au moment de son entrée dans l'océan Indien. Des fissures viennent d'apparaître. Stéphane Le Diraison indiquait ce matin être monté sur son bout-dehors pour remplacer un bout d'enrouler cassé qui l'empêchait de rouler sa voile dans le gros temps.
Isabelle Joschke n'a pas plus que du gasoil pour faire tourner son moteur et recharger ses batteries suite à la casse de l'hydrogénérateur. Charlie Dalin, ce matin, a stoppé sa course durant 1h pour vérifier sa réparation de cale basse de foil.
Un anticyclone dans le sud de la Nouvelle-Zélande contraint la tête de flotte à naviguer non loin de la barrière des glaces dans des conditions plutôt légères, mais exigeantes : les variations du vent dictent les empannages. Et cela devrait durer plusieurs jours ! Yannick Bestaven garde les commandes 47 milles devant Charlie Dalin et 131 milles devant Thomas Ruyant.
Le groupe de chasseurs est désormais mené par Boris Herrmann maintient de belles vitesses moyennes en avant d'un front. Les écarts se resserrent au fil des heures.
Suite aux dernières images satellites, la direction de course a décidé d'abaisser 11 points GPS de 100 milles, réduisant le parcours de 24 410 à 24 354 milles.
Dimanche 20 décembre : Passage de l'antiméridien
Louis Burton entamait ce midi les réparations en haut de son mât pour réparer son rail de grand-voile et sa drisse. Il redescendait à 14h02 en ayant pu partiellement résoudre les problèmes. Il pense mouiller dans la baie de Lusitania à 500 m du rivage, dans une zone plus protégée de la mer.
Yannick Bestaven a passé l'antiméridien de 180°, ainsi, le décalage horaire se fait maintenant dans l'autre sens. De lundi, il est donc retourné à dimanche. Il devance de 130 milles Apivia et de 172 milles LinkedOut et dispose d'un angle de vent beaucoup plus favorable que ses adversaires, obligés d'aligner les empannages. La suite promet bien des tracas avec peu de vent et une navigation au près. Maitre Coq, s'il continue d'aller vite, pourrait éviter les hautes pressions et s'échapper.
Pour cette 2e partie de Vendée Globe, les 11 premiers monocoques se tiennent en seulement 800 milles et le chemin pour rejoindre le Cap Horn n'est pas bien clair.
Alan Roura va enfin dépasser le Cap Leeuwin. À 350 milles de son tableau arrière, la flotte affiche de belles vitesses moyennes en avant d'un front générant du vent de nord-ouest idéal. Pip Hare, 17e, recolle à Arnaud Boissières.
Lundi 21 décembre : Ça navigue en flotte
Jamais dans l'histoire du Vendée Globe il n'y a eu si peu d'écart à ce stade de la course : 10 bateaux en 712 milles (de Maître CoQ IV à V and B – Mayenne). Dans ces conditions météo tactiques, le Cap Horn, que les premiers pourraient atteindre le 2 ou le 3 janvier, devrait voir une ribambelle d'IMOCA se succéder au pied de son phare. Souvenez-vous : 800 milles séparaient Armel Le Cléac'h d'Alex Thomson en 2016 sur la route retour au début de l'Atlantique Sud, et au final 15 heures d'écart à l'arrivée.
En tête de flotte, on se pose la question de savoir comment se positionner par rapport à l'anticyclone qui barre la route. La seule chose certaine, c'est que cette grande masse dépourvue de vent se déplace vers la Zone d'Exclusion Antarctique, pile poil sur la route des IMOCA et devrait compresser tout ce petit monde.
Au Sud de la Nouvelle-Zélande, une dépression assez creuse générant des rafales à plus de 40 nœuds inquiète trois navigateurs. Romain Attanasio, Clarisse Crémer et désormais Louis Burton qui a perdu 400 milles suite son courageux pit-stop à Macquarie (3 montées au mât et réparations réussies) vont devoir faire le gros dos pour gérer entre mercredi et jeudi des vents de nord-est (ils seront donc au près) costauds et une mer bardée de talus.
Sébastien Destremau ne s'en sort pas de ses multiples problèmes de barre et de pilote automatique, son bateau sursautant dans des embardées imprévisibles et nerveusement infernales à vivre pour le Toulonnais.
Mardi 22 décembre : Empannages à rallonge
Dans cette configuration météorologique, la Zone d'Exclusion Antarctique ou barrière des glaces ne facilite pas du tout la navigation pour le premier "paquet " de ce 9e Vendée Globe. Tous aimeraient bien filer dans le Sud pour contourner la vaste zone de hautes pressions qui leur arrive droit dessus, mais ils n'ont tout simplement pas le droit, sécurité oblige. Maître CoQ et Apivia multiplient les empannages dans une position plus sud que LinkedOut. La nuit à venir (la journée pour eux) devrait être cruciale.
Cette zone de vents faibles et erratiques concerne les six premiers. Derrière, à partir de GROUPE Apicil rien ne devrait vraiment les arrêter, du moins la route sera moins chaotique, beaucoup plus directe avec un bon flux de nord-est pour avancer.
Maxime Sorel et Louis Burton ont eux aussi toutes les chances de recoller, tandis que pour Romain Attanasio et Clarisse Crémer, ce n'est pas du tout à l'ordre du jour. Tous deux sont concentrés sur la façon dont ils vont négocier la dépression jeudi 24 décembre.
Celui qui a gros à gagner face à cette situation peu habituelle dans le Pacifique Sud, c'est Armel Tripon sur L'Occitane en Provence. Le Nantais affiche ce jour la plus belle vitesse moyenne de la flotte : 446 milles avalés en 24h contre 257 pour Thomas Ruyant.
Le Ministre de la Mer a annoncé hier que Jean Le Cam, Jacques Caraës (Directeur de course) et Christophe Gaumont (président du Comité de course) allaient être distingués par l'ordre du mérite maritime. Jean Le Cam sera promu officier dans l'ordre du mérite maritime, Jacques Caraës et Christophe Gaumont auront le privilège d'être nommés chevaliers dans l'ordre du Mérite maritime.
Mercredi 23 décembre : Un anticyclone qui peut rabattre les cartes
Tout l'enjeu du Vendée Globe se joue autour de l'anticyclone qui contraint la tête de flotte depuis 2 jours. Le trio de tête espère s'échapper, quand plus loin, deux femmes et sept autres hommes espèrent revenir sur les leaders.
La dépression pourrait être laissée à l'arrière aux alentours du 26 décembre. En attendant, Yannick Bestaven, Charlie Dalin (90 milles en retrait) et Thomas Ruyant (à 180 milles du leader) doivent transiger avec les petits airs du moment. Le leader est censé aller chercher son nouveau vent dans la bordure d'une petite dépression qui vient de nord-ouest. Charlie Dalin et Thomas Ruyant, situés à la frange ou dans l'ouest de la zone de hautes pressions n'auraient qu'à attendre pour retrouver un nouveau vent qui viendra naturellement, puisque les phénomènes circulent d'ouest en est.
8e de son premier Vendée Globe, Isabelle Joschke signe après 45 jours une course épatante. L'enchainement des systèmes météo parait être toujours favorable à un regroupement de la flotte dans les jours à venir.
Sébastien Destremau a prévu une halte en Tasmanie. Son système de barre rafistolé n'a pas la fiabilité qu'il convient pour traverser le désert bleu entre la Nouvelle-Zélande et le Cp Horn.
Jeudi 24 décembre : Un duel de choc entre le duo de tête
La bataille fait rage entre Yannick Bestaven et Charlie Dalin. Le premier à choisi l'Est de l'anticyclone, quand le 2e est au sud et longe la zone des glaces. Les deux premiers viennent de passer sous la barre symbolique des 10 000 milles à parcourir. Thomas Ruyant fait du Nord depuis ce matin, avant de dévaler vers le Sud-Est avec le meilleur angle possible et sur le bon bord (bâbord amure) dès la nuir prochaine.
Pour les chasseurs – Boris Herrmann, Jean Le Cal, Benjamin Dutreux, Damien Seguin, Isabelle Joschke et Giancarlo Pedote, deux options sont ouvertes selon les prochaines évolutions des fichiers, mais aussi des performances de chacun des bateaux. L'Est en route directe ou le Nord ?
Grâce à des conditions propices à la vitesse, Maxime Sorel et Louis Burton profitent eux aussi du ralentissement du groupe de devant. Clarisse Crémer, Romain Attanasio et Armel Tripon sont pour leur part bloqués par une dépression.
Stéphane Le Diraison vient de dépasser la longitude de Melbourne, en Australie, endroit om il avait abandonné il y a 4 ans. Jérémie Beyou qui a dépassé Kojiro Shiraishi il y a un peu plus de 48 h est en passe de doubler Didac Costa, à la 20e place. Le skipper de Charal fonce à plus de 19 nœuds de moyennes depuis 36 h. Il pourrait, selon les fichiers météo, connaître encore 3 belles journées de vitesse.
Kojiro Shiraishi a été le 22e à franchir la longitude du Cap Leeuwin.