Les radeaux de survie sur les IMOCA du Vendée Globe
Les IMOCA qui participent au Vendée Globe ont la spécificité d'être équipés de 2 radeaux de survie (il n'y en a qu'un seul pour les autres courses et pour la plaisance)
- Un radeau de survie hauturier normé iso 9650 situé à l'intérieur du bateau soit au niveau de la zone de survie, soit dans la soute avant. Il s'agit du même radeau de survie que les plaisanciers ont l'obligation d'avoir sur leur embarcation lorsqu'ils naviguent à plus de 60 milles d'un abri.
- Un radeau de survie SOLAS pack A situé à l'extérieur du bateau qui peut être installé au niveau du cockpit ou à l'arrière du bateau. Le radeau de survie SOLAS est celui utilisé par la marine marchande. "Les IMOCA du Vendée Globe sont équipés de ce radeau, car avant 2005, il n'y avait pas de normes iso 9650 pour les radeaux de survie. La seule différence va être au niveau de la densité du tissu, ils sont plus robustes prévus notamment pour être jetés à plus de 30 mètres de haut des cargos et ils doivent être révisés tous les ans. Au niveau des équipements il n'y a pas de différence", nous confie Manuel Guedon spécialiste de la sécurité en mer.
Concernant Kevin Escoffier, son voilier s'est cassé en deux dans une vague à 27 nœuds amenant au naufrage brutal de son IMOCA PRB au sud de l'Afrique du Sud. "J'ai regardé l'étrave, elle était à 90°. En quelques secondes, il y avait de l'eau partout. L'arrière du bateau était sous l'eau et l'étrave pointait vers le ciel", témoigne Kévin Escoffier. Son IMOCA PRB était équipé d'un radeau de survie hauturier situé dans la soute avant (inaccessible). Il a donc utilisé le radeau de survie SOLAS situé à l'extérieur au niveau de son cockpit. À noter que cela s'est passé en quelques secondes et grâce aux bons gestes et sa dextérité il a réussi a atteindre son radeau de survie pour sauver sa vie...
La décision d'évacuation : attendre le dernier moment
La décision d'évacuer le bateau est toujours difficile à prendre. Et ne doit être prise que si le bateau est en train de couler, ce qui était le cas pour l'IMOCA du skipper PRB.
Les deux principales raisons qui amènent à quitter le navire sont :
- Un incendie non maitrisable
- L'envahissement par une voie d'eau qui n'est pas maîtrisable.
Bien entendu, il est préférable de rester le plus possible dans ou sur le voilier s'il venait à se retourner et que celui-ci ne coule pas.
Que faire avant de monter dans son radeau de survie
Avant de lancer le radeau de survie à l'eau, il faut d'abord s'assurer que son amarre est bien frappée sur le bateau, il faut compter une dizaine de secondes pour que le radeau se gonfle. On viendra couper l'amarre une fois à l'intérieur du bateau.
Avant de quitter le navire et si on a le temps, il faudra signaler sa détresse en indiquant sa position. C'est ce que Kevin Escoffier a fait, en déclenchant sa balise de détresse à 14h46 le lundi 30 novembre 2020 et en envoyant un message à son équipe PRB "Je coule, ce n'est pas une blague, MAY DAY".
Si la situation vous le permet, il faut également s'équiper de sa combinaison de survie et prendre votre bidon de survie (grab bag) que vous aurez préparé en amont et qui peut regrouper des éléments complémentaires à l'équipement du radeau de survie. (GPS avec pile / VHF avec pile / Iridium / Nourriture / Eau / Papier d'Identité / Médicaments spécifiques / Balise / Outils).
Concernant Kevin Escoffier, il a uniquement eu le temps de prendre sa combinaison de survie et il avait dans sa veste de quart une balise MOB AIS, ce qui a permis à Jean Le Cam de le positionner. Néanmoins, la mer étant très mouvementée, ils se sont perdus de vue et c'est notamment grâce à la flashlight disposée sur l'arceau des radeaux de survie (hauturier et Solas) que Jean Le Cam a pu le visualiser. C'est bien évidemment grâce à l'excellence de ces 2 navigateurs que le sauvetage a pu fonctionner alors que les conditions étaient extrêmes. En lui lançant la Silzig (bouée de sauvetage) au bon moment Jean Le Cam a réussi à sauver Kevin Escoffier.
Kevin Escoffier aura donc passé 11 heures dans son radeau dans une mer déchainée et on comprend pourquoi "Conserver le moral" est la priorité lorsque l'on se retrouve dans un radeau de survie