Live / Vendée Globe 2020 : PRB en difficulté, balise de détresse déclenchée dans le Grand Sud

© Jean Marie Liot/PRB #VG2020

Alors qu'il évoluait en 3e position du Vendée Globe, dans les mers du sud, Kevin Escoffier, skipper de l'IMOCA PRB a déclenché sa balise de détresse pour une voie d'eau. Les secours sont prévenus et Jean Le Cam, concurrent le plus proche s'est dérouté pour lui venir en aide.

09 h 45 - Le récit de Kevin Escoffier

"C'est surréaliste ce qui s'est passé. Le bateau s'est replié sur lui-même dans une vague à 27 nœuds. J'ai entendu un crac mais honnêtement, il n'y avait pas besoin du bruit pour comprendre. J'ai regardé l'étrave, elle était à 90°. En quelques secondes, il y avait de l'eau partout. L'arrière du bateau était sous l'eau et l'étrave pointait vers le ciel. Le bateau s'est cassé en deux en avant de la cloison de mât. Il s'est comme replié. Je vous assure, je n'exagère rien… il y avait un angle de 90° entre l'arrière et l'avant du bateau.
Je n'ai rien eu le temps de faire. J'ai juste pu envoyer un message à mon équipe « Je coule. Ce n'est pas une blague. MAYDAY ».
Entre le moment où j'étais sur le pont en train de régler les voiles et le moment où je me suis retrouvé en TPS, il s'est passé même pas deux minutes. Ça a été d'une rapidité extrême.

Je suis sorti du bateau, j'ai enfilé comme j'ai pu la TPS (combinaison de survie). J'ai vu de la fumée, l'électronique qui cramait. Tout s'éteignait. Le seul reflexe que j'ai eu a été d'attraper le téléphone pour envoyer ce message et prendre la TPS que je ne matosse jamais. J'ai voulu prendre le grab bag (sac de survie) mais je n'ai pas réussi car l'eau montait.

J'ai pris le bib (radeau de survie) à l'arrière. Le bib avant n'était pas accessible, il était déjà trois mètres en dessous de l'eau. L'eau était dans le cockpit jusqu'à la porte.

J'aurais voulu rester un peu plus longtemps à bord mais je voyais bien que tout allait très vite et puis je me suis pris une déferlante et suis parti à l'eau avec le radeau.

A ce moment-là, je n'étais pas du tout rassuré… Tu es dans un radeau avec 35 nœuds de vent. Non, ce n'est pas rassurant. J'ai seulement été rassuré quand j'ai vu Jean. Mais le problème, c'était de savoir comment faire pour monter à bord avec lui.

On s'est dit 2-3 mots. C'était Verdun sur l'eau. Il a été contraint de s'éloigner un peu puis après, j'ai vu qu'il restait sur zone. Je suis resté dans le radeau jusqu'au petit matin.

Je ne savais pas si la météo allait mollir suffisamment pour permettre une manœuvre. Il était à 2 mètres de moi, il m'a envoyé la frite avec un lien mais c'était dur d'arrêter le bateau. Finalement, j'ai réussi à attraper un tube, une barre pour monter à bord. Il y avait encore de la mer, environ 3,50 mètres. C'est une épreuve dans ces conditions de monter à bord d'un 60', d'autant plus quand tu es contraint dans tes mouvements par la TPS. Sincèrement, heureusement que je suis en forme physique car je vous assure que ce n'est pas simple.

Quand je me suis retrouvé à bord avec Jean, nous sommes tombés dans les bras l'un de l'autre. Il m'a dit « Putain, t'es à bord ! C'était chaud ! ». Et moi, je lui ai dit "Je te nique ta course, tu faisais une super course ». Il m'a répondu, « C'est pas grave, la dernière fois c'est moi qui avait mis à plat la course de Vincent".

Pour l'instant, je n'ai aucune idée pour la suite. On va voir avec la direction de course. Là, j'ai bien dormi 2 heures, me suis reposé, j'ai mangé. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour le bateau. Je l'avais renforcé, j'ai tout fait, je n'ai pas de regret par rapport à ce que j'ai fait."

03 h 57 - Jean Le Cam sauve Kevin Escoffier

Le Team PRB a été informé du sauvetage de Kevin Escoffier par Jean Le Cam, à 2h18. Et ce n'est autre que le directeur de PRB, Jean-Jacques Laurent, qui a fait passer l'information, l'homme étant aux côtés de Jacques Caraës et de la direction de course. "Il est à bord avec Jean ! On vient de le voir." En effet, Kevin Escoffier a seulement été aperçu à bord de l'IMOCA de Jean, qqui avait branché son système vidéo pendant les recherches.

Depuis 14 h 46, heure à laquelle il avait dû quitter le bord, les heures défilaient sans que l'on ai aucune nouvelles du skipper. Balloté dans son radeau de survie à la frontière avec l'océan Indien, à 600 milles dans le Sud-Ouest du cap de Bonne-Espérance.

"Nous avions renvoyé Jean sur une position reçue par le CROSS Gris Nez, position émise par la balise de détresse du bord EPIRB. La simulation de dérive de Météo France correspondait aussi à cette trace. Jean a fait route à 00h15 TU (1h15 heure française) sur notre ordre pour rejoindre ce point à vitesse réduite. Il n'a trouvé personne à la position donnée. Il a ensuite repris sa route au Sud-Est pendant trois-quarts d'heure – une heure. Alors qu'il progressait à 1,5 nœuds dans un vent de 20-25 nœuds sous voilure très réduite (3 ris dans la grand-voile et sans moteur), il a disparu de l'écran et nous l'avons entendu parler. On ne voyait plus personne. Puis, quelques minutes après 1h06 TU, soit 2h06 heure française (heure à laquelle il a dû précisément récupérer Kevin à son bord), Jean est redescendu à la table à cartes, puis nous avons vu Kevin arriver dans son dos en combinaison de survie. Ils sont apparus quelques secondes, en forme tous les deux avant que la vidéo ne coupe. Il va bien. Tout le monde va bien. Ils se remettent !" explique Jacques Caraes.

Découvrez les premiers mots de Kevin Escoffier dans la vidéo en haut de l'article. Il explique que son bateau s'est plié en deux en 4 secondes, l'étrave à 90° et qu'il a seulement eu le temps d'envoyer un texto.

23 h 20 - Le point sur la situation

Ayant prévenu son équipe à terre d'une voie d'eau à bord de PRB, Kevin Escoffier a déclenché sa balise de détresse avant de quitter son bateau. Sa position était 40°55 Sud 9°16 Est au moment de son déclenchement. Jean Le Cam, dérouté par la direction de course était le premier sur place, arrivé à 17 h, avec 3 ris dans la grand-voile pour pouvoir rester mobile dans les vents de 20 nœuds, et les creux de 5 mètres. Il a pu apercevoir le skipper revêtu de sa combinaison TPS dans son radeau de survie et échanger avec lui par VHF.

Mais le temps de faire une manoeuvre pour se rapprocher du bateau, ce dernier à perdu le contact avec le skipper de PRB dans une mer très formée, le jour tombant. Depuis, Jean Le Cam n'a pas réussi à voir le radeau de survie ni à capter l'AIS. Pour renforcer les recherches, la direction de course à dérouté 3 skippers qui naviguaient à proximité : Boris Herrmann (SeaExplorer – Yacht Club de Monaco), Yannick Bestaven (Maître-CoQ), puis Sébastien Simon (ARKEA PAPREC) pour faciliter les recherches. Jean Le Cam est en contact avec la direction de course pour partager les informations sur l'état de la mer, du vent et des courants.

Yannick Bestaven est arrivé à 21h45 sur place. Boris Hermann a du rallier la zone vers 23h. Sébastien Simon devrait les rejoindre plus tard. Tous devront respecter le protocole établi : 3 ris dans la GV et moteur déplombé. Les quatre bateaux vont se livrer à un quadrillage de la zone pour retrouver Kevin Escoffier.

L'équipe à terre a signalé que Kevin avait - outre son AIS MOB - de quoi signaler sa présence dans le radeau de survie. Le jour devrait se lever à 4h40 sur place. En attendant les recherches se poursuivent.

20 h 30 - Un nouveau skipper au secours de Kevin Escoffier

Après les skippers de Maître CoQ et Sea Explorer - Yacht Club de Monaco, c'est à un autre skipper qu'à demandé la direction de course de se dérouter. Il s'agit de Sébastien Simon, skipper de l'IMOCA Arkéa-Paprec.

19 h 15 - Deux autres skippers se déroutent

Après Jean Le Cam, se sont Yannick Bestaven à Boris Herrmann qui ont été mandatés par la direction de course pour rejoindre Kevin Escoffier, aperçu par Jean Le Cam dans son radeau de survie.

17 h 05 - Kevin Escoffier dans son radeau de survie

Jean Le Cam est sur zone et aperçoit Kevin Escoffier dans son radeau de survie. Il va déplomber son moteur pour aller récupérer le skipper de PRB. Sur le Vendée 2008/2009, après 57 jours de course, Jean Le Cam sur VM-Matériaux avait chaviré au large du Cap Horn. Ce n'était autre que le skipper de PRB de l'époque, Vincent Riou, qui était venu lui porter secours. Un juste retour à l'envoyeur ?

16 h 47 - Kevin Escoffier déclenche sa balise de détresse

Alors qu'il évoluait en 3e position sur le Vendée Globe après 22 jours de course, Kevin Escoffier (PRB) a déclenché sa balise de détresse (Mayday). Il progressait tribord amure derrière nu front dans un flux de sud-ouest soutenu. Il a prévenu son équipe à terre à 14 h 46 pour les informer qu'il avait de l'eau dans son bateau.

Pour rappel, le 11 novembre dernier, le skipper avait déjà découvert une voie d'eau à bord de son bateau, provenant d'une vanne de son foil tribord. Il avait réussi à réparer l'avarie et évacuer l'eau.

Le CROSS Gris Nez a été prévenu tout comme le MRCC Cape Town et sont en lien avec l'équipe de PRB à terre ainsi que le directeur de course, Jacques Caraës et l'équipe de la direction de la course.

Jean Le Cam – actuellement en 4e position et à moins de 20 milles du skipper, se déroute pour rejoindre la dernière position connue du bateau au moment du déclenchement de sa balise (40°55 Sud 9°18 Est). Il devrait être sur zone à 17 h.

Jean Le Cam au secours de Kevin Escoffier
Jean Le Cam au secours de Kevin Escoffier
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