Phares du Vendée Globe : Du Cap Vert au cap de Bonne Espérance

© Jean-Benoit Héron

La descente des côtes africaines se fait plus le long du littoral du Brésil que proche de l'Afrique pour les concurrents du Vendée Globe. Et pourtant, ces navigateurs franchissent des caps. Entre la tête de la flotte au sud et l'arrière-garde encore proche de l'équateur, voilà les phares qui jalonnent ce parcours autour du monde.

Et voilà, on musarde du côté du cap Bojador en se disant que le pot au noir puis l'anticyclone de Sainte-Hélène ralentiront les marins, eh bien non. Pour ceux qui sont arrivés à temps, le pot au noir a été franchi sans beaucoup de difficultés et les alizés ont été porteurs et réguliers pour l'essentiel de la flotte, à condition que les marins aient pris une route somme toute assez proche des côtes du Brésil.

Je signalerai tout de même ce phare du cap Vert qui marque l'entrée du port de Dakar parce que c'est à cette latitude que se situent les îles du Cap Vert.

Nous entrons dans les eaux où Jean Le Cam a sauvé Kevin Escoffier lors du Vendée Globe 2020. Une solidarité des gens de mer qui valait bien deux phares !

Phare du Cap Vert ou phare des Mamelles.

Le phare doit son nom de "Phare des Mamelles" à la forme conique de la colline sur laquelle il a été bâti en 1864. Ce serait aussi le phare le plus à l'Ouest de l'Afrique continentale. Si les îles du Cap Vert constituent la limite Occidentale de l'Afrique et furent longtemps tristement célèbres comme point d'embarquement des esclaves du commerce triangulaire, l'ancien port des pêcheurs lébous situé sur la presqu'île du Cap Vert, devenu comptoir portugais en 1544 en fût la base arrière.

Il faudra attendre la prise de ce comptoir par les Français en 1857 pour que l'endroit soit baptisé Dakar et s'urbanise jusqu'à devenir la capitale d'un Sénégal qui deviendra indépendant le 15 novembre 1958. Le nom de ce port viendrait d'un terme Wolof « dëk raw » signifiant la cité refuge.

Construit donc en 1864, à une altitude de 105 mètres, sa portée d'une cinquantaine de kilomètres en fait un phare puissant et constitue également un repère aux avions à l'approche de l'aéroport de Dakar. Il aurait ainsi également guidé Antoine de Saint-Exupéry ou Jean Mermoz à l'époque de l'Aéropostale !

Cabo da Boa Esperança pour les premiers !

Les premiers bateaux de la flotte du Vendée Globe 2020 ont doublé lundi 30 novembre le cap de Bonne Espérance, la pointe Sud de l'Afrique. C'est le navigateur portugais. Bartolomeu Dias qui a baptisé ce cap en 1487 : Cabo da Boa Esperança.

Envoyé en mission par son souverain, Jean II du Portugal, Bartolomeu Dias avait pour mission de descendre plus au Sud et de trouver ce passage vers les Indes. Une route qui permettrait d'éviter Constantinople tenu par les Ottomans depuis 1579. Pris dans une tempête au large de la Namibie, la flottille qu'il dirige est repoussée très au large. Après deux semaines d'errance, son équipage le contraint à faire demi-tour. Mais, remontant vers le Nord, la terre apparaît à bâbord : ils ont dérivé très à l'Est et sont passés de l'autre côté de l'Afrique. Faisant à nouveau demi-tour, ils suivent les côtes jusqu'à retrouver une route vers le Nord après avoir franchi ce cap qu'il nommera Boa Esperança (Bonne Espérance) en raison de l'espoir que cette découverte fait naître.

S'il n'était pas question à l'époque de débarquer et d'y fonder une colonie, l'anse proche de ce cap deviendra pour les Anglais et les Hollandais une halte privilégiée dès la toute fin du XVIe, ne serait-ce que pour avitailler en eau et fruits frais et ainsi soigner ou prévenir les risques de Scorbut. Cette rade abrite aujourd'hui la ville du Cap (Cape Town), en Afrique du Sud.

Compte tenu du nombre de naufrages dans ce secteur, un premier phare fut édifié en 1860 au sommet de ce cap à 249 mètres d'altitude. Trop haut dans une région souvent embrumée, il sera remplacé en 1919 par la tourelle actuelle qu'il aura fallu 5 ans pour construire.

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